samedi 27 mars 2010

Une belle surprise









Commencé en 1783, achevé d'imprimer " à la maison " en 1797, Monsieur Nicolas ou le cœur humain dévoilé est une œuvre vie. Celle d'un ancien ouvrier imprimeur devenu auteur sans être jamais totalement reconnu par ses pairs et la société de son temps. Ce livre fleuve est la réécriture d'une existence hantée par la paternité et l'inceste. Mais il est aussi un précieux témoignage sur la vie rurale et sur l'imprimerie au XVIIIe siècle, ainsi que l’exposé d'une philosophie particulière et parfois atypique.
Ce livre m’a été offert ce matin, très tôt, par la femme qui partage maintenant ma vie et cette bibliothèque. Il s’agit de l’édition du cent cinquantenaire, datée de 1956. Elle se compose de 4 volumes sous coffrets, ornés de lithographies de Suzanne Ballivet. L’objet est magnifique et je ne sais comment exprimer le plaisir de détenir aujourd’hui un texte que je recherche depuis des années.
Ma rencontre avec Restif de la Bretonne remonte à 1989, lors de la diffusion du téléfilm des Nuits révolutionnaires, avec dans le rôle titre Michel Aumont. J’ai ensuite lu ses œuvres au hasard de mes découvertes chez les bouquinistes ou libraires anciens.
Le personnage de l’auteur me fascine, même si je ne lui trouve pas un très grand style. Mais son œuvre regorge de faits et d’anecdotes sur ce XVIIIe siècle finissant, une période qui m’attire et me répugne à la fois.

mercredi 10 mars 2010

En finir avec BHL ?

Pour se faire une idée de la rigueur et de l'intégrité de l'essayiste Bernard - Henry Lévy, je vous invite à lire ce dossier du Monde Diplomatique, en sachant tout de même que ce périodique est accusé par le même essayiste d'être un outil de désinformation...
Quand arrêtera-t-on de lire (c'est peut-être déjà fait, cela dit)et de publier cet homme qui se prétend un intellectuel français ?

lundi 8 mars 2010

L'un de nous deux

Je viens de terminer cette pièce de théâtre. Je ne peux m'empêcher d'être un peu déçu. Le livre est trop court et surtout, il demande une bonne connaissance de la politique française de l'entre - deux guerres pour en profiter pleinement.
J'y ai toutefois trouvé une réflexion sur la politique, la liberté individuelle ou le pouvoir. Et j'ai retenu quelques citations :

Blum : "Il pensait, au fond, comme Valéry, que l'homme seul est en mauvaise compagnie."
Mandel : "Mais non, mais non, ce n'est qu'un mot. Laissez donc Valéry au fronton du Trocadéro. L'homme seul est le plus libre au contraire, surtout quand il s'agit de dire non, à toutes fin utiles, et en prenant touus les risques."


(...)
Mandel : sombrement - En vérifiant que le désordre opprime d'abord le faible. Il l'opprime directement et il le trahit aussi en affaiblissant la République, qui ne peut le protéger que si elle est résolue.
(...)
L'ordre ! - c'est le problème avec lui : il sert à tout. Ce n'est pas une raison pour le haïr, comme vous le faites, vous et les vôtres."

(...)
Blum : "Mais c'était le système qui était responsable bien plus que ce malheureux...
Mandel : Encore ! Toujours cette abstraction, toujours cette indulgence ! Mais on y revient toujours, il n'y a pas de système sans les hommes. Pas d'effet statistique. Des individus libres et les choix de leur liberté, l'un après l'autre."


Ce petit livre m'a en tout cas donné envie d'en savoir plus sur la pensée politique de Mandel et Clemenceau.

dimanche 7 mars 2010

Les mains pleines de livres



De passage dans ma librairie, j'ai récupéré "L'un de nous deux" dont je parlais il y a peu de temps.J'avais prévu d'acheter "Tous les hommes sont menteurs" de Manguel. Mais je suis aussi tombé sur le dernier Paul Auster, "Invisible".
Une bonne cueillette donc... Le Paul Auster n'a pas eu le temps de rejoindre les rayonnages de notre bibliothèque, mon amie en ayant aussitôt commencé la lecture. Pour ma part, j'ai commencé la pièce de théâtre qui n'est pas sans me rappeler "Le souper" en effet.

mardi 2 mars 2010

Cristallisation secrète

C’est une critique dans un magazine qui m’a amenée à Cristallisation secrète ; la couverture m’a plu, le livre est édité chez Actes Sud et j’aime, la plupart du temps, la littérature japonaise ; ce livre m’appelait. Je l’ai reçu en cadeau et lu rapidement : je me suis trouvée happée par cette étrange histoire.

Sur l'île dans laquelle vit la narratrice, des choses disparaissent. Des choses variées, pas toujours matérielles. Mais elles disparaissent, y compris de la mémoire des habitants. Ou du moins de presque tous. Très vite j'ai accepté le surnaturel de l'histoire pour me l'approprier naturellement, comme il nous est présenté. On ne s'interroge pas ici sur le pourquoi de ces disparitions, mais sur le "comment les gérer".

L'écriture de Yoko Ogawa est claire et féminine. Elle en appelle souvent aux sens du lecteur, les mélange et les redécouvre d'une façon qui m'a beaucoup plu. Elle s'interroge sur notre rapport au corps, aux liens entre le physiologique et l'âme, en particulier au travers de la voix et de la mémoire. Elle explore aussi le thème de la résistance, mais de façon très réaliste et humaine: la narratrice n'est pas une femme exceptionnelle et elle agit simplement comme elle pense devoir le faire, mais sans principes idéalistes ni grandes théories: elle vit. Et c'est son histoire, entièrement vue par ses yeux et sa sensibilité, qui nous est relatée. De ce fait, pas d'explications lourdes, pas de traduction de ses émotions; parfois elles me sont restées étrangères, parfois m'ont touchée intimement: c'est juste l'histoire de cette femme dans un contexte particulier.

J'avais relevé, au fil de ma lecture, de nombreuses phrases que je trouve magnifiques. Mais aujourd'hui que j'écris ce billet, je n'en peux citer aucune ici: elles sont trop liées au contexte, et je me les suis appropriées de façon si profonde que les retranscrire ne traduirait pas ce qu'elle signifient vraiment pour moi.

Voilà un livre que je suis heureuse d'avoir lu.