jeudi 25 août 2016

Une librairie flottante


Lors d'une escale aux Seychelles, en novembre 2015


Le Logos-Hope est un ancien ferry construit en 1973, acheté et rénové par GBA Ships grâce à des dons en 2004 puis mis en circulation dès février 2009, qui a été transformé en librairie flottante humanitaire.
GBA Ships est une organisation internationale chrétienne à but non lucratif basée en Allemagne qui propose à son bord plus de 5000 livres dans des domaines variés. Les livres se vendent par unité : 100 unité valant 1 200  francs CFA (environ 2 euros). Un livre peut coûter 1000 unités.
A bord, 400 volontaires de 60 nationalités différentes discutent avec les visiteurs. L’argent récolté servira à des œuvres caritatives.
Le Logos - Hope mouille actuellement au Cameroun.

Michel Butor (1926 - 2016)

L'écrivain Michel Butor est mort ce 24 août. Il vivait retiré en Haute-Savoie dans un grand chalet envahi par les livres. Je me permet de rependre deux textes écrits à son propos dans lesquels deux lectrices expliquent pourquoi elles aiment les écrits de Michel Butor.

Michel Butor est mort hier, et c'est un auteur que j'aime. Le Monde écrit à son sujet : "Mais, à vrai dire, tout pouvait susciter chez lui un engouement : un herbier, un musée, un atelier, un album de photographies, une ruine, des collages, une œuvre artisanale, un calendrier, une architecture. Tout ranimait le goût de la langue et une sorte de devoir de description inépuisable. Il jouait sur les mots avec gaieté, avec sensualité, mais sans superficialité ; les mots et les langues étrangères ; ce n’était pas plus un poète de l’épanchement lyrique qu’un poète formaliste."
Voilà exactement ce qui me plaît dans ses écrits : cet "engouement" pour la vie, sous de multiples formes. Le mois dernier, Michel Butor a dit, dans une interview : "une des façons les plus importantes d’agir sur la réalité, c’est de passer par le langage". Je trouve cette phrase très forte, car elle est simple et profonde à la fois.
Et comme il était curieux de tout, Michel Butor a aussi écrit sur les mathématiques :

 LA QUADRATURE DU CERCLE A PARME 
 ou le sfumato des mathématiques

 Le grec qui s’interrogeait à l’ombre des colonnes 
de quelque temple dédié aux déesses de la mesure 
au bord de la mer transparente sur la distance 
entre deux retours de la même irrégularité 
scandant la trace d’une roue de char sur le sable
 par rapport à l’un de ses rayons.

A dû d’abord croire que ses difficultés
venaient de ce que la plage n’était pas assez lisse
et la roue pas assez bien faite mais
lorsqu’après avoir multiplié les précautions
pour approcher de plus en plus d’une plage
céleste et d’une roue divine

Il s’est aperçu qu’en prenant
des unités aussi petites que possible
il restait toujours une différence
une blessure par laquelle s’écoulaient
indéfiniment des chiffres aussi nombreux
que les grains de sable de la mer

Il a dû se dire que c’était encore une manifestation
de la malice des puissances voulant empêcher
les mortels de gravir jamais leur Olympe
et demeurer seuls dans leur jour en nous laissant
dans notre nuit et qu’il n’y avait qu’à se résigner
devant l’arbitraire de ces vieux dieux

Mais lorsqu’il a décidé de nommer ce nombre élusif
s’il a choisi la première lettre du mot périphérie
n’était-ce pas aussi parce que dans son écriture
elle évoquait immanquablement une porte
avec son linteau et ses deux appuis
qui peut et doit ouvrir dans le mur du destin

Sur les chemins de la nuit et du jour
mariant le clair et l’obscur sur l’évangile
d’un monde inépuisablement plus vaste
que celui des anciens les horizons s’élargissant
en spirale dans la lecture traduction
des ermites futurs dialoguant avec les fauves

A la lumière des nouveau-nés la Terre carrée
s’égalant au Ciel circulaire devenant
un cercle elle-même osant être sphère
les bergers se réfléchissant
dans les anges tourbillonnaires
de ses coupoles prophétiques

Ce premier article vient d'ici.

"Vous avez mis le pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule droite vous essayez en vain de pousser un peu plus le panneau coulissant. Vous vous introduisez par l'étroite ouverture en vous frottant contre ses bords, puis, votre valise couverte de granuleux cuir sombre couleur d'épaisse bouteille, votre valise assez petite d'homme habitué aux longs voyages, vous l'arrachez par sa poignée collante, avec vos doigts qui se sont échauffés, si peu lourde qu'elle soit, de l'avoir portée jusqu'ici, vous la soulevez et vous sentez vos muscles et vos tendons se dessiner non seulement dans vos phalanges, dans votre paume, votre poignet et votre bras, mais dans votre épaule aussi, dans toute la moitié du dos et dans vos vertèbres depuis votre cou jusqu'aux reins. Non, ce n'est pas seulement l'heure, à peine matinale, qui est responsable de cette faiblesse inhabituelle, c'est déjà l'âge qui cherche à vous convaincre de sa domination sur votre corps, et pourtant, vous venez seulement d'atteindre les quarante-cinq ans. Vos yeux sont mal ouverts, comme voilés de fumée légère, vos paupières sensibles et mal lubrifiées, vos tempes crispées, à la peau tendue et comme raidie en plis minces, vos cheveux qui se clairsèment et grisonnent, insensiblement pour autrui mais non pour vous, pour Henriette et pour Cécile, ni même pour les enfants désormais, sont un peu hérissés et tout votre corps à l'intérieur de vos habits qui le gênent, le serrent et lui pèsent, est comme baigné, dans son réveil imparfait, d'une eau agitée et gazeuse pleine d'animalcules en suspension. Si vous êtes entré dans ce compartiment, c'est que le coin couloir face à la marche à votre gauche est libre, cette place même que vous auriez fait demandé par Marnal comme à l'habitude s'il avait été encore temps de retenir, mais non que vous auriez demandé vous-même par téléphone, car il ne fallait pas que quelqu'un sût chez Scabelli que c'était vers Rome que vous vous échappiez pour ces quelques jours. Un homme à votre droite, son visage à la hauteur de votre coude, assis en face de cette place où vous allez vous installer pour ce voyage, un peu plus jeune que vous, quarante ans tout au plus, plus grand que vous, pâle, aux cheveux plus gris que les vôtres, aux yeux clignotants derrière des verres très grossissants, aux mains longues et agitées, aux ongles rongés et brunis de tabac, aux doigts qui se croisent et se décroisent nerveusement dans l'impatience du départ, selon toute vraisemblance le possesseur de cette serviette noire bourrée de dossiers dont vous apercevez quelques coins colorés qui s'insinuent par une couture défaite, et de livres sans doute ennuyeux, reliés, au-dessus de lui comme un emblème, comme une légende qui n'en est pas moins explicative, ou énigmatique, pour être une chose, une possession et non un mot, posée sur le filet de métal aux trous carrés, et appuyée sur la paroi du corridor, cet homme vous dévisage, agacé par votre immobilité, debout, ses pieds gênés par vos pieds."    

C'est l'incipit de La Modification de Michel Butor sur lequel j'ai beaucoup travaillé et qui est fréquemment utilisé lors d'ateliers d'écriture pour la minutie descriptive au scalpel et l'implication du lecteur dans le processus d'écriture.... Michel Butor est décédé hier, à l'âge de 89 ans.

L'article ci-dessus a été publié sur Google en privé mais son auteur m'a autorisé à le reproduire ici.


samedi 20 août 2016

Lectures présidentielles d'été




Comme l'an dernier, le président américain Obama a dévoilé le titre de ses lectures de vacances. Au menu, thriller, autobiographie sportive, récit animalier, histoire et science-fiction : 
- La Fille du train de Paula Hawkins, thriller à succès 
- Barbarian days : a surfing life de William Finnegan, autobiographie d'un journaliste et surfer. 
 - H is for Hawk d'Helen Macdonald, récit biographique dans lequel la narratrice, en deuil de son père, adopte un autour dont le dressage s'avère bien difficile. 
- The Underground railroad de Colson Whitehead, roman historique retraçant les péripéties d'une jeune esclave noire, Cora, dans une plantation de coton en Géorgie et qui va tenter de s'échapper. 
 - Seveneves de Neal Stephenson, un roman de science - fiction. La fin du monde est proche. La lune explose et un groupe de 200 humains est envoyée dans la Station spatiale internationale, malgré la pluie de météorites suivant l'explosion. Alors que la Terre est en feu, tout l'espoir réside dans l'arche et ses 200 humains, dont la mission sera de repeupler l'humanité détruite.

Cette idée est-elle une tentative de réaction suite à la publication d'une étude du Pew Research Center, effec­tuée en 2014, qui dévoile que 23% de la popu­la­tion améri­caine avoue ne pas avoir lu le moindre livre depuis un an ? Une seconde étude, de l'U.S. Bureau of Labor Statis­tics, estime quant à elle à huit minutes la durée moyenne de lecture quoti­dienne d'un Améri­cain âgé entre 25 et 34 ans.

La photo illustrant l'article montre le couple Obama faisant  une lecture animée du livre Max et les Maximonstres à des enfants lors des fêtes de Pâques à la Maison Blanche, le 28 mars dernier.

mercredi 17 août 2016

Avancée du jardin statuaire



Il avance peu à peu, grâce au travail de mon fils.




jeudi 4 août 2016

Les écrivains les plus riches

Un classement, réalisé par le magazine Forbes, compile des chiffres officiels et des analyses d’experts du secteur afin d’estimer les revenus des auteurs sur leurs ventes mais aussi les droits qu’ils perçoivent des adaptations audiovisuelles de leurs œuvres. 
 En premier, on trouve l’auteur américain de thrillers James Patterson, l’auteur de plusieurs séries à succès dont celle de l’inspecteur Alex Cross. Le second est Jeff Kinney, auteur de la série pour la jeunesse du Journal d’un dégonflé. La troisième place est occupée par J.K. Rowling, auteur de la saga Harry Potter. Le quatrième est l’auteur de polars judiciaires John Grisham et le cinquième, Stephen King.
A noter qu'il n'y a aucun Français dans les dix premiers de la liste.

"Lorsque des intellectuels interviennent pour parasiter leurs messages, démystifier leurs mensonges, les dictateurs paniquent. "

Vous trouverez ici un entretien croisé avec les écrivains Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi, deux écrivains africains qui expliquent leur vision de l’intellectuel engagé dans des régimes de dictature.