lundi 17 août 2015

Pour habiter l'oeuvre de Tolkien ?



Geldrop est une ville située aux Pays-Bas dont l’un des quartiers a toutes ses rues nommées selon les oeuvres de Tolkien. Lorsque le quartier a été construit, on cherchait des noms différents de tout ce qui existe habituellement, et comme la personne en charge de la toponymie était fan de Tolkien... Mais ne vous emballez pas. A voir les photos, on est loin des paysages de la Nouvelle - Zélande !


vendredi 7 août 2015

Les bibliothèque de la maison de Gracq

On peut parcourir plusieurs bibliothèques dans la maison de Julien Gracq, dont deux m'intéressent tout particulièrement. 
D'abord la bibliothèque de Louis Poirier, constituée des livres trouvés dans la maison au moment du legs et qui n'ont pas été vendu aux enchères. J'ai toujours pensé que parcourir la bibliothèque des gens permettait de les connaitre.
Egalement la bibliothèque des grands lecteurs qui est le fruit d’une commande passée à des écrivains de langue française et aux artistes francophones, connus ou non. Chacun s'est vu poser la question : quels sont les livres que vous souhaiteriez trouver dans la Maison Julien Gracq ? (De 5 à 10 livres). Ainsi les rayonnages de cette bibliothèque sont constitués de la bibliothèque idéale d’écrivains et d’artistes, 80 ayant répondu à ce jour. Chaque linéaire de livres pouvant être par la suite modifié par son « auteur ».
Enfin, la Chambre des cartes du Grenier à sel qui présente jusqu'au 28 août des aquarelles, cartes et paysages imaginaires sur écorces de bouleau réalisés par Emmanuel Ruben.

oeuvre d'Emmanuel Ruben

"En cet empire, l’Art de la Cartographie fut poussé à une telle Perfection que la Carte d’une seule Province occupait toute une Ville et la Carte de l’Empire toute une Province. Avec le temps, ces Cartes Démesurées cessèrent de donner satisfaction et les Collèges de Cartographes levèrent une Carte de l’Empire, qui avait le Format de l’Empire et qui coïncidait avec lui, point par point. Moins passionnées pour l’Étude de la Cartographie, les Générations Suivantes réfléchirent que cette Carte Dilatée était inutile et, non sans impiété, elles l’abandonnèrent à l’Inclémence du Soleil et des Hivers. Dans les Déserts de l’Ouest, subsistent des Ruines très abîmées de la Carte. Des Animaux et des Mendiants les habitent. Dans tout le Pays, il n’y a plus d’autre trace des Disciplines Géographiques. 
Suarez Miranda, Viajes de Varones Prudentes, Lib. IV, Cap. XIV, Lerida, 1658."
Jorge Luis Borges, L’auteur et autres textes. El hacedor, édition bilingue, trad. Roger Caillois, Gallimard, 1982, p.198

Dilemme




En 1952, Julien Gracq a publié Prose pour l'étrangère, une oeuvre poétique. Malheureusement, il n'y a eu que 63 exemplaires hors commerce de cette oeuvre. Elle semble avoir été publiée au Japon dans une édition bilingue, mais sans certitude. Enfin, on peut la lire dans le tome I des oeuvres complètes de la Pléiade. 
Mon problème : les exemplaires hors-commerce en vente sont rares et s'échangent autour de 4000 euros... La possible édition japonaise est rare également et se trouve pour 200 euros. Reste le volume de la Pléiade, pour 70 euros, mais je possède déjà toutes les autres oeuvres qu'il contient !

jeudi 6 août 2015

J'ai très envie d'y aller



"Il y a deux catégories d'écrivains en ce qui concerne les impressions visuelles : il y a ceux qui sont myope et ceux qui sont presbytes, en effet. Il y a des gens qui décrivent et qui voient surtout le lointain, c'est sûr ; et d'autres qui voient les petits objets, menus. Il est certains que si j'ai à me promener, si j'ai le choix, je prends un chemin de crête, plutôt, pour avoir des vues. Oui, c'est instinctif." Julien Gracq

La carte du territoire des cités obscures



J'ai longtemps cherché une carte numérique de bonne qualité des Cités Obscures de Schuiten et Peeters avant de me rendre compte hier que j'en possédais une, au dos d'une carte IGN de Sodrovno - Voldachie offert avec le second tome de La frontière invisible.
Il y a des similitudes entre les univers de Schuiten & Peeters, Jacques Abeille et Julien Gracq, je trouve. D'ailleurs, Schuiten et Abeille ont collaboré dans l'écriture des Mers perdues. Vous pourrez les entrendre évoquer cette collaboration en suivant ce lien.

mercredi 5 août 2015

Ecouter Jacques Abeille

J'ai parlé ici du cycle des Contrées de Jacques Abeille dont l'imaginaire et le style m'ont rappelé Julien Gracq (il semblerait d'ailleurs que celui-ci ayant lu un exemplaire du manuscrit des Jardins Statuaires ait tenté de le faire édité par les éditions Corti, mais le tapuscrit se serait perdu en route). Vous trouverez ici le lien vers une conférence donnée par Jacques Abeille à propos de son oeuvre et de son univers.


mardi 4 août 2015

Le roman comme exploration

Voici ce qu'écrit Jacques Abeille à propos de son oeuvre Les jardins statuaires dans la postface des Mers perdues, écrit en collaboration avec François Schuiten.

"Il y a une quinzaine d'année, passant sur une route de campagne, je vis un paysan qui grattait la terre et je me représentai tout à coup un monde où poussaient non des courges mais des statues. Je garde le souvenir de l'éclatante blancheur du marbre en moi vibrant. En ce moment me fut donné une manière de conte philosophique, une métaphore de la création artistique avec son avers de soins patients à une croissance que tout menace, et son revers, le bourgeonnement fou et la mort du créateur écrasé sous son oeuvre.
Je menais une vie sans loisir et des années passèrent sans me laisser l'occasion de tracer la plus modeste ébauche. Puis j'étais dans une chambre d'hôtel et je voyais ma vie que je rompais en faveur de l'avenir. J'étais seul et des pensées me menaçaient. Je pris un cahier et me mis à écrire ce conte dont l'idée me revenait dans mon désoeuvrement. Je croyais en faire le tour en quelques pages. Ma minutie m'entraîna, et enfin un obscur désir de réalité. Je ne veux pas dire qu'il m'importait de rendre vraisemblables des fantaisies, mais qu'il y avait dans le monde que je découvrais trop de richesse pour qu'il consente à la fade transparence d'une allégorie; je cessai de vouloir ce que j'écrivais et laissai surgir des incongruités. Ainsi ce qui devait n'être que le divertissement d'un moment, fut le rêve de quelques mois. Le plus étrange était que cette chose exigeait son temps propre et retardait sa clôture. Par exemple, si des filles hantent cette narration, c'est que deux enfants, Laurence et Stéphanie, vinrent jouer autour de la maison où j'écrivais, leurs rires montaient jusqu'à ma fenêtre; le roman happa ce reste diurne et s'en nourrit. Je cru avoir écris l'oeuvre d'un fou; l'ayant laissé quelques temps, je m'étonne d'une cohérence inattendue. C'est ainsi. Ecrivant, il arrive que l'on franchisse par mégarde une indécise et insoupçonnée frontière; ce dont on se croyait maître se met à exister de son propre poids et, tandis que l'auteur bascule dans une moindre existence, se dresse un être de parole que son élan porte au dehors. La publication est moins une ambition qu'un geste de bonne foi. Il me semble."

Ces propos me semblent parfaitement convenir à son oeuvre, ainsi qu'à celle de Tolkien et de Gracq. L'idée d'un univers découvert et révélé par l'écrivain, l'envahissant pour le dépasser progressivement me paraît juste en ce qui les concerne. Je crois que cela marche moins pour l'oeuvre de Borges, que je trouve plus maîtrisée, canalisée.