jeudi 28 juin 2007

Le plaisir de couper les pages...


Je viens de récupérer les livres de Julien Gracq que j'avais commandé à mon libraire.
Ce qui est bien avec ces ouvrages (les Entretiens et les deux tomes des Lettrines), en dehors de leur contenu, c'est leur aspect. Les couvertures, simples, mais surtout les pages qu'il faut découper pour découvrir le texte.
J'aime ce côté découverte, même s'il ne faut pas être pressé. Et puis cela me permet d'utiliser un coupe - papier...

mardi 26 juin 2007

Ma bibliothèque est sur Internet

Library Thing est un site en anglophone qui permet de mettre en ligne le catalogue de votre bibliothèque. Comme tous les catalogues sont connectés, il est possible de faire des recherches par genre, par auteur, par recommandation. Il est également possible de laisser des critiques. Du coup, si vous manquez d'idées de lecture, il vous suffit de regarder la fiche d'un livre ou d'un auteur pour trouver d'autres romans liés.

J’y ai mis en ligne ma bibliothèque.

samedi 23 juin 2007

Deux recueils de citations



Je viens de me procurer deux des recueils de citations dont parle Gilles G. Jobin sur son blog « Au fil de mes lectures ».

Ce sont de précieux outils qui vont me permettre de noyer mes élèves sous les citations l’année scolaire prochaine, mais qui me permettent également de retrouver les auteurs de mots célèbres et l’intégralité de citations parfois tronquées

mardi 12 juin 2007

Pourquoi lire Borges ?

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Taxés d'érudits et de complexes, les livres de Borges défient le lecteur, qui tourne souvent autour sans oser s'y plonger. On l'a jugé pédant, fermé sur lui-même, on l'a traité de rat de bibliothèque (ce dont il était plutôt fier !) étalant fièrement son érudition dans des nouvelles qui semblent de mini encyclopédies. On a tort !

S’il y a quelque chose de vrai là-dedans, c’est que Borges ne consultait pas les encyclopédies, il les lisait. L’écriture de Borges était tout entière encyclopédique : recouper, copier-coller des histoires et des faits qui jamais n'auraient dû se croiser, comme deux entrées placées côte à côte dans un dictionnaire par le seul miracle de l'ordre alphabétique, et dont le rapprochement constitue l'ouverture secrète sur un monde parallèle. Explorer en fait.

Ce que Borges aurait emporté sur une île déserte ? Une encyclopédie, bien sûr, car ce faisant il aurait emporté avec lui le reste du monde. Ce que produit Borges en utilisant tout ce qu'il absorbe de ses lectures, c'est une " prodigieuse illusion de savoir " ; ce qui l'anime, une curiosité jamais rassasiée, la volonté d'embrasser l'intégralité du monde en un seul regard.

Lire Borges c'est comme retrouver un ami fort sage et malicieux qui adore vous raconter des histoires qui vous donnent envie de vous cultiver, de découvrir les livres dont il parle avec passion et intelligence. C'est pour moi le monument littéraire le plus facile d'accès, doté d’une écriture simple et directe, sans fioriture. Borges a la faculté de tailler dans le récit pour n'en laisser que l’essentiel, la structure.

Selon Alan Pauls, auteur d’un essai sur Borges (le Facteur Borges) il faut oser lire le maître comme il doit être lu, en replaçant le rire au coeur de l'écriture, " un rire qui nous enlève et nous transporte en un lieu hors de la pensée ". On raconte qu'avec son complice Bioy Casares, Borges s'enfermait des journées entières pour écrire, et qu'on entendait fuser les fous rires au travers de la porte...

De Borges, on peut lire :

- Fictions, un recueil contenant 16 nouvelles ou contes relevant du fantastique. Je recommande particulièrement « Tlön, Uqbar, Orbis Tertius » qui raconte une conspiration d'intellectuels pour créer un monde imaginaire. Il y a aussi « La bibliothèque de Babel » / imaginez que l'univers soit une immense bibliothèque sur les étagères de laquelle repose un nombre infini de livres.

- L’Aleph, un recueil de dix-sept nouvelles où l’on retrouve les thèmes de prédilection de Borges : les nombreuses références littéraires (parfois volontairement fantaisistes), la métaphysique, les labyrinthes, l'infini, la mort et l’immortalité. Je recommande justement la lecture de « L’Immortel » qui relate l’histoire d’un soldat romain qui se met en quête de découvrir le fleuve d’immortalité qui coule au bord du monde.

lundi 11 juin 2007

Pourquoi lire Tolkien ?

Le Seigneur des anneaux raconte la fin d’un monde, ou d’une époque au moins.

La « Terre du Milieu », où vivent des peuples très différents (hobbits, elfes, nains, hommes, etc.) est menacée par la réapparition d’une entité maléfique nommée Sauron (dont la montée en puissance est décrite dans « le Silmarillion »). Afin de prendre le dessus définitivement, Sauron cherche à reconquérir « l’anneau unique », forgé par lui et dont le pouvoir lui permettrait d’asservir tous les peuples. Or, les forces du bien découvrent qu’elles possèdent cet anneau, qui a été trouvé par hasard par un hobbit (le récit de cela est fait dans « Bilbo le Hobbit »). Ils décident ensemble de faire l’unique chose susceptible d’affaiblir voire anéantir leur ennemi : détruire l’anneau. Mais pour ce faire, il faut entrer dans le cœur même du royaume de Sauron. Une compagnie composée de représentants des différents peuples se met alors en marche pour cette quête, longue et pleine de rebondissements. L’anneau est finalement détruit, l’ennemi est vaincu, mais la Terre du Milieu en reste marquée et amorce son déclin.

Cette œuvre en trois tomes, que l’on peut classer dans le genre « conte» est à l’origine d’un style appelé « heroic fantasy », qui a donné lieu à une abondante production et aux jeux dits « de rôles dont j’ai déjà parlé .

L’auteur, professeur de littérature anglo-saxonne, spécialiste dans le genre littéraire du conte (voir son essai Faerie),est un écrivain prolifique: occupé pendant presque toute sa vie à créer une nouvelle mythologie, de l’origine d’un monde aux histoires liées à ses différents âges, la somme de ce qu’il a écrit dépasse largement le cadre du Seigneur des Anneaux ( son fils a d’ailleurs compilé tous les écrits de son père au sujet de la Terre du Milieu dans une série de livres intitulée History of Middle Earth)

Plus qu’un univers, J.R.R. Tolkien a aussi réinventé des créatures mythologiques (ses elfes n’ont plus rien à voir avec leurs ancêtres nordiques), il a créé des langages (elfe, nain et autres.), une écriture, à partir de principes linguistiques étudiés en profondeur et de l’héritage mythologique anglo-germanique. Le Seigneur des Anneaux intervient à la fin de milliers d’années d’histoires de ce monde, dont il ne reste que des bribes (voir Contes et Légendes inachevées du même auteur).

Les premiers lecteurs ont pu croire à une allégorie sur la Seconde Guerre mondiale, alors toute proche : des peuples alliés contre un ennemi à la recherche de l’arme suprême, la comparaison est tentante. Mais Tolkien lui-même corrige cela dans la première édition de poche autorisée aux Etats-Unis. Dans la préface, il explique que la Seconde Guerre mondiale n’a pu influencer son écriture pour la simple raison que l’essentiel de l’intrigue avait été déjà écrit en 1939, donc avant que la guerre n’éclate et que les alliances se créent. Il reconnaît toutefois l’influence, s’il doit y en avoir une, qu’a eue la Première Guerre mondiale, avec son lot de souffrance et de malheur, sur son œuvre.

L’appartenance du récit à deux genres différents, le conte et l’épopée, est très marquée. Tous les éléments du conte y sont : l’apparition très progressive de la magie et du surnaturel dans un monde très réel (la maison hobbit est un vrai cottage anglais), la transformation subie par les personnages au cours de l’histoire, le passage par des épreuves physiques et psychologiques, les leçons de vie sur les choix à faire. Mais il réunit également tous les ingrédients de l’épopée chevaleresque : mise en exergue du courage, de l’honneur, de la parole donnée, de l’engagement amoureux ; intrigues secrètes, rois et reines détrônés puis restaurés.

L’épopée se sent aussi dans la complexité des caractères, qui dépasse celle des personnages d’un conte. La dualité de Gollum, Bilbo ou Frodon est profonde et le personnage de Sam Gamegie n’est pas sans rappeler celui d’un Sancho Pansa, plus visionnaire que son maître. La beauté et la grâce des elfes n’effacent pas leur nostalgie excessive pour une splendeur passée et une relative indifférence aux aléas du monde. De plus, tout ceci est ancré dans une histoire ancienne préalable, souvent évoquée, qui donne des racines solides à l’histoire contée.

Tout lecteur qui aborde le Seigneur des Anneaux en croyant lire un simple livre d’aventures sera forcément un peu déçu : oui, il y a des événements extraordinaires à foison, mais ils sont ponctués de moments plus lents consacrés à la psychologie des personnages et à la description de paysages. Cela reste malgré tout une œuvre majeure du XXe siècle que je vous recommande de lire afin d’ouvrir les portes de votre imaginaire à la Terre du Milieu. En persévérant au – delà des trois premiers chapitres, vous ne serez pas déçu.

dimanche 10 juin 2007

Julien Gracq et Tolkien

En parcourant le net à la recherche d’information sur « the children of Hurin », une réédition complètement remaniée d’une grande partie des textes composant « le Silmarillion », je suis tombé sur des références liant Tolkien et Julien Gracq dont je parlais ici.

Julien Gracq est l’un des premiers auteurs français à avoir évoqué Tolkien, et pris position en sa faveur. Dans "En lisant en écrivant" (en 1980), il déclare "Enigmatique et irritant pour l'esprit le cas de ces écrivains que la librairie a imposé à la littérature" et cite Tolkien parmi ces auteurs dont le succès populaire précède la reconnaissance des professionnels de la littérature.

Il dit également de l’œuvre de Tolkien : « « La dernière très forte impression de lecture que j'ai ressentie m'a été causée, il y a sept ou huit ans, par Le Seigneur des Anneaux, de Tolkien, où la vertu romanesque resurgissait intacte et neuve dans un domaine complètement inattendu. »

Je vais du coup me plonger un peu plus sérieusement dans le numéro du Magazine littéraire consacré à Julien Gracq et même peut-être lire les « Entretiens » qu’il a accordé, parus en 2002 chez José Corti.