jeudi 28 octobre 2010

Des expériences intéressantes

Voici les liens vers les bibliothèques virtuelles reconstituées d'auteurs ou de personnalités :

- Marie - Antoinette : http://www.librarything.com/catalog/MarieAntoinette
- Robert E Howard : http://www.librarything.com/profile/RobertEHoward
- Kafka : http://www.librarything.com/profile/Franz_Kafka

Et certaines en cours d'élaboration :

- Jean, duc de Berry : http://www.librarything.com/catalog/Jean_Duc_de_Berry
- Gustave Flaubert : http://www.librarything.com/catalog/GustaveFlaubert
- James Joyce : http://www.librarything.com/profile/JamesAJoyce
- C.S lewis : http://www.librarything.com/profile/JamesAJoyce
- Montaigne : http://www.librarything.fr/catalog/micheldemontaigne
- Leonard de Vinci : http://www.librarything.com/catalog/LeonardodaVinci

mercredi 27 octobre 2010

Un très beau texte sur l'histoire et le roman historique

C'est tiré de l'Avant-propos de Gaule & France d’Alexandre Dumas, publié en 1833.

"L’histoire de France, grâce à messieurs Mézeray, Vély, et Anquetil, a acquis une telle réputation d’ennui, qu’elle en peut disputer le prix avec avantage à toutes les histoires du monde connu : aussi le roman historique fut-il chose complètement étrangère à notre littérature jusqu’au moment où nous arrivèrent les chefs-d’œuvre de Walter Scott. Je dis étrangère, car je ne présume pas que l’on prenne sérieusement pour romans historiques le Siège de la Rochelle, de madame de Genlis, et Mathilde, ou les Croisades, de madame de Cottin. Jusqu’à cette époque nous ne connaissions donc réellement que le roman pastoral, le roman de mœurs, le roman d’alcôve, le roman de chevalerie, le roman de passion, et le roman sentimental. L’Astrée, Gil Blas, le Sofa, le petit Jehan de Saintré, Manon Lescaut, et Amélie Mansfield, furent les chefs-d’œuvre de chacun de ces genres.
Il en advint que notre étonnement fut grand en France lorsque, après avoir lu Ivanhoe, le Château de Kenilworth, Richard en Palestine, nous fûmes forcés de reconnaître la supériorité de ces romans sur les nôtres. C’est que Walter Scott aux qualités instinctives de ses prédécesseurs joignait les connaissances acquises, à l’étude du coeur des hommes la science de l’histoire des peuples ; c’est que, doué d’une curiosité archéologique, d’un coup d’œil exact, d’une puissance vivifiante, son génie résurrectionnel évoque toute une époque, avec ses moeurs, ses intérêts, ses passions, depuis Gurth le gardien de pourceaux jusqu’à Richard le chevalier noir, depuis Michaël Lambourn le spadassin, jusqu’à Elisabeth la reine régicide, depuis le chevalier de Léopard jusqu’à Sallah-Eddin le royal médecin : c’est que sous sa plume enfin, hommes et choses reprennent vie et place à la date où ils ont existé, que le lecteur se trouve insensiblement transporté au milieu d’un monde complet, dans toutes les harmonies de son échelle sociale, et qu’il se demande s’il n’est pas descendu par quelque escalier magique dans un de ces univers souterrains comme on en trouve dans les Mille et une Nuits.

Mais nous ne nous rendîmes point ainsi tout d’abord, et nous crûmes longtemps que cet intérêt inconnu que nous trouvions dans les romans de Walter Scott tenait à ce que l’histoire d’Angleterre offrait par ses évènements plus de variétés que la nôtre. Nous préférions attribuer la supériorité que nous ne pouvions nier à l’enchaînement des choses, plutôt qu’au génie de l’homme. Cela consolait notre amour-propre, et mettait Dieu de moitié dans notre défaite. Nous étions encore retranchés derrière cet argument, nous y défendant du moins mal qu’il nous était possible, lorsque Quentin Durward parut et battit en brèche le rempart de nos paresseuses excuses. Il fallut dès lors convenir que notre histoire avait aussi ses pages romanesques et poétiques ; et, pour comble d’humiliation, un Anglais les avait lues avant nous, et nous ne les connaissions encore que traduites d’une langue étrangère. Nous avons le défaut d’être vaniteux ; mais en échange nous avons le bonheur de ne pas être entêtés : vaincus, nous avouons franchement notre défaite, par la certitude que nous avons de rattraper quelque jour la victoire.

Notre jeunesse, que les circonstances graves de nos derniers temps avaient préparée à des études sérieuses, se mit ardemment à l’œuvre ; chacun s’enfonça dans la mine historique de nos bibliothèques, cherchant le filon qui lui paraissait le plus riche ; Buchon, Thierry, Barante, Sismondi et Guizot en revinrent avec des trésors qu’ils déposèrent généreusement sur nos places publiques, afin que chacun pût y puiser. Aussitôt la foule se précipita sur le minerai, et pendant quelques années il y eut un grand gaspillage de pourpoints, de chaperons et de poulaines ; un grand bruit d’armures, de heaumes et de dagues ; une grande confusion entre la langue d’Oil et la langue d’Oc : enfin du creuset de nos alchimistes modernes sortirent Cinq-Mars et Notre-Dame de Paris, deux lingots d’or pour un monceau de cendres.
Cependant les autres tentatives, tout incomplètes qu’elles étaient, produisirent du moins un résultat, ce fut de donner le goût de notre histoire : mauvais, médiocre ou bon, tout ce qui fut écrit sur ce sujet fut à peu près lu, on se figura que l’on connaissait aussi leurs chroniques. Chacun alors passa de la science de l’histoire générale au désir de connaître l’histoire privée : cette disposition d’esprit fut habilement remarquée par les Ouvrards littéraires : il se fit aussitôt une immense commande de mémoires inédits ; chaque époque eut son Brantôme, sa Motteville et son Saint-Simon ; tout cela se vendit jusqu’au dernier exemplaire : il n’y eut que les Mémoires de Napoléon qui s’écoulèrent difficilement : ils arrivaient après la Contemporaine.

L’école positive cria que tout cela était un grand malheur ; qu’on n’apprenait rien de réel ni de solide dans les romans historiques et avec les mémoires apocryphes ; que c’étaient des branches fausses et bâtardes qui n’appartenaient à aucun genre de littérature, et que ce qui restait de ces rapsodies dans la tête de ceux qui les avaient lues ne servait qu’à leur donner une idée inexacte des hommes et des choses, en les leur faisant envisager sous un faux point de vue ; que d’ailleurs l’intérêt dans ces sortes de productions était toujours absorbé par le personnage d’imagination, et que, par conséquent, c’était la partie romanesque qui laissait le plus de souvenirs. On leur opposa Walter Scott, qui certes a plus appris à ses compatriotes de faits historiques avec ses romans que Hume, Robertson et Lignard avec leurs histoires : ils répondirent que cela était vrai, mais que nous n’avions rien fait qui pût se comparer à ce qu’avait fait Walter Scott ; et sur ce point ils avaient raison : en conséquence, ils renvoyaient impitoyablement aux chroniques mêmes ; et sur ce point ils avaient tort. À moins d’une étude particulière de langue, que tout le monde n’a pas le temps de faire, et qui cause une fatigue que les hommes spéciaux ont seuls le courage de supporter, nos chroniques sont assez difficiles à lire depuis Villehardoin jusqu’à Joinville, c’est -à-dire depuis la fin du douzième siècle jusqu’à la fin du quatorzième.
(…)
Le lecteur se trouve, par conséquent, enfermé entre l’histoire proprement dite, qui n’est qu’une compilation ennuyeuse de dates et de faits rattachés chronologiquement les uns aux autres ; entre le roman historique, qui, à moins d’être écrit avec le génie et la science de Watler Scott, n’est qu’une lanterne magique sans lumière, sans couleur et sans portée, et enfin entre les chroniques originales, source certaine, profonde et intarissable, mais d’où l’eau sort si troublée qu’il est presque impossible à des yeux inhabiles de voir le fond à travers les flots.
(…)
La grande difficulté, selon nous, est de se garder de ces deux fautes, dont la première, nous l’avons dit, fut de maigrir le passé comme l’a fait l’histoire, et la seconde de défigurer l’histoire comme l’a fait le roman."

lundi 25 octobre 2010

Des bibliothèques en vidéo





J'ai trouvé une série de vidéos présentant des interviews de "personnalités" présentant leur bibliothèque. J'en ai sélectionné deux : Frédéric Diefenthal et Anny Duperey.

dimanche 17 octobre 2010

Une histoire du Japon


Après lecture d'un article sur ce blog, j'ai envie d'acheter et lire la Nouvelle histoire du Japon de Pierre-François Souyri paru en septembre chez Perrin.

Le souffle d'autrefois



Il y a quelque chose d'ironique à ce que je lise Le grand périple d'Esculape de Horia Stancu, alors que je suis quasi immobilisé par un terrible mal de dos !
Ce roman de la collection Plein Vent narre les aventures du médecin grec à travers l'Egypte, l'Afrique, le Moyen Orient et la Turquie. Car dans ce livre, Esculape est un homme, et non un dieu.
Sa lecture m'a rappelé mon enfance, lorsque j'empruntais les ouvrages de cette collection, chaque semaine, à la bibliothèque du village voisin. Mais ce roman n'est pas seulement pour les enfants et l'adulte que je suis devenu y a trouvé son compte. Esculape porte un regard désabusé sur les hommes de son temps, leur bêtise et leurs passions. Et sa quête absolu de savoir est émouvante.
Une lecture rapide (il faut dire que je ne peux presque rien faire d'autre) mais enrichissante.

jeudi 14 octobre 2010

Ouragan

Je viens de terminer la lecture de ce roman de Laurent Gaudé, publié chez Actes Sud. C'est un livre formidable.
Il m'a plusieurs fois appelée, cet Ouragan, depuis la table sur laquelle il était exposé. D'abord sa couverture m'a frappée, un jeune femme noire, magnifique, tête baissée et les cheveux dressés. Le titre aussi, bref et terrible. Puis le quatrième de couverture m'a attrapée: "une dizaine de personnages qui se croisent ou se rencontrent": j'adore les histoires où tout s'entremêle, ou le hasard bringuebale chacun. Là, l'action se déroule pendant l'ouragan qui a détruit et inondé la Nouvelle Orléans.
L'écriture m'a plu par sa fausse simplicité et sa terrible efficacité. Ce roman est violent, à tous égards. L'auteur ne se préoccupe pas de ce que pourrait souhaiter le lecteur: il va au bout de ce qu'il a décidé. Quitte à rendre la lecture douloureuse.
On suit donc plusieurs personnages, dont certains m'ont naturellement plus parlé que d'autres: Joséphine, que sa fierté rend si majestueuse, qui porte en elle et avec elle l'histoire des Noirs de la Nouvelle Orléans et d'ailleurs, que je pourrais reconnaître dans la rue si je la croisais, tant j'ai l'impression de l'avoir accompagnée. Et puis il y a Keanu et sa douleur d'homme, magnifique dans son authenticité, enfin ouvert à la vie, éclairé subitement. Et Rose, bouleversante. Ne serait-ce que pour rencontrer Rose, il faut lire ce livre. Rose et cet enfant qu'elle rejette silencieusement, profondément, tristement, mais qu'elle aime pourtant sans condition. Rose qui s'est égarée et n'attend rien. Rose qui vit parce qu'il le faut bien.
Trop de passages du roman m'ont marquée pour que je les retranscrive tous. En voici quelques-uns, ceux qui aujourd'hui me semblent les plus aigus. Probablement ces extraits ne peuvent-ils parler à celui qui connaît le le roman (ou qui me connaît moi) , mais tant pis.
"Il est beau - non pas qu'il soit parfait, mais il a cette force puissante qui rend un homme indéracinable."
"Il l'a prise dans ses bras pour qu'elle arrête de marcher et de tourner et il lui a dit qu'ils allaient le retrouver."
"(...) il la voit qui pleure doucement mais il poursuit son récit, il sait qu'elle comprend qu'elle est en train de répondre à sa question, d'y répondre comme il ne l'a jamais fait et c'est peut-être aussi pour cela qu'elle pleure, de la violence des images qu'il évoque mais aussi de la beauté du cadeau qu'il lui fait, il sent qu'elle est avec lui, dans ce récit, (...)"
"O le long baiser qui dure et soulève les vies, balaie la poussière de nos errances. (...) O le long baiser qui ne s'arrête que pour recommencer et qui cloue la nuit au silence."

samedi 9 octobre 2010

Une partie de la bibliothèque de Borges retrouvée !


Un poème inconnu de Jorge Luis Borges et près de 800 livres souvent annotés de sa main ont été découverts à la Bibliothèque nationale de Buenos Aires. Ces livres sont issus d'un don de l'écrivain lors de sa mise à la retraite par le général Juan Perón, en 1973, et ils ont dormi jusqu'ici. Cette collection est particulièrement précieuse car elle contient des plans de futurs ouvrages et des commentaires en marge, ainsi qu'un poème atypique de Borges.

Si cela vous intéresse, suivez ce lien :

http://www.revuerectoverso.com/spip.php?article65

La bibliothèque de Marilyn



Je suis curieux des bibliothèques des gens, qu'ils soient célèbres ou non. En feuilletant le livre des écrits intimes de l'actrice qui vient de sortir au Seuil, je suis tombé sur un passage concernant sa bibliothèque :
""Dans la journée, je gagnais ma vie avec des petits rôles dans les films. Je suivais des cours d'histoire de la littérature et d'histoire de ce pays; je lisais beaucoup, de grands écrivains."Sa bibliothèque compte plus de 400 livres, des classiques (Milton, Dostoïevski, Whitman) aux contemporains (Hemingway, Beckett, Kerouac)."
Sur les photos qui illustrent le livre, on peut la voir lire du Heinrich Heine, du Joyce, un essai sur Goya, du Arthur Miller. On la voit en compagnie de Truman Capote, Carson McCullers et Karen Blixen.
J'ai eu, comme beaucoup, une passion adolescente pour Marilyn Monroe. J'apprécie certains de ses films et certaines de ses chansons. Ce recueil de textes de sa main devrait me permettre de saisir un peu sa pensée.

je rajoute ici un lien vers un blog recensant les livres de Marilyn vendus aux enchères :
http://www.booktryst.com/2010/10/marilyn-monroe-avid-reader-writer-book.html

mardi 5 octobre 2010

Avec vue sur la chambre

Mon bibliothécaire particulier m'a offert un petit livre de chez Chomant : Avec vue sur la chambre, d'Emmanuelle Halgand.
J'aime toujours autant leurs livres, en tant qu'objets; je n'y reviens pas car j'en ai déjà parlé pour La tâche d'encre...
Il n'y a pas vraiment d'histoire. On accompagne une jeune femme au fil des pages, dans son quotidien, les hauts et les bas de ses amours, de sa vie. L'auteur se réfère beaucoup à ses sensations, et c'est d'ailleurs pour cela que ce livre m'a été offert car ce sont mes sens qui me guident, parfois qui me dominent.
C'est amusant comme certaines remarques ont fait écho en moi, alors que des chapitres entiers me sont restés étrangers. Ce n'est pas une lecture inoubliable, mais elle m'a plu: j'ai découvert un autre univers, typiquement féminin, et plusieurs fois j'ai souri de me reconnaître, de lire des pensées intimes, parfois secrètes, dépourvues de sens, irrationnelles ou parfaitement terre à terre, mais manifestement communes à bien des femmes.
Le sous-titre est "Chronique hédoniste". Je n'ai pas trouvé cette femme vraiment hédoniste. Elle ressent, elle abuse parfois, mais elle prend aussi soin de l'autre et n'est pas entièrement tournée vers elle-même.
Ou bien ai-je mal compris ce qu'est l'hédonisme?