mardi 2 mars 2010

Cristallisation secrète

C’est une critique dans un magazine qui m’a amenée à Cristallisation secrète ; la couverture m’a plu, le livre est édité chez Actes Sud et j’aime, la plupart du temps, la littérature japonaise ; ce livre m’appelait. Je l’ai reçu en cadeau et lu rapidement : je me suis trouvée happée par cette étrange histoire.

Sur l'île dans laquelle vit la narratrice, des choses disparaissent. Des choses variées, pas toujours matérielles. Mais elles disparaissent, y compris de la mémoire des habitants. Ou du moins de presque tous. Très vite j'ai accepté le surnaturel de l'histoire pour me l'approprier naturellement, comme il nous est présenté. On ne s'interroge pas ici sur le pourquoi de ces disparitions, mais sur le "comment les gérer".

L'écriture de Yoko Ogawa est claire et féminine. Elle en appelle souvent aux sens du lecteur, les mélange et les redécouvre d'une façon qui m'a beaucoup plu. Elle s'interroge sur notre rapport au corps, aux liens entre le physiologique et l'âme, en particulier au travers de la voix et de la mémoire. Elle explore aussi le thème de la résistance, mais de façon très réaliste et humaine: la narratrice n'est pas une femme exceptionnelle et elle agit simplement comme elle pense devoir le faire, mais sans principes idéalistes ni grandes théories: elle vit. Et c'est son histoire, entièrement vue par ses yeux et sa sensibilité, qui nous est relatée. De ce fait, pas d'explications lourdes, pas de traduction de ses émotions; parfois elles me sont restées étrangères, parfois m'ont touchée intimement: c'est juste l'histoire de cette femme dans un contexte particulier.

J'avais relevé, au fil de ma lecture, de nombreuses phrases que je trouve magnifiques. Mais aujourd'hui que j'écris ce billet, je n'en peux citer aucune ici: elles sont trop liées au contexte, et je me les suis appropriées de façon si profonde que les retranscrire ne traduirait pas ce qu'elle signifient vraiment pour moi.

Voilà un livre que je suis heureuse d'avoir lu.

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