samedi 9 février 2013

Les soixante ans du Livre de poche


Les éditions Hachette lançaient leur collection de livre de poche le 9 février 1953. L'un des premiers livres édités sous ce format fut le roman Koenigsmark de Pierre Benoît.
Pour en savoir plus sur cette collection qui fait partie de notre vie quotidienne, voici le lien vers le dossier de presse consacré à cet anniversaire.




J'ai retrouvé le roman de Pierre Benoît dans notre bibliothèque. Il ne s'agit pas de l'édition de 1953, mais, hasard, d'une réédition de 1963. Mais j'ai eu une autre surprise en ouvrant ce livre. Il a appartenu à ma mère qui l'a obtenu en prix en 1964 alors qu'elle était en classe de troisième. Je l'avais oublié.


Heureuse époque où l'on récompensait le travail scolaire avec des livres. J'ai connu moi-même ces distributions des prix en école primaire. Si le principe du classement est contestable (encore que je n'en suis plus si convaincu), le fait d'offrir des livres me semble important.

vendredi 8 février 2013

(Re)lecture de Conche

En attendant de lire le tome V de son Journal étrange, j'ai relu le tome IV ainsi que le recueil Analyse de l'amour et autre sujets.
J'aime beaucoup la pensée de Marcel Conche et il me semble un philosophe accessible au non - philosophe que je suis. Son explication de la non - existence de Dieu par la souffrance des enfants est séduisante et ses propos sur l'amour éclairants.

Voici quelques extraits :

- sur la politique :
"L'homme d'aujourd'hui n'a pas le temps de laisser les sentiments lentement croître. La décision devance l'âme, de sorte que l'homme n'est plus que volonté claire, sans âme."

- sur le devoir : 
"Dans les actions faites par devoir, il y a aussi des degrés nombreux, depuis les devoirs moraux inconditionnels jusqu'au devoir éthique de politesse, en passant par les devoirs conditionnels liés au métier, à la situation."
"Vous devez être droit, et juste, et pur, et généreux, et calme, et cependant nul ne vous en saura gré, jamais. C'est cela, la morale."

- sur le civisme et la civilité :
"La civilité n'est pas le civisme(de civis, citoyen).(...) le civisme du citoyen qui se regarde comme membre de l'Etat, qui se laisse conduire par les lois, et conspire avec elle au bien public"(...). L'incivisme est une faute envers l'Etat ou la patrie, l'incivilité est une faute envers l'homme. (...° Etre civil, c'est ne pas refuser d'accorder à autrui son honneur et sa dignité d'être humain ; c'est le contraire du mépris des autres, dit La Bruyère."

Cependant, Conche est parfois désuet. En se voulant hors du temps, il est parfois d'un autre temps. Ses propos sur les femmes, parfois, peuvent paraitre misogynes. 
Au chapitre XXIV de son journal, on peut lire aussi ces propos sur l'antisémitisme :
"Aujourd'hui, alors que l'on sait, que tout le monde sait ce qu'être "antisémite" peut vouloir dire, il me semble que l'antisémitisme n'est, au pire, qu'un relent du passé : les jeunes générations (sauf cas très particuliers) en sont exemptes, et l'idée qu'il est très répandu est largement un mythe".
Comment un homme aussi éclairé peut-il écrire une telle contre-vérité ? Je crois que Marcel Conche ne connait pas toute la France ou du moins toutes ses composantes. Son métier de professeur ne l'a pas amené au contact des jeunes des banlieues, de la jeunesse  peu pensantes par elle-même qui peuple nos collège et nos lycées.
Je retrouve en le lisant le plaisir que j'ai à lire Gracq : une écriture lente et précieuse et les propos d'un homme plus proche du XIXe siècle que du XXIe. 

Il y a dans Analyse de l'amour deux exposés qui m'ont plu : celui qui donne son titre au recueil dans lequel Conche décrit si bien l'amour vrai (de la page 6 à 12 notamment) même si je n'adhère pas au troisième côté (la volonté) et celui qui développe ce que la philosophie grecque doit à Homère. Ce texte m'a donné envie de lire un autre texte de Conche, ses Essais sur Homère.