jeudi 24 décembre 2009

Toujours Gracq...

Dans la course aux derniers achats de Noel, nous avons pris le temps de flâner un peu. Et au détour de la librairie / salon de thé où nous avons déjeuné, j'ai déniché deux Gracq que je ne possédais pas encore : Les eaux étroites et Carnets du grand chemin. Mon amie a elle craqué sur le Découvertes Gallimard consacré à Gauguin, à défaut de trouver une biographie du peintre.
Ayant revu il y a quelque jours la pièce filmée "Le souper", je me suis aussi procuré le Fouché de Zweig et le Talleyrand de Emmanuel de Waresquiel.

mardi 15 décembre 2009

L'oeuvre au noir



J'ai bien envie de relire ce roman de Marguerite Yourcenar et de retrouver le film d'André Delvaux, datant de 1988, avec Gian Maria Volonté dans le rôle titre.
Ce film fait partie de ceux que je considère comme de bonnes adaptations avec La passion Béatrice de Tavernier, Bouvard et Pécuchet de Verhaeghe, Mangeclous de Mizrahi ou le téléfilm Les nuits révolutionnaires de Brabant.

mardi 1 décembre 2009

L'Homme en Noir



C'est ainsi que beaucoup de gens me voient ou m'appellent. Ce n'est pas nouveau, mais c'est aujourd'hui, suite à la lecture d'un blog, que cela me frappe.
Le noir m'identifie. je ne porte plus que cette couleur de vêtement depuis plus de 15 ans maintenant. Depuis la mort de ma mère, en fait.
Les gens s'interrogent, s'amusent ou s'inquiétent parfois de ce choix. Mais je suis bel et bien "l'Homme en Noir" et cela me plait. Cela me rappelle le Veneur, ce personnage fascinant du jeu de rôle "Hurlements".

lundi 2 novembre 2009

Changements

Ce blog évolue un peu, pour refléter les changements survenus dans ma vie. Il s'agit maintenant de notre bibliothèque, car nos sommes deux à l'aménager, la compléter et à y lire.
Il est possible également que mon amie prenne la plume pour y parler d'un livre ou d'un auteur.

dimanche 1 novembre 2009

Ils sont installés






Mes livres ont rejoint leurs rayonnages. Ils tiennent compagnie à ceux de mon amie. Les romans dans la salle et les essais, les beaux livres, livres ancies et bandes dessinées dans le salon. Je n'ai laissé qu'un tiers de mes livres derrière moi, ce qui est peu, en fait.

dimanche 4 octobre 2009

La fin de l'Histoire ?

... En librairie, c'est ce que semble annoncer les éditeurs anglo-saxons d'après un article de Pierre Assouline. L'idée de publier un essai historique sans notes en bas de page et sans revue et critique des sources a de quoi faire frémir même l'apprenti historien que je suis !
Cela dit, certains de ses propos me rappellent mes réflexions lors de la soutenance de mon mémoire d'IUFM lorsque j'avais expliqué que les élèves pouvaient tout aussi bien apprendre l'histoire à travers des fictions qu'à travers le discours savant. Il est en effet arrivé le moment où il va falloir repenser l'écriture de l'histoire si l'on veut continuer à être lu.

samedi 3 octobre 2009

Petite et grande trahison

J'ai parfois l'impression de trahir les livres en ce moment. Je lis moins, pour ne pas dire pas du tout. En partie parce que je n'ai pas le temps, il est vrai. Mais aussi parce que j'en éprouve moins le besoin, voire l'envie.
Et pus il y a mes livres, restés dans mon précédent logement et dont je crois qu'ils ne pourront pas tous me suivre dans ce qui va être, qui commence à être, mon nouveau chez moi.
Pour les livres d'histoire et géographie,je vais en garder quelques uns et donner le reste au centre de documentation du lycée où je travaille, je pense.
Pour la bibliothèque fantastique, je vais la disperser chez les amis, s'ils le souhaitent.
L'immense majorité des bandes dessinées resteront où elles sont, pour mes enfants maintenant ou plus tard.
Rete la bibliothèque classique et de policiers : pour elles, j'aimerai trouver une solution.

dimanche 20 septembre 2009

Quelques extraits

Voici quelques passages de "La conversation amoureuse" que je trouve intéressants ou qui me correspondent :

- "Il n'y avait pas de grand jeu, d'effort et de simagrées, il était tout unimement lui-même, sans se faire valoir, sans pavoiser, sans fausse modestie non plus.(...)Une personne qui ne joue pas à être quelqu'un d'autre et qui ne se compare pas, qui est intéressante, qui a de la fermeté et de la confiance en lui, voilà ce qu'il était. Elle sentait un peu amenuisée devant cette forte manière d'exister."
- "Je cherche une définition du verbe aimer, dit Louise. Est-ce que c'est: Etre attiré irrésistiblement ? Etre atiré longtemps ? Avoir enve de toucher ? Coucher avec ? Avoir des enfants avec ? Vivre avec ? Souffrir pour ? (...) Compter avec ? proposa Mélusine. Compter sur ? dit Eve. Ne pas lutter avec ? dit Eve. Etre dans l'éblouissement ? dit Louise.(...) Vouloir le bien de ? dit Marie. S'oublier ? dit Mélusine. Sortir de soi, dit Marie. Oui, murmura Louise, se déprendre de soi-même, c'est une belle définition."
- "Et voilà qu'elle se trouvait éprise de deux hommes. Elle vivait avec l'un et rêvait à l'autre. Presque chaque soir, au coeur de l'harmonie conjugale, elle façonnait un visage, elle entendait une voix."
- "Ils avaient tous les deux des époux.(...) ils avaient vécu des journées et des nuits conjugales. ils avaient prononcé des mots d'amour. Ils s'étaient avancés sur les grandes pentes de l'intimité, jusqu'à ce moment saugrenu où l'on croit connaître un autre qe soi, jusqu'à cette amertume de découvrir que non, jusqu'à former en dépit de cela une gerbe de corps nus et drus, jusqu'à se voir et se revoir et ne plus se voir, être aveugle et plein d'habitudes, ne plus distinguer ni le corps, ni l'esprit de l'autre. Ils étaient venus à ce point de la vie commune où l'on découvre, dans l'inexorable quotidienneté de l'existence, dans la misère du désir disparu, dans les envoûtements dissipés, la vigilance qu'il faut pour resttuer sans cesse à l'amour ce que le temps lui enlève et faire scintiller ce qu'il lui apporte."

Il y a encore bien d'autres passages à lire, mais je m'arrête pour cette fois.

mercredi 16 septembre 2009

Une conversation sur la vie

J'ai peu de temps pour lire en ce moment, mais c'est parce que je vis.
Je poursuis ma lecture de "La conversation amoureuse" d'Alice Ferney. Ce sont en réalité des conversations sur l'amour, le désir, le mariage et le désamour.
Autant dire que ce livre résonne beaucoup pour moi en ce moment. Il y a de moi et de mon entourage dans ce livre.

mercredi 22 juillet 2009

Un nouveau livre

C'est le premier à rejoindre ma bibliothèque essentielle. Il s'agit du quatrième tome du Journal étrange de Conche, paru aux éditions Encre marine, et dont, comme pour les livres de Gracq, les pages sont à découper.
Et le plus important, ce livre m'a été offert par une amie très chère.

dimanche 12 juillet 2009

Nouveau départ ?

Et voilà, ma bibliothèque essentielle a migré. Elle tient dans une dizaine de grands sacs et n'attend plus que le meuble que je dois aller chercher demain.
Il va juste manquer les livres d'histoire et géographie et les revues. J'avoue avoir eu un petit pincement au coeur de laisser les autres en place, même s'ils seront loin de m'être inaccessibles.
Ma nouvelle bibliothèque aura beaucoup de place libre... De quoi acquérir d'autres livres.

samedi 11 juillet 2009

Revenir à l'essentiel (3)

Et les bandes dessinées ? Elles comptent moins à mes yeux, mais je pense en enmener tout de même. Tous les Andreas, sans doute et les Mignola. Peut-être aussi des romans graphiques ou des histoires réalistes. Ce sera pour moi l'occasion d'épurer cette bibliothèque et de n'en garder que des valeurs sûres.

mercredi 8 juillet 2009

Relire Le Matrimoine

J'ai fini de lire le Matrimoine ce matin. Dire que je me suis identifié au narrateur est excessif, mais je me suis retrouvé dans certains de ces propos, dans certaines situations.
Il s'agit d'un livre âpre, parfois cruel, mais véridique. Et qui me renforce dans la décision que j'ai prise.

jeudi 2 juillet 2009

Le matrimoine

J'avance dans ma relecture du Matrimoine de Bazin. J'avais lu ce livre à 16 ans et il m'avait laissé une sensation étrange sur les rapports homme/femme ou devrais-je dire mari et femme.
Le relire à 37 ans, à ce moment précis, lui donne un sens nouveau ou plutôt une profondeur que je n'avais pas soupçonnée alors. Le moins que l'on puisse dire est qu'il s'agit d'un regard désillusionné sur le mariage.

mercredi 1 juillet 2009

Les vestiges du jour

Il est difficile de résumer Les vestiges du jour, de Kazuo Ishiguro.
Je crois que j'aime l'atmophère anglaise distillée par cette oeuvre, ce charme surannée des demeures aristocratiques du début du siècle. Adolescent, je rêvais bêtement de faire partie de cette noblesse que j'idéalisais (et que Ishiguro idéalise grandement); aujourd'hui, je me rend compte que je me sens plus proche du majordome Stevens et que son style de vie m'aurait convenu.
Le sentiment de cette dignité d'être "à sa place", de faire les choses correctement, voilà ce que j'aimerais approcher, je crois.
Parfois je me demande si je ne me suis pas trompé de siècle en naissant...

Revenir à l'essentiel (2)

Il y a quelque chose de difficile à devoir choisir quels livres emporter, même momentanément, hors de sa bibliothèque.
Je me rends compte que les livres sont mes compagnons de toujours et qu'ils méritent tous de partir avec moi.
Mais soyons réaliste, ce n'est pas possible.
Voici donc ceux que j'ai choisi : En attendant Godot, Histoire du juif errant de d'Ormesson, les nuits de Paris de Restif de la Bretonne, La lectrice, quelques Irving (Le Monde selon Garp, évidemment et probablement Un mariage poids moyen), Les contes et nouvelles de Maupassant en Pléiade, les Essais de Montaigne, les Pensées de Pascal et Manuscrit trouvé à Saragosse de Potoki.
Pour la poésie, j'ai Borges et j'y ajoute les oeuvres de Saint John Perse et Les Contemplations.
Pour le fantastique, parce que cela fait aussi partie de ma vie, le Cycle des épées de Leiber et tout Lovecraft.
Pour les essais historiques, je pense prendre les oeuvres de Duby et Le Goff dans la collection Quarto, le petit ouvrage sur les chevaliers paysans du lac de Paladru et les cours au Collège de France de Michelet. Là encore, la liste n'est pas close mais je dois y réfléchir encore.

mardi 30 juin 2009

Lecture et écriture

Tels sont les sujets du roman que je viens de terminer : La grand-mère de jade. Un petit livre simple d'apparence, assez léger si on excepte l'épilogue.
L'auteur y mène pourtant une réflexion intéressante sur le rôle de la lecture dans la vie, sur le "métier de lire" comme disait Bernard Pivot.
Voici quelques phrases qui m'ont parlé :

"Les livres furent mes amants et avec eux j'ai trompé ton grand-père"

"la lecture était réservée aux intellectuels oisifs et fortunés qui n'avaient pas besoin de trimer pour gagner leur vie"

"Elle découvrait la vie parce qu'elle pouvait désormais mettre des mots sur les autres, sur leurs actions. Elle se sentait en danger comme si elle avait percé un secret."

"Je suis entré dans les livres par effraction, sans l'instruction qui donne le goût et l'aptitude à la lecture. En ouvrant les livres, j'ai choisi la pire chose qu'une femme de mon milieu puisse faire. J'ai contemplé un monde qui m'était interdit. J'avais parfaitement conscience que ce n'était pas le mien. je l'ai contemplé longtemps. Puis j'ai refermé la porte, mais il m'était désormais impossible d'oublier ce que j'avais entrevu : un espace immense dont je ne pouvais plus me passer."

"Dans la lecture parfois, je retrouvais cette exaltation, ce désir immense qui emportait mon estomac jusqu'au ciel. J'ai été comme enfermée dans ma vie douce, dans un corps lent et serein tandis qu'à l'intérieur dormait un volcan. Cette terre n'allait-elle jamais exploser ?"

"Ceux qui écrivent ont un façon si particulière de porter leurs yeux sur ce que nous ne saurions voir. Je suis une lectrice. Je ne serai jamais capable d'écrire le moindre texte, mais quand je lis le roman d'un écrivain, je suis toujours frappée de ce regard singulier : cette façon de saisir la banalité et d'en rendre compte sous un angle insolite, cet art de tisser un lien entre des choses qui n'ont pas l'air d'en avoir. (...) Et puis ces pages sont pleines, mais elles m'offrent une part dans laquelle peut courir ma propre pensée, l'histoire que je construis dans l'histoire... Et si je n'écris pas de roman, mon imagination récrit ceux que j'ai aimé avec un amour respectueux."

"Je me souviens d'avoir été fascinée par le miracle des bons livres qui arrivaient au bon moment de la vie. Ceux qui parfois tombaient des étagères pour venir répondre à des questions que me posait l'existence."

lundi 29 juin 2009

Revenir à l'essentiel

Cette fois-ci, le moment est venu de réfléchir sérieusement à quels livres emporter. je vais m'éloigner un peu de ma bibliothèque, mais je veux en emmener un morceau.
Que choisir ?
Il y a les inévitables : tout Borges, tout Auster,tout Gracq. Le Seigneur des anneaux dans l'édition du Livre de Poche, la première que j'ai possédée. Siri Hudsvedt aussi, et Alberto Manguel. Marcel Conche.
Et après ?
Les trois mousquetaires et sa suite, Bouvard et Pécuchet aussi. Un peu de Yourcenar, L'oeuvre au noir au moins. Du Michel Rio, je crois que cela m'ira bien.
Peut-être pourrais-je relire Et si par une nuit d'hiver un voyageur de Calvino ? Et Le Matrimoine de Bazin, ce serait de circonstance !
Je crois que je vais beaucoup relire dans l'année à venir, parce que j'aurais moins les moyens de lire d'abord, mais aussi parce que je suis fondametalement un relecteur.
la liste n'est pas close, je dois y réfléchir encore. Les pianos mécaniques, bien sûr, à ne pas oublier.
Il y en a tant d'autres...

dimanche 28 juin 2009

Retour à la lecture

Cela faisait un moment que je n'avais pas lu vraiment, l'esprit accaparé par les choses de la vie.
Cet après-midi, j'étais seul chez moi, dans une maison silencieuse et j'ai lu. J'ai lu d'une traite le petit livre de Yasmina Reza "Dans la luge d'Arthur Schopenhauer".
Ce fut un genre de révélation : je suis Ariel Chipman, mais je me suis relevé de mon fauteuil. J'ai laissé derrière moi la dépression, j'en suis convaincu, même si mes proches en doutent.
Je veux maintenant passer à autre chose et lire ainsi, seul, m'a fait un bien fou. Je crois que dans un sens, j'aspire à une certaine forme de solitude.
Dans la foulée, j'ai entamé la lecture de "La grand-mère de Jade" de Frédérique Deghelt que j'ai acheté sur un coup de tête.
Voici quelques phrases tirées du livre de Yasmina Reza :
" La vie conjugale nous a tués comme elle tue tout le monde, et ce n'est pas la philosophie croyez-moi qui vous donne un coup de main dans la vie conjugale, d'ailleurs je ne vois rien qui puisse vous sortir la tête de cette embarcation maudite (...)"
"On maintient un certain cap, contre l'impuissance, le chaos, et un beau jour on fout tout en l'air. C'est dommage. Et merveilleux. Serge, est-ce que nous ne voulons pas, au fond, que quelque chose arrive, un chavirement, un naufrage ou n'importe quelle explosion qui nous dégage de l'accablement domestique ?"
"à moins d'être Roger Moore dans Simon Templar, la robe de chambre conduit droit à la catastrophe"

mercredi 27 mai 2009

Histoires regrettables


J'ai commencé à lire un recueil de nouvelles de l'auteur Wilkie Collins, ami de Dickens et l'un des créateurs de la fiction moderne selon Borges. Ce sont des nouvelles policières présentant les dessous de la société victorienne. Le style est agréable, sans fioriture contrairement à celui de nombre de ses contemporains. Les personnages sont campés en quelques lignes.

mardi 5 mai 2009

Döblin sur les ondes

La série que Christine Lecerf consacre à la radio à Alfred Döblin tombe à pic pour ma lecture. Réalisée entre Paris et Berlin, elle exploite des archives inédites de l’écrivain. Durant les cinq heures que dure ce documentaire, on entendra son fils, des traducteurs, des germanistes, des écrivains, des historiens et surtout la voix de Döblin lui-même.
Des extraits de ses livres ponctuent la série. Il sera beaucoup question de la ville, puisque Döblin passe aussi pour celui qui a fait entrer la rue dans la littérature, et d’architecture, de vitesse, de cinéma, de dialogue avec le double, de conversion au catholicisme, de suicide et de la nature du héros döblinien dont son créateur disait :”Il n’y a pas d’artiste qui ne porte sur lui les traits de la maladie et du crime”.
La diffusion de cette série commence aujourd’hui mardi et dure jusqu’à vendredi, tous les soirs de 22h15 à 23h30, dans “Surpris par la nuit”, l’émission d’Alain Veinstein, sur France-Culture.
Je ne pourrais pas l’écouter en direct, puisque je vais au théâtre ce soir, mais heureusement, il y a les podcasts !


http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_10489.xml


Merci à Pierre Assouline pour cette information

lundi 13 avril 2009

Deux livres sur Gracq



Voici deux ouvrages de Philippe Le Guillou consacrés à Gracq à qui il a souvent rendu visite. Il y relate ces visites et les discussions qu'il a eu avec l'écrivain.
Je me laisserais bien tenter par ces deux textes.

dimanche 5 avril 2009

"Il n'y a eu que des départs dans ma vie - songea-t-il. Je n'ai jamais aimé arriver."

J'ai fini La presqu'île, mais sans lire Le Roi Cophetua, que je garde pour les vacances d'été, probablement. Cette phrase de Gracq résonne étrangement dans mon esprit, depuis ce matin.
Que vais-je lire ensuite ? L'un des deux livres ramenés de ma librairie récemment ? Ou bien un essai sur le temps, si j'en trouve un ?

dimanche 29 mars 2009

Rayon littérature allemande

De passage en ville, hier, je suis passé par ma librairie. Je cherchais Berlin Alexanderplatz d'Alfred Döblin. Je suis reparti avec, en plus, Le collectionneur de mondes, de Ilija Trojanow. Il s'agit d'un roman inspiré de la vie de Richard Francis Burton, le traducteur des Mille et une nuits.

mardi 24 mars 2009

La vieille route


J’ai commencé à lire La presqu’île aujourd’hui, alors que j’attendais une amie à l’hôpital. Le texte s'ouvre sur une magnifique description d’une route, telle que j’aurais aimé en écrire ou en lire au moment de la rédaction de mon mémoire de DEA sur le réseau routier normand.

« Il commençait bizarrement – à la manière de ses fragments de chaussées romaines qui commencent et finissent sans qu’on sache pourquoi au milieu d’un champ, comme une règle qu’on laisserait tomber sur un échiquier (…) »
« C’était une route fossile : la volonté qui avait sabré de cette estafilade les solitudes pour y faire affluer le sang et la sève était depuis longtemps morte, - et mortes même les conditions qui avaient guidé cette volonté ; il restait une cicatrice blanchâtre et indurée, mangée peu à peu par la terre comme par une chair qui se reforme, dont la direction pourtant creusait encore l’horizon vaguement ; un signe engourdi, crépusculaire, d’aller plus avant plutôt qu’une voie – une ligne de vie usée qui végétait encore au travers des friches comme sur une paume. »

J’aime vraiment l’écriture de Gracq. Elle me transporte dans son univers, je suis sur cette route…

dimanche 22 mars 2009

Saint - John Perse


Saint - John Perse est avec Borges et Hugo le seul poète que j'arrive à lire... La poésie ne m'est pas vraiment un genre familier, en fait.
Je viens d'acquérir les oeuvres complètes de Saint John Perse en Pléiade, en occasion. Ce volume a été élaboré par l'auteur lui-même en 1972, comme l'ont fait également Marguerite Yourcenar et Julien Gracq, deux autres de mes auteurs fétiches. Il contient toute son oeuvre poétique, ainsi qu'une (auto)biographie, de nombreuses lettres et des textes en prose éclairant sa poétique.

samedi 21 mars 2009

Deux originaux de Gracq

Il y a un salon du livre ancien à Rouen, dans l'abbatiale Saint Ouen, ce weekend. J'y suis passé aujourd'hui, par curiosité.
Certains prix pratiqués me laissent rêveur... Je pourrais vendre quelques pièces de ma collection, visiblement !
Il y avait également des choses raisonnables, comme deux éditions originales de Gracq : Un balcon en forêt (1958) et La presqu'île (1970). Elles ornent maintenant ma bibliothèque et attendent d'être lues.

vendredi 6 mars 2009

L'écrivain ce "maker"

J’ai fini la première causerie de Manguel, intitulée La voix de Cassandre. Il y évoque l’écrivain Alfred Döblin. Celui-ci pensait que le langage était un instrument de mise en forme et de compréhension du réel. Voilà ce qu’en dit Manguel :

« la plupart de nos fonctions humaines sont individuelles : nous n’avons pas besoin d’autrui pour respirer, marcher, manger ou dormir. Mais nous avons besoin d’autrui pour parler et pour nous renvoyer nos paroles. Le langage, a déclaré Döblin, est une forme de l’amour des autres. »
« Dans certains cas, les histoires peuvent nous venir en aide. Elles peuvent parfois nous guérir, nous illuminer et nous montrer le chemin. Et surtout, elles peuvent nous rappeler notre condition, percer l’apparence superficielle des choses et susciter en nous l’intuition des courants et des profondeurs sous-jacents. Les histoires peuvent alimenter notre conscience et, par là, nous amener à savoir qui nous sommes, du moins que nous sommes, connaissance essentielle qui s’enrichit par la confrontation avec la voix d’autrui. »


Il attribue à Döblin cette formule que je trouve magnifique et qui résume bien ce que devrait toujours être la lecture : « je lis comme la flamme lit le bois »

lundi 2 mars 2009

La cité des mots

Je n'en suis qu'à l'introduction, et déjà, je suis conquis. Manguel est vraiment un auteur qui fait réfléchir.

« Quand j'ai parlé à l’archéologue et romancier Ronald Wright de la possibilité d’intituler mes causeries « pourquoi sommes – nous ensemble », sa réaction a été : « Quelle serait l’alternative ? » Bien sûr, il n’y en a pas. Pour le meilleur ou pour le pire, nous sommes des animaux grégaires, voués à l’obligation ou au privilège de vivre ensemble. »
« D’une vie entière passée à lire au petit bonheur, il m’est resté en tête une sorte de recueil de citations dans les pages duquel je trouve mes propres réflexions formulées avec les mots d’autrui. »


Cette dernière citation, surtout, résume parfaitement ma façon de lire.

dimanche 1 mars 2009

CHangement de programme

Je me suis procuré les Oeuvres Complètes de Cesare Pavese. Mais en même temps, j'ai reçu La cité des mots d'Alberto Manguel, ainsi que Danse avec la vie de Zoé Valdés.
Je remets donc la lecture du Métier de vivre à plus tard, et je me lance dans le Manguel, en passe de devenir l'un de mes auteurs favoris.

dimanche 22 février 2009

Le métier de vivre

Comme ma lecture de Fantômes et kimonos est rapide, je me penche sur ce que je vais lire ensuite. Le métier de vivre de Pavese m'attire, dans sa version intégrale qui vient d'être publiée par les éditions Gallimard, dans la collection Quarto.
j'ai déjà eu plusieurs fois l'envie de me lancer dans la lecture de cet auteur, réputé difficile. C'est l'occasion...
Sans doute y trouverais-je de quoi alimenter ma réflexion ?

samedi 21 février 2009

Du dépaysement


J'ai commencé la lecture de Fantômes et kimonos, offert par des amis lors du réveillon du jour de l'an. Il s'agit de courtes nouvelles se déroulant au Japon, au XIXe siècle, qui racontent les enquêtes d'un "détective" au service des autorités.
J’aime la civilisation japonaise dans sa complexité et sa pureté et le dépaysement que procure cette lecture. Le style est simple et concis. Il s’agit là d’une lecture distrayante et assez reposante.

samedi 14 février 2009

Une bonne nouvelle ?

Des nouvelles de Borges, lues chez Pierre Assouline. Certains politiciens argentins ont en effet déposé une réclamation officielle afin de faire revenir la dépouille mortelle de l'auteur dans son pays d'origine alors qu'il repose actuellement en Suisse, sa patrie d'adoption.
Plus intéressant pour les lecteurs de Borges, il semblerait que les deux volumes de la Pléiade puisse reparaître un jour, le traducteur Jean Pierre Bernès ayant accepté les modifications demandées par le médiateur commandité par la veuve de l'écrivain. Mais rien n'est fait encore...

L'adieu à Nantes

J'ai terminé "La forme d'une ville" ce matin, comme je n'arrivais pas à dormir. Et j'y ai trouvé un beau cadeau, dans les dernières pages, sous la forme de l'adieu de Gracq à sa ville de Nantes. Elles sont parmi les plus belles pages que j'ai lues.

« En fait, , cette séparation n’eut pas lieu à la fin de ma dernière année scolaire à Nantes, dans le brouhaha rituel de la distribution des prix, lequel me sembla n’ouvrir une fois de plus mécaniquement, comme les années précédentes, que sur les seuls deux mois et demi de vacances réglementaires. Elle eut lieu l’année suivante, lorsqu’après une année déjà passé à Paris, je partis pour Londres où je devais perfectionner mon anglais pendant les grandes vacances. Je quittais la France pour la première fois : je me souviens avec une netteté particulière de ce départ ; je m’en suis souvenu quand j’ai écrit le début du Rivage des Syrtes. Je devis prendre de très bonne heure à Nantes l’express Bordeaux - Dieppe, qui faisait halte à la gare de l’Etat, et j’avais demandé l’hospitalité pour une nuit encore à ma grand’tante, qui m’avait servi de correspondante toutes mes années de lycée. Quand je poussai une dernière fois derrière moi la porte du jardinet de la rue Haute – Roche, le jour qui se levait avait cette rémission limpide, bénigne, d’après-matines, encore peuplée par le seul chant des oiseaux, qu’évoque toujours pour moi le titre d’un roman d’André Dhôtel que je n’ai pas lu : Les rues dans l’aurore. Un tramway descendait à vide la route de Rennes, avec le bourdonnement isolé d’une première abeille sur sa ligne de vol. Le vide des rues au petit matin, dont je prenais conscience pour la première fois, me paraissait magique ; il faisait merveilleusement frais et calme, je marchais dans la ville comme on marche dans les allées mouillées d’un jardin, avant que la maisonnée se réveille. Arrivé au pont Morand, je pris par le quai des Tanneurs et le quai d’Orléans ; quand je traversais l’île Feydeau, un rai de soleil jaune-rose, sur ma droite, atteignait l’extrême bord supérieur des façades. La ville, rue après rue, prenais congé de moi, souriante ; le temps en était venu ; ce qui flottait sur cet adieu, c’était un sentiment de légèreté sans ombre ; nous étions quittes, et nous nous trouvions à l’unisson dans cette chanson d’aube si insouciante : je n’avais pas été heureux ici, mais je ne quittais pas le port sur lest ; j’avais beaucoup engrangé. Je regardais avec amitié les rues silencieuses, les sinuosités creuses, familières, du moule que j’allais maintenant évacuer : ce n’était pas là seulement une ville où j’avais grandi, c’était une ville où, contre elle, selon elle, mais toujours avec elle, je m’étais formé. »

Je crois que j’aurais aimé vivre un moment comme celui là et être capable de le retranscrire aussi pleinement, précisément.

mercredi 11 février 2009

Etre la pierre de patience de quelqu'un

Le lycée où je travaille a eu le plaisir de recevoir l'écrivain Atiq Rahimi, lauréat du prix Goncourt, venu parler de son livre "Singué Sabour, pierre de patience", devant de nombreux élèves et quelques professeurs.

Les élèves avaient préparé une série de questions auxquelles l'écrivain a répondu de bonne grâce, en tentant plusieurs fois, malicieusement, de les retourner à son interlocuteur. Je n'ai malheureusement pu assister qu'à la première heure de l'exercice, ayant cours ensuite.
Deux élèves ont d’abord lu un passage du roman, la toute fin du texte. Un texte dur, rapide et d’une grande violence auquel je ne m’attendais pas, n’ayant pas encore lu le livre.

Atiq rahimi a ensuite remercié les élèves de l’accueil qui lui était fait et à évoquer les six ans qu’il a passé à Rouen, à étudier la littérature et le cinéma.

La première question posée concernait la source d’inspiration du roman. Le romancier a expliqué que c’était le meurtre de la poétesse afghane Nadia Anjuman, tuée par son mari, et à qui le livre est dédié. Atiq Rahimi devait participer à une conférence organisée par cette femme au moment de son assassinat et il a décidé de partir en Afghanistan pour « enquêter » sur sa mort et sur la condition des femmes afghanes. Ce fut l’élément déclencheur à l’écriture du roman.

Un élève lui a demandé ensuite s’il écrivait déjà alors qu’il était à Kaboul. L’écrivain a commencé par composer des poèmes à l’âge de treize ou quatorze ans, puis de courtes nouvelles d’une page ou une demi – page. En arrivant en France, il a abandonné l’écriture car il voulait se consacrer au cinéma. Il ne voyait pas l’intérêt de raconter des choses en persan dans un pays où personnes ne les lirait.

Quel rapport y-a-t’il entre le titre du roman et l’homme allongé, condamné à l’immobilité ? Atiq Rahimi a profité de cette question pour rappeler ce qu’est une pierre de patience. Il s’agit d’une pierre « magique » sur laquelle on peut déverser tous ses malheurs et ses secrets. Pleine, la pierre finit par éclater et on est délivré. L’homme paralysé du roman devient bien sûr la pierre de patience de sa femme, qui lui dit alors toute sa frustration.

Questionné sur son exil en France et sur ses conséquences, il a évoqué la prise de distance, nécessaire au travail d’écrivain. L’éloignement change le point de vue et modifie la vision que l’on a de son milieu, de sa culture, de son pays.

Une élève a ensuite voulu savoir si l’écrivain était sensible aux retours des lecteurs sur son roman. Il a répondu par l’affirmative, rappelant qu’il écrit d’abord pour des lecteurs. Il a ensuite interrogé l’élève sur ce qu’elle a pensé du roman. Elle a répondu l’avoir trouvé triste et un peu long, avec des répétitions. Ce à quoi, l’auteur a expliqué qu’il voulait partager une expérience avec le lecteur. Il voulait que le lecteur, par les répétitions et l’usage du présent, soit dans la situation de cette femme ou plutôt qu’il devienne une pierre de patience à son tour.

Interrogé sur cette fin brutale et ambiguë, Atiq Rahimi explique qu’il a écrit d’autres fins, trop banales. Il a voulu jouer avec le langage cinématographique et faire un « clin d’œil » à la tragédie grecque. La fin contraste avec la lenteur générale du récit et elle témoigne de l’impatience de l’auteur.

Alors qu’un élève lui demande ensuite ce qu’il pense de la situation actuelle en Afghanistan, Atiq Rahimi lui retourne la question. L’élève avouant qu’il ne connaît pas la situation de ce pays, l’auteur déclare qu’elle est catastrophique mais qu’il ne veut pas sombrer dans le pessimisme. Il relate alors le mot d’un auteur kurde, attribué à son grand – père : « nous avons eu un passé tragique, nous vivons un présent catastrophique, mais heureusement, nous n’avons pas d’avenir »… l’écrivain d’origine afghane explique ensuite que la situation de son pays dépend de la stratégie géopolitique mondiale et que le pays sous tutelle est entouré de pays « chauds ». Il rappelle que l’Afghanistan a connu trente ans de guerre (soit deux générations d’enfants n’ayant connu que cela). Les Afghans ont selon lui perdu confiance en eux-mêmes et dans les étrangers. Le pays compte 95 % d’analphabètes et 60 % de la population a moins de 15 ans.

Une élève lui demande ensuite pourquoi il a choisi de montrer une femme musulmane « crue » et vulgaire, loin de la représentation que s’en font les occidentaux ? Atiq Rahimi répond que malgré le poids des traditions, du système politique et de la religion, les femmes afghanes ne sont pas « seulement » ce que les médias montrent. Il y a un décalage entre la vie familiale, intérieure, et la vie sociale. Les femmes afghanes jouent un grand rôle à l’intérieur de la maison et elles s’y expriment, alors qu’elles ne peuvent le faire à l’extérieur.

Cette femme est-elle le porte – parole de l’auteur ? Il voulait au départ adopter le point de vue de l’homme immobilisé, mais cette femme s’est glissée en lui durant l’écriture, elle a pis la place. Comme « une voix enfouie en moi depuis des siècles ». Pour dresser ce portrait, Atiq Rahimi a rencontré des femmes afghanes, dont de vieilles femmes qui initiaient les jeunes mariées à la sexualité et les accompagnaient au pied du lit nuptial.

Une élève revient sur le début du roman et la description de la pièce vide, au centre de l’action. Atiq Rahimi explique cette longue description objet après objet pour poser l’ambiance. Cette pièce est aussi une métaphore du livre et de l’écriture de l’auteur : simple et minimaliste. L’auteur déclare avoir une écriture « instinctive », derrière laquelle il n’y a pas tant de choses cachées, pas consciemment du moins. Il donne exemple du passage de la mouche, très commentée. Il y avait une mouche dans la pièce où il écrivait et il n’arrivait pas à s’en débarrasser, aussi l’a-t-il tuée dans le roman. Et puis ensuite, il s’est rendu compte que cette mouche avait trouvé sa place dans l’histoire, malgré lui.

Pour terminer (pour ce que j’ai pu entendre du moins) on interroge l’auteur sur les conditions de son écriture. Il déclare qu’écrire en français est un acte difficile pour lui. Il écrit d’abord l’histoire, très rapidement (une nuit pour « Pierre de patience ») et la laisse « reposer » deux ou trois mois. Il retravaille ensuite l’histoire en faisant des recherches et des lectures et la laisse à nouveau. Il y revient ensuite pour travailler le texte, la langue, à l’aide de dictionnaires et de livres de grammaire. Le tout en s’isolant et en écoutant de la musique. Mais un livre n’est jamais fini, selon lui, « il y a toujours un petit mot qui n’est pas à sa place ».

Une belle rencontre pour un texte qui m’attire maintenant.

dimanche 8 février 2009

Pour quelqu'un

Deux citations pour aujourd'hui, qui peuvent aider.

"Les temps sont mauvais
Soyons bons
Et les temps seront bons
Car nous sommes le temps"

(Saint Ignace de Loyola)

"Il en est des livres comme de nos nouvelles connaissances. Au premier moment nous sommes très satisfaits, lorsque nous trouvons en eux des sentiments qui sont conformes aux nôtres, lorsque l’auteur sympathise avec quelque point essentiel de notre existence ; mais lorsque nous faisons plus ample connaissance apparaissent toutes les différences. Et dans ce cas, une conduite sage consiste principalement, non pas à se retirer aussitôt, comme il arrive dans la jeunesse, mais au contraire à s’attacher fortement aux principes sur lesquels on s’accorde, à s’expliquer complètement sur les différences, sans pour cela renoncer à ses opinions."
(Goethe : Maximes et réflexions, trad. Sigismond Sklover , p.91, Brockhaus et Avenarius, 1842)

samedi 7 février 2009

Lire en marchant sous la neige

Je reviens d’une balade dans les rues de Rouen, tôt ce matin. Je lisais Gracq tout en marchant, exercice périlleux mais plaisant. Et soudain, la neige s’est mise à tomber, d’abord doucement puis plus fort.

Autant je n’aime pas marcher dans la neige, autant j’apprécie de me promener dessous.

J’ai presque terminé « La forme d’une ville ». C’est un livre étrange. Gracq y raconte sa ville de Nantes dans un récit très personnel regorgeant de souvenirs. Cela pourrait ne pas intéresser, et pourtant ce n’est pas le cas. Son regard de géographe affleure en permanence et son discours sur la mutation de la ville, quoique poétique, serait presque transposable en cours.
Lire ce livre m’a redonné envie d’aborder la géographie par la littérature. Il est juste dommage que les élèves que j’encadre ne soient plus capables de cet exercice, même et surtout pas les classes « littéraires ».
Mais après tout, si j’ai des premières L l’année prochaine, pourquoi ne pas le tenter. Cela me sortirait de cette routine de cours relativement sordide.

mercredi 4 février 2009

Une vue de Rouen

Je poursuis ma lecture de Gracq. Je suis tombé sur un passage qui concerne la ville de Rouen, ma ville.

"A Rouen, où le fleuve tire une ligne de démarcation rigide entre le noyau de la cite et les dépendances de Sotteville, c'est plutôt d'une ségrégation qu'il s'agit : à la rive nord les beaux quartiers, à la rive sud les communs industriels, les entrepôts, les manutentions salissantes ou polluantes, les faubourgs usiniers. J'avais le sentiment très vif, pendant la guerre, quand je débarquais du car à son terminus au sud de la Seine, ou quand je reprenais dans la petite gare enfumée de la rive gauche, à Saint Sever, le curieux train de nuit pour Caen (...) de quitter ou de retrouver, en passant les ponts la zone que dessert dans un immeuble l'escalier de service."

Cette description reste vraie aujourd’hui, même si l’aménagement d’un tramway entre les deux rives a rendu cette ligne plus perméable. Cette limite est encore présente dans les esprits, je le vérifie tous les ans auprès de mes élèves.
La prochaine fois que je travaillerais sur l’espace urbain de Rouen, j’utiliserais ce passage de Gracq. Cela me rappellera le début de ma carrière, lorsque je faisais travailler des élèves sur l’utilisation de la géographie par les romanciers. J’avais d’ailleurs proposé Le rivage des Syrtes à des premières littéraires… Je ne doutais vraiment de rien, à l’époque !

jeudi 29 janvier 2009

De la lecture des jeunes

Une remarque intéressante lue dans le dernier "Magazine Littéraire". Il s'agit d'un entretien sur la lecture.
"(...) on doit s'interroger sur les conséquences intellectuelles qu'induit l'apparente facilité à interroger les mémoires extérieures de ces machines qui tiennent à notre disposition tout le savoir du monde.Je crains fort que cette prétendue commodité d'accès à la connaissance n'entraîne des habitudes de lecture ponctuelles et éphémères.
Je crains surtout qu'elle ne dissuade les jeunes mémoires humaines de se construire patiemment, à force de lecture et de relecture, ce réseau complexe et singuliers de savoirs, d'images et d'émotions que certains nommeront "culture personnelle" et qui donne à l'analyse sa profondeur, à la réflexion sa continuité et à la relation son épaisseur."

Les propos sont de Alain Bentolila, un linguiste.Et je crois qu'en effet, le problème de la nouvelle génération est qu'elle vit dans l'immédiateté, pour ses lectures également.

samedi 24 janvier 2009

Les lecteurs de Julien Gracq

Nous recevions des amis à manger ce midi, dont l'un me demanda où j'en étais de ma lecture de "La forme d'une ville", car il voulait me l'emprunter. Son conjoint, conservateur de bibliothèque, déclara alors que les lecteurs de Gracq se remarquaient et formaient une sorte de "secte" à part, mais sympathique.
Je connais d'autres lecteurs (plutôt lectrices, d’ailleurs) de Gracq, mais de là à constituer une secte ! N’empêche, être qualifié de « lecteur de Gracq » me fait assez plaisir…

mercredi 21 janvier 2009

L'avenir de la maison de Julien Gracq



Je parlais il y a quelques temps des maisons d’écrivains. Il convient d’en ajouter une à la liste, celle de Julien Gracq à Saint - Florent le Vieil.

La Fondation de France, qui était le légataire universel de Julien Gracq, a refusé son legs ne se sentant « pas capable » d’assumer l’ambition du défunt. Elle a donc laissé cela à la commune de Saint-Florent-le-Vieil qui en devient l’ayant-droit. Mais son conseil municipal, qui en a débattu, estimait n’avoir pas les moyens de ce projet. C’est le conseil régional qui a donc hérité du projet.

Le principe retenu : la demeure de l'écrivain va devenir une résidence d'écrivains et un pôle du livre. Le projet devrait être pris en charge financièrement, outre par la Région, par l'État, le conseil général du Maine-et-Loire et la commune. L'année 2009 sera consacrée à l'évaluation de l'état des bâtiments, à l'élaboration du projet culturel et architectural, ainsi qu'aux démarches administratives. Le lieu ouvrant en 2010 ou 2011.

Gracq, érotique ?

Je n’imaginais pas Gracq en auteur « érotique ». Et pourtant, la lecture de « La forme d’une ville » se révèle plutôt sensuelle.

La relation qu’entretient Julien Gracq avec ses villes (Caen, Quimper, Avranches, Paris et bien sûr Nantes) est charnelle, en témoignent ces quelques passages.

« Pour s’être prêtée sans commodité, pour ne s’être jamais tout à fait donnée, peut-être a-t-elle enroulé plus serré autour d’elle, comme une femme, le fil de notre rêverie, mieux jalonné à ses couleurs les cheminements du désir » (page 2)
« Certains soirs du début de l’été, où les odeurs végétales, lourdes et sucrées, du Jardin des Plantes voyageaient jusqu’à nous à travers la rue, la proximité de ce nœud de vie si serré, et pourtant inaccessible, nous montait à la tête (…) » (page 6)
« Mais le sentiment persiste, plus fort que tout, que je n’ai rien à attendre d’elle (la ville d’Angers) : aussi coupant, aussi injuste que l’indifférence à une femme dont on s’assure, en une seconde, que rien d’elle jamais ne s’animera pour vous sous le regard. » (page 17)
« (…)le simple sentiment de la soudaine mollesse de l’air le réalise : la chaleur sensuelle d’un lit défait se répand et coule pour moi à travers les rues. » (page 27)
« (…) une dérive engourdie, frileuse, le long d’un vaste corps vivant dont on perçoit la respiration toute proche, mais qu’un sort malin empêche de rejoindre. » (page 43)

Gracq n’est pas Conche, c’est évident. Si le philosophe parle magnifiquement de l’amour, il rejette le désir. Cela n’est pas le cas de Julien Gracq, lisiblement.

mardi 20 janvier 2009

La bibliothèque d'Obama

Quoi de mieux pour connaitre le président américain que de parcourir sa bibliothèque ? Pas celle de la Maison Blanche, évidemment, mais les livres qu'il a réellement lu.

C'est Michiko Kakutani, critique du New York Times, qui a collecté ces ouvrages, mentionnés dans ses Mémoires, dans les interviews ou tout qu'on lui a vu lire, tout simplement.
Adolescent, il a lu James Baldwin, Ralph Ellison, Langston Hughes, Richard Wright et Du Bois. Il s’est aussi intéressé à Nietzsche et Saint Augustin. Il aime aussi Shakespeare, Herman Melville ou Emerson. Il a lu la Bible, évidemment…Et le Coran, probablement. On trouve encore dans ses lectures Toni Morrison, Doris Lessing, Elizabeth Alexander (qui rédigea le poème inaugural).
Il aurait eu l’idée de faire d’Hilary Clinton sa secrétaire d’état après avoir lu l’ouvrage de Doris Kearns Goodwin sur Abraham Lincoln, « Team of Rivals ». Le président Obama a également lu les écrits de Lincoln, à qui on le compare volontiers.
Il semble qu’Obama lise puis « rumine » longuement les idées qu’il va finalement faire sienne.

Dans cet article, on apprend également que Georges Bush dévore plutôt les livres (il en aurait lu 95 en 2006 !), ce qui ne laisse pas de m’étonner. Combien Nicolas Sarkozy en lit-il par an, je me le demande ?

dimanche 18 janvier 2009

Une histoire contemporaine du pain


L’historien Steven Kaplan, spécialiste de l’histoire du pain, mène l’enquête sur un fait divers datant de 1951. En août 1951, le pain tue dans la ville de Pont-Saint-Esprit : cinq personnes meurent et plusieurs dizaines sombrent dans la folie pour trois cents intoxiqués.
L’ouvrage de Kaplan revient sur la source de l’empoisonnement et pointe les négligences de la justice de l’époque. C’est l’ergot mélangé à la farine de blé qui a été désigné comme la cause du drame. En 1951, l’Office national interprofessionnel des céréales (ONIC), administration née avec le Front populaire, règne sur l’organisation de l’approvisionnement. L’ONIC devait assurer à la fois de bons tarifs aux producteurs de blé et des prix bas aux consommateurs de pain. Problème politique quasi insoluble.
Dans plusieurs départements approvisionnés, la qualité déplorable de farines à la couleur, à l’odeur et au goût douteux avait suscité des cris d’alarme. Non seulement ils ne furent pas entendus, mais l’ONIC poussa toujours à accroître la production en maximisant le taux d’extraction et en ajoutant les farines d’autres céréales. La responsabilité de l’organisme dans le drame de Pont – Saint – Esprit a été cachée par les autorités politiques de l’époque
L’historien replace les faits dans le contexte de l’après-guerre et de la peur ressuscitée de la pénurie. Le pain retrouve en effet alors (pour la dernière fois ?) son rôle d’aliment par excellence.
Après une présentation de la petite ville de Pont-Saint-Esprit (chapitre 1), S. Kaplan s’attache à décrire (chapitres 2 à 6) la filière blé-farine-pain et ses principaux acteurs : l’État, puis la meunerie et la boulangerie. Il relate ensuite le drame avec un portrait du boulanger et par l’étude des malades et de la maladie (chapitres 7 et 8), puis par l’enquête de police (chapitres 9 et 10). Puis vient le temps des batailles d’experts et de la recherche des causes (chapitres 11 à 14) : ergot de seigle, LSD ou pollution au mercure (hypothèses privilégiées par les enquêteurs et la justice), mais aussi processus de blanchiment artificiel du pain, la pollution des eaux, des champignons. Enfin S. Kaplan s’intéresse aux suites judiciaires de l’affaire (chapitres 15 et 16), en particulier à travers l’organisation des victimes et la défense des accusés, et à ses conséquences sur les stratégies de la meunerie et de la boulangerie (chapitres 17 et 18).
Steven L. Kaplan, Le Pain maudit. Retour sur la France des années oubliées, 1945-1958, Fayard, Paris, 2008, 1 136 pages.

Cela fait longtemps que je n'ai pas lu une analyse historique (depuis le Paris de Baldwin) et celle-ci me tente bien, bien qu'il s'agisse d'histoire contemporaine.

samedi 17 janvier 2009

Surprenant Paul Auster

Seul dans le noir n’est pas, et de loin, le meilleur roman de Paul Auster. Je commençais même à m’interroger sur son inspiration tant le début du roman me paraissait convenu et artificiel, comme si l’auteur lui-même n’y avait pas cru.
Et puis à la page 123, le ton change avec le récit du voyage en France du narrateur et de sa femme. Durant ce séjour, il apprend la destinée horrible d’une femme, morte dans un camps durant la seconde guerre mondiale. Ce passage du roman n’est pas racontable. Il faut le lire. J’ai ressenti un puissant choc à sa lecture. A partir de là, le roman change. A-t-il réellement changé ou bien est-ce moi qui ne lit plus de ma même manière ? En une vingtaine de page, Paul Auster se rachète à mes yeux et me donne envie de suivre la conversation entre August Brill et sa petite fille Katya, seuls dans le noir de la chambre. Mais il ne reste que quarante pages…

jeudi 15 janvier 2009

Deux romans à lire bientôt



Je viens de découvrir deux romans qui vont allonger la liste de ce que je vais lire en 2009.
Tout d’abord, Des vents contraires, d'Olivier Adam. Un homme (un écrivain) et ses deux enfants se refugient à Saint Malo après la disparition de leur mère/femme.
Et puis le nouveau roman de Michel Rio, l’auteur du formidable Faux pas (je l’ai déjà dit, je crois). Il s’agit d’une nouvelle aventure de Francis Malone, le colossal et brillant policier de La statue de la liberté et de La Mort. Vous pourrez trouver un résumé d’un entretien avec Michel Rio ici.

mardi 13 janvier 2009

Ma lecture de "Seul dans le noir"

J'ai commencé à lire "Seul dans le noir" et deux passages m'ont particulièrement marqués :

- « Et en quoi cet homme mérite-t-il de mourir ?
Parce que la guerre lui appartient. Il l’a inventée, et tout ce qui arrive ou est sur le point d’arriver se trouve dans sa tête. Elimine cette tête, la guerre s’arrête. C’est aussi simple que ça.
Simple ? A vous entendre, on croirait que c’est Dieu.
Pas Dieu, caporal, rien qu’un homme. Il passe toutes ses journées dans une chambre à écrire, et tout ce qu’il écrit se réalise ».


Outre la mise en abîme (procédé littéraire que j’affectionne particulièrement), il y a cette absurdité qu’est le destin. Comment ces hommes imaginés peuvent-ils croire que leurs actions sont libres et qu’elles n’ont pas été prévues par l’écrivain ? A moins que celui-ci ne cherche à se suicider ?

- « (…) et je n’ai certainement jamais eu la moindre ambition d’écrire un livre. J’aimais en lire, voilà tout, lire des livres et puis écrire ensuite à leur propos, mais j’ai toujours été un sprinter, jamais un coureur de fond, pendant quarante ans j’ai cavalé tel un lévrier après des dates butoirs, accouchât en expert de l’article de sept cents mots, de celui de quinze cents mots, de la colonne semi hebdomadaire, de la commande occasionnelle d’un magazine »

Je me retrouve dans ces lignes, au moins pour ce qui est de la lecture et de l’écriture sur les livres (n’est-ce pas l’objet de ce blog, après tout ?). Et mon travail pour un magazine s’apparente assez à cette course du dernier moment, le plus souvent.

lundi 12 janvier 2009

Un hommage à Claude Berri

Pierre Assouline a publié sur son blog un hommage à Claude Berri, son ami. Un acte difficile que de parler publiquement d’un mort proche.
C’est ce que j’appelle un texte pudique et magnifique. Avec toujours cette faculté de donner envie de lire, même dans les pires moments.

Heidegger est plus fort que moi !

J'avance peu dans Heidegger... Ses chemins qui ne mènent nulle part porte assez bien leur nom. Je m'étonnes de dire cela, mais je crois qu'il faudrait que je le lise en allemand ! La traduction dont je dispose est de Wolfgang Brokmeier et elle est assez indigeste, il me semble.
Ayant commencé "L'époque des "conceptions du monde"", traitant de la science, j'ai abandonné en raison d'un verbiage proprement inssuportable.
J'ai poursuivi par "Le mot de Nietzsche : Dieu est mort" et cela va mieux. Ce n'est pas une lecture évidente, mais cela reste compréhensible.
Je préfère vraiment la philosophie lorsqu'elle utilise des mots simples et qu'elle semble "immédiatement" accessible. Je n'aime pas consulter le dictionnaire toutes les cinq minutes ou relire trois fois une phrase sans pour autant la comprendre.

dimanche 11 janvier 2009

Parce que cela m'a fait rire... Et que c'est vrai !

Allez voir ce strip de Pénélope Bagieu....

http://www.penelope-jolicoeur.com/2009/01/2009-tas-vu.html


Note : penser à offrir son livre, Ma vie est tout à fait fascinante, en mars (sortie en poche) et à récupérer le petit carnet qui, je pense, plaira beaucoup.

mercredi 7 janvier 2009

Transfuge




J'ai découvert cette revue culturelle avec le numéro 21, contenant un entretien avec Michael Connely, en mai 2008. Mais sa distribution chez moi semble assez aléatoire.
J'ai déniché aujourd'hui le numéro de ce mois, qui semble intéressant.
Lire une revue littéraire ou culturelle régulièrement me manque. je songe donc à m'abonner à Transfuge ou bien au Magazine Littéraire. Mais j'hésite encore sur le choix.

mardi 6 janvier 2009

Janvier, le mois Paul Auster ? Pour moi, certainement...


"Seul dans le noir, je tourne et retourne le monde dans ma tête tout en m’efforçant de venir à bout d’une insomnie, une de plus, une nuit blanche de plus dans le grand désert américain."

Ainsi commence le récit d’August Brill, critique littéraire à la retraite, qui, contraint à l’immobilité par un accident de voiture, s’est installé chez sa fille, laquelle ne parvient pas à guérir de la blessure que lui a infligée un divorce pourtant déjà vieux de cinq ans, et qui vient de recueillir sa propre fille, anéantie par la mort en Irak, dans des conditions atroces, d’un jeune homme avec lequel elle avait rompu, précipitant ainsi, croit-elle, le départ de ce dernier pour Bagdad...
Pour échapper aux inquiétudes du présent et au poids des souvenirs, peu glorieux, qui l’assaillent dans cette maison des âmes en peine, Brill se réfugie dans des fictions diverses dont il agrémente ses innombrables insomnies….

Voici le « pitch » de Seul dans le noir, le nouveau roman de Paul Auster, à paraître le 7 janvier, toujours chez Actes Sud, et toujours traduit par Christine Le Bœuf.

Et, autre cadeau de début d’année, Un DVD consacré à Paul Auster et édité par ARTE Editions devrait paraître le 7 janvier également… Paul Auster Confidential, est un documentaire de 134 minutes comportant la seule entrevue accordée par Paul Auster. Chez lui, à New York il parle de son enfance, du base-ball, raconte ses voyages, l’influence de la ville sur son œuvre, la marche qui lui est nécessaire et relate les moments forts de sa vie. En bonus, en quelque sorte, le DVD présente un témoignage de son épouse, Siri Hustvedt, elle-même écrivain que j'apprécie beaucoup.

lundi 5 janvier 2009

Les bibliothèques d'Hitler


Je rédige cet article après avoir lu celui de Pierre Assouline.

Adolf Hitler semblait être ce qu’il est convenu d’appeler un grand lecteur, ou au moins un grand collectionneur. On le sait par les bibliothèques retrouvées dans ses résidences privées. Sur les 16 000 volumes qui devaient s’y trouver, 1200 sont aujourd’hui conservés à la Bibliothèque du Congrès, à Washington.
Un chercheur, Timothy Ryback, a repris ces ouvrages et complété les bibliothèques d’Hitler en retrouvant les livres que le dictateur avait collectionné entre 1913 et 1942.

Il les reconstitue dans son livre Hitler’s Private Library (Knopf). Ces livres, selon la formule de Yourcenar (enfin je crois, à moins que ce soit de Staline), renseignent sur l’évolution de la pensée de leur propriétaire, dans le choix même de ses lectures mais aussi dans ses réactions puisqu’Hitler annotait et commentait parfois abondamment dans les marges de ses livres . La démarche est donc intéressante, notamment au niveau historique.

Qu’y avait-il dans les bibliothèques d’Hitler ? Don Quichotte, Robinson Crusoë, La case de l’oncle Tom, les Voyages de Gulliver, la Bible, la Correspondance de Frédéric le Grand, une Histoire de la marine allemande, une analyse du Parsifal de Wagner de 1913, une Histoire de la Swastika, des ouvrages de spiritisme et d’occultisme achetés par Hitler au début des années 20, une monographie sur Nostradamus, Le Juif international de Henry Ford, un livre de cuisine végétarienne française, un traité sur les empoisonnements au gaz et aux acides, mais aussi des livres plus légers du romancier d’aventures Karl May et la bande dessinée de Wilhelm Busch Max und Moritz. Il semble avoir aussi lu (et relu ?) les œuvres complètes de Shakespeare traduites en allemand en 1925.
J’avoue être assez intrigué à l’idée de parcourir la bibliothèque de l’un des plus grands monstres que la société humaine a pu produire. Je trouve assez dérangeant de voir que j’ai lu et aimé beaucoup des mêmes ouvrages qu’il a pu apprécié. Je vais essayer de me procurer le livre de Ryback.

vendredi 2 janvier 2009

Et si Conche...

Je ne peux pas m’empêcher d’être un peu déçu par le premier volume du Journal étrange de Marcel Conche. Il est un penseur et un écrivain extraordinaire, cela je le sais. Il joue déjà un grand rôle dans mon évolution psychologique et intellectuelle, mais ce premier tome laisse entrevoir un personnage qui ne réfléchit pas toujours jusqu’au bout….
Certains de ses « Et si » laissent transparaitre des préjugés décevants, parfois gênants. Je suis le premier à dire qu’il faut reconnaître et affirmer sa propre valeur, mais il cède parfois à la vanité.
Il reste évidemment quelques bons passages, et ce premier « Et si » qui m’a tant secoué. Je pense que je ne vais pas tarder à me procurer le second volume du journal et que je vais bientôt lire un autre livre de lui…

Et si Conche n'avait pas écrit ? Et si je ne l'avais pas lu ?