mardi 25 novembre 2008

La société n'est pas un choix ?

Comme je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit encore, j'ai pu avancer ma lecture d'Ibn Khaldûn. Dans la première partie de son œuvre, il traite de la société humaine.

"L'homme est fait pour vire en société. C'est ce que disent les philosophes : "l'homme est politique par nature. "Ce qui signifie qu'il ne peut se passer d'organisation sociale - ce que les philosophes appellent "cité", en termes techniques".
(...) "L'homme(seul) ne peut subvenir à ses besoins. Même le minimum vital - une ration journalière de blé par exemple - requiert mouture, pétrissage et cuisson : c'est - à - dire le concours d'ustensiles et d'outils et, par suite, celui de trois corps de métier."
(...)"Il lui faut donc faire appel à un grand nombre de ses semblables. Les besoins d'une collectivité ne peuvent être satisfaits que par la coopération.
Il en est de même pour la défense : chacun a besoin de l'aide d'autrui.(...) L'agressivité est dans la nature des êtres vivants. Dieu a donné, à chacun d'eux, un organe défensif. A l'homme, il a donné la pensée et la main".
(...)"La vie sociale est donc indispensable à l'humanité. Sans elle, les hommes ne pourraient assurer complètement leur existence (...)".


J'aime cette idée d'une société bâtie sur la nécessité. Je trouve l'image des hommes, animaux de proie, obligés de cohabiter plutôt séduisante et réaliste.

lundi 24 novembre 2008

Une définition qui n'a pas pris de ride

Comme j'ai commencé la lecture du Al-Muqqaddima, je ne résiste pas à l'envie de publier cet extrait de l'introduction qui traite de l'histoire :
"Les ignorants peuvent aussi bien la comprendre que les gens instruits. En effet, l'histoire n'est, en apparence, que le récit des évènements politiques des dynasties et des circonstances du lointain passé, présenté avec élégance et relevé par des citations. Elle permet de distraire de vastes publics et de nous faire une idée des affaires humaines.(...)Cependant, vue de l'intérieur, l'histoire a un autre sens. Elle consiste à méditer, à s'efforcer d'accéder à la vérité, à expliquer avec finesse les causes et les origines des faits, à connaitre à fond le pourquoi et le comment des évènements. L'histoire prend donc racine dans la philosophie, dont elle doit être comptée comme une des branches."
Le plus extraordinaire, pour moi, est que cette définition a été donnée vers 1377, à la même époque que furent rédigée les Chroniques de Froissart, certes intéressantes, mais pas aussi riches que ce texte.

Relirais-je "Le Roi Vert" ? Je ne crois pas


Je viens de lire un article du Monde.fr sur la "déchéance" de Paul Loup Sulitzer, cet auteur à succès des années 80. Un auteur dont le succès reposa sur l'écriture des autres.
On y mentionne "Le roi vert", l'un de ses premiers romans.J'ai lu ce livre sur les conseils de ma mère et ma grand-mère, et je dois dire que j'en garde un bon souvenir.
Ce type (ou ses petites mains) savaient raconter des histoire.

dimanche 23 novembre 2008

Je vous recommande le blog de cette illustratrice, Pénélope Bagieu. Certes, ce ne sont pas mes couleurs, mais j'avoue que le contenu me plait. Mention spécial au strip publié lors de l'élection d'Obama...

Conclusions sur l'Aleph et nouvelle lecture

J’ai terminé "L’Aleph". Relire est une activité intéressante, notamment un recueil de nouvelles. On ne lit pas de la même façon à seize ou trente-six ans.
Il y a vingt ans, ce sont les nouvelles L’immortel et L’Aleph qui m’avaient marquées, question d’état d’esprit et de centre d’intérêt je suppose. De ma lecture actuelle, je retiendrais les nouvelles déjà citées dans les précédents articles ainsi que L’écriture de Dieu et Deutsches Requiem.
Etonnante nouvelle que cette dernière, qui me laisse un goût amer dans la bouche. Il s’agit de la confession d’un homme qui va mourir, d’un directeur de camps de concentration. Voici ce qu’en dit Borges dans l’épilogue du recueil : « pendant la dernière guerre, nul ne put souhaiter plus vivement que moi la défaite de l’Allemagne ; nul ne put ressentir plus que moi la tragédie du destin allemand ; Deutsches Requiem veut comprendre ce destin, que ne surent pleurer, ni même soupçonner, nos « germanophiles » qui ne savent rien de l’Allemagne ». Dans cette nouvelle, Borges présente un homme intelligent, cultivé, qui ne regrette rien de ce qu’il a pu faire ou faire faire. Et il est difficile de haïr cet homme, ou de le prendre en pitié. Il me semble incompréhensible, plutôt.
En relisant La quête d’Averroès, je me suis souvenu que j’avais ses « Discours décisifs » dans ma bibliothèque. Mais après les avoir parcourus, je ne pense pas être capable de les lire. Par contre, j’ai exhumé le « Discours sur l’histoire universelle » (Al- Muqaddima) d’Ibn Khaldûn et j’ai décidé de m’y atteler.

samedi 22 novembre 2008

Un autre Zahir

En faisant des recherche sur le Zahir, je suis tombé sur une référence à un roman de Coelho, Le Zahir.
Dans ce livre, un écrivain part à la recherche de sa femme, correspondante de guerre en Irak et qui a disparue. Au fil des pages, l'être aimée va devenir son idée fixe, son obsession, sa raison de vivre.
Plusieurs choses me poussent vers ce livre dont la volonté de voir si Coelho parvient à rendre mieux compte de l'obsession que Borges. Mais il est vrai que je n'aime pas beaucoup les livres de Coelho.

On rencontre tous le Zahir

J’ai relu hier la nouvelle de Borges, Le Zahir. Il y est question d’une pièce de monnaie (mais le Zahir revêt bien des formes différentes) que l’on ne peut oublier et qui finit par obnubiler complètement celui à qui elle a été donné, même après qu’il s’en soit débarrassé.
A la fin de la nouvelle, le narrateur (un Borges) comprend qu’il n’en réchappera pas : « je ne percevrai plus l’univers, je percevrai le Zahir. Selon la doctrine idéaliste, les verbes vivre et rêver sont rigoureusement synonymes ; de milliers d’apparences je passerai à une seule ; d’un rêve très complexe à un rêve très simple. D’autres rêveront que je suis fou et moi je rêverai au Zahir. Lorsque tous les hommes ici-bas penseront jour et nuit au Zahir, qui sera un songe et qui sera une réalité, la terre ou le Zahir ?(…) pour se perdre en Dieu, les soufis répètent leur propre nom ou les quatre-vingt-dix-neuf noms de Dieu jusqu’à ce que ceux-ci ne veuillent plus rien dire. Je souhaite ardemment parcourir cette route. Peut-être finirai-je par user le Zahir à force d’y penser et d’y repenser (…) ».
Outre le fait que j’ai toujours été fasciné par les rêves et l’idée qu’ils sont une seconde vie, je vois dans ces lignes une extraordinaire définition de l’obsession.
Dans ce recueil, je dois aussi recommander la nouvelle La quête d’Averroës, dans laquelle, en voulant raconter l’histoire d’un échec, Borges réalise une formidable mise en abîme.

mercredi 19 novembre 2008

Pourquoi j'aime Borges

Je viens de relire deux nouvelles du recueil l'Aleph. Il s'agit de "Biographie de Tadeo Isodoro Cruz" et de "Emma Zunz".
Dans la première nouvelle, Borges énonce l'idée, fulgurante pour moi, que "toute destinée, pour longue et compliquée qu'elle soit, comprend en réalité un seul moment : celui où l'homme sait à jamais qui il est".
Dans la seconde, un évènement fait basculer la vie d'une jeune femme comme si c'était "la seule chose qui se soit produite au monde et qui continuerait à se produire éternellement".
J'y ai lu cette phrase magnifique, sur l'attente :" l'impatience la réveilla. L'impatience, non l'inquiétude, et le soulagement singulier d'être enfin ce jour-là. Elle n'avait plus à faire des plans, à laisser aller son imagination ; dans quelques heures, elle atteindrait la simplicité des faits".

Rencontres littéraires

J'ai fait des rencontres importantes dans ma vie, y compris des rencontres littéraires.
Tolkien d'abord, dont ma mère m'a offert les trois tomes en Livre de Poche, alors que j'étais malade, au fond de mon lit. Je garde un souvenir précis et net de cet instant. Et cet auteur a infléchi ma vie, durablement.
Lovecraft ensuite, rencontré sur les conseils de Nicolas, un ami. Et découvrir un auteur clef grâce à un ami, c'est quelque chose.
Borges, rencontré par l'intermédiaire d'un magazine. Un coup de foudre, pourrait-t-on dire.
Dans une moindre mesure, ce même magazine m'a fait connaitre Michel Rio (l'auteur de l'excellent « Faux pas »), John Irving le monde selon Garp ») et Italo Calvino Si par une nuit d'hiver un voyageur »)
Julien Gracq, découvert à cause d'une liste de livres à lire pour entrer en Hypokhâgne.
Et enfin, Paul Auster pour lequel je ne me souviens plus des circonstances de la rencontre (une table, chez un libraire ?) et Siri Hustvedt, partagée avec une amie.

Pour être complet, il faudrait ajouter Dumas et Flaubert, découverts grâce à ma grand-mère.

jeudi 13 novembre 2008

Relire

Je suis content. Je suis revenu à la lecture. Après le roman de Siri hutsvedt, j'ai hésité sur le prochain.
Un bon nombre de livres non lus attiraient mon regard sur les rayonnages de mes bibliothèques. Mais j'avais plutôt envie de parcourir un territoire connu.De me replonger dans des souvenirs (des fantômes ?) de lectures passées.J'ai donc repris mon exemplaire de "L'Aleph",un recueuil de nouvelles de Borges.
J'ai découvert Borges en 1988, à l'occasion du numéro 259 du Magazine Littéraire. J'ai commencé par acheté le recueil Fictions et puis j'ai acquis tout ce que j'ai pu trouver : essais, nouvelles, poésies. Et depuis, je le relis, régulièrement.
Je crois que, comme Julien Gracq (en toute humilité), je suis plus devenu un relecteur qu'un lecteur.

Une bibliothèque, la nuit

J'ai terminé "Elégie pour un Américain", de Siri Hustvedt. je l'ai terminé la nuit dernière, alors que je ne pouvais dormir, seul, dans la bibliothèque. Un moment étrange, qui m'a rappelé une autre lecture, celle de "La bibliothèque, la nuit", de Manguel.
Etre environné de livres (certains lus, d'autres à lire) dans une maison paisible, endormie, a quelque chose d'enivrant.
Elégie est un bon livre, quoique la fin m'a paru un peu faible, comme si l'auteur n'avait pas voulu trancher. Ce roman a eu une certaine résonnance pour moi, un gôut particulier, lié au passé et au présent.

samedi 8 novembre 2008

Un livre venu de loin


Un cousin en visite en Finlande m'a ramené un ouvrage ancien, la Chrestomathie Française, d'Alexandre Vinet.
Il s'agit d'un recueil de textes d'auteurs jugés classiques et à connaitre(chrestomathie = savoir utile en grec). J'ai en ma possession la réédition de 1876 par Eugène Rambert, le biographe de Vinet.
L'ouvrage se décompose ainsi :
- prose : genre narratif, didactique, épistolaire
- poésie : lyrique, descriptive, didactique, narrative, épique, fable, ballade
- genre spéciaux : épitre, chanson, romance, ballade gauloise, le rondeau
- les scènes dramatiques : tragédie, comédie
On y croise Fénelon, Xavier de Maistre, Thiers, Sand, Montaigne, Calvin, Bonaparte et bien d'autres.
C'est un cadeau qui me touche. Que mon cousin ait pensé à moi, en Finlande, lorsqu'une de ses amies lui a parlé de ce livre dont elle ne savait pas quoi faire et qu'il lui a dit qu'il connaissait quelqu'un qui saurait en avoir l'usage.

Vous prendrez bien un nuage d'auteur ?

Je viens de renouveler mon adhésion à Librarything, en prenant l'abonnement à vie.
J’en profite pour renvoyer vers le nuage des auteurs de ma bibliothèque. Je trouve ça assez amusant.

http://www.librarything.com/authorcloud.php?view=olosta


http://www.librarything.com/authorgallery.php?view=olosta

Lire ? Ecrire ?

La lecture a évidemment toujours été pour moi un moyen de m'évader, voire de fuir. Qu'il s'agisse de lecture sur papier ou sur écran.
A tel point que la perspective de devenir aveugle, comme Borges, m'était insupportable.
Et l'écriture ? je crois que je sais depuis longtemps que je dois écrire. Non pas que j'ai du talent pour ça. Non, mais je pense que l'écriture peut me "sauver la vie" (quelle grandiloquence !). Je me voyais écrire des textes de fiction, n'ayant jamais été attiré par la poésie. Mais finalement, ce que j'arrive à produire parle surtout de moi. Tant pis, c'est déjà quelque chose.
Evidemment, j'aimerais écrire comme certains grands maitres. J’admire la fausse simplicité du style de Paul Auster, la capacité à donner vie au personnage de John Irving, la précision de Flaubert. Et l'art descriptif de Tolkien. Mais je suis loin de tout ça, vous vous en doutez.

Livres vivants

Il est parfois difficile de lire un livre, tant celui-ci semble vivant. Certains livres semblent en effet habités par les "fantômes" des personnes les ayant lu ou feuilleté auparavant.
Vous vous surprenez alors à traquer ces infimes traces et vous vous imaginez cette personne lisant le livre. Et vous en oubliez de lire.
En poursuivant cette réflexion, je me demande si nous ne sommes pas tous le livre de quelqu'un ?

mercredi 5 novembre 2008

Le gôut de la lecture

je viens d'achever les "Cours de littérature anglaise" de Borges. je suis un peu déçu, finalement. Je pense que je n'aurais pas aimé l'enseignement du Borges professeur. Peut-être était-ce dû à son public, mais je trouve ses propos succins.
Tout au plus m'a-t-il donné envie de lire les textes saxons ainsi que les Mille et une nuits de Stevenson.
Mais pour le moment, un autre livre m'attend, à l'angle de mon bureau. il s'agit du roman de Siri hustvedt, "Elégie pour un Américain". Je pense que la lecture de ce livre va me plaire, beaucoup.