jeudi 14 janvier 2010

Résonnance



Je viens de lire le premier tome de la bande dessinée Mon année, de Morvan et Taniguchi.
Cette histoire de petite fille "différente"(elle est trisomique) qui voit ses parents s'éloigner l'un de l'autre peu à peu, fait en quelque sorte écho à ma propre expérience.
Le dessin de Taniguchi et les couleurs pastel qu'il a utilisé pour coloriser l'album rende le tout magnifique. J'ai hâte de pouvoir lire la suite.

mardi 5 janvier 2010

Au pays des mots bavards

J'ai enfin achevé de lire un livre, à nouveau. Un petit livre, à la couverture verte, simple, sobre : Le voyage de la tache d'encre au pays des mots bavards.

D'abord j'ai aimé l'objet: son format, sa couleur bizarre, son toucher de papier à dessin. Le quatrième de couverture m'a alléchée: références au Petit Prince et à Alice, c'était prometteur.

Une petite fille, Lilas, se transforme en tache d'encre. Elle vogue dans des univers étranges à la recherche de ce qui la rendait humaine et qu'elle a perdu: des mains, de la peau, un visage, des jambes, un esprit, quelque chose d'assez incompréhensible et confus qui s'apparente à l'énergie, des yeux, le don de penser, et enfin une consistance, de la chair.

Manifestement Didier Séraffin, l'auteur rouennais de cette étrange histoire, l'a voulue poétique, onirique, proche du conte. Mais à force de mélanger les genres, cela devient parfois agaçant:
- Le roman est très répétitif. Chaque chapitre suit le même schéma que les autres et c'en devient monotone.
- Un personnage principal enfant, c'est dangereux et difficile: Lilas s'exprime souvent comme l'adulte pense qu'un enfant s'exprime. Pas comme une enfant.
- Je reste perplexe sur cet inventaire de ce qui définit l'humanité.
- Le style oscille entre écriture poétique et modernité, et l'auteur abuse franchement (à mon goût) des jeux de mots et de sonorités. En fait, le titre, "Voyage de la tache d'encre au pays des mots bavards", est bien trouvé: les mots sont vraiment, vraiment bavards, dans ce bouquin. Mais parfois je ne m'entends plus penser, du coup...

"- Moi, je suis le cerf. (...) J'erre et jamais ne me perds. Mais je ne sais pas à quoi je sers.
- Tu es un cerf incertain?"

"-Un soufflé? C'est un plat, mais attention, pas un plat raplapla."

"Lilas philosophait maintenant comme une pro et non plus comme une proie!"

Et autres "frappadingue", "casse-toi", etc.

Pourtant, j'ai été émue, aussi, à la lecture de ce conte. L'auteur s'applique à retranscrire des impressions, des ressentis subtils, et avec lui on partage justement un peu de non-dit d'humains, on rêve et on flotte.

Je lirai l'autre roman de cet auteur : cette lecture-ci m'a intriguée, et est à part.