samedi 22 novembre 2008

On rencontre tous le Zahir

J’ai relu hier la nouvelle de Borges, Le Zahir. Il y est question d’une pièce de monnaie (mais le Zahir revêt bien des formes différentes) que l’on ne peut oublier et qui finit par obnubiler complètement celui à qui elle a été donné, même après qu’il s’en soit débarrassé.
A la fin de la nouvelle, le narrateur (un Borges) comprend qu’il n’en réchappera pas : « je ne percevrai plus l’univers, je percevrai le Zahir. Selon la doctrine idéaliste, les verbes vivre et rêver sont rigoureusement synonymes ; de milliers d’apparences je passerai à une seule ; d’un rêve très complexe à un rêve très simple. D’autres rêveront que je suis fou et moi je rêverai au Zahir. Lorsque tous les hommes ici-bas penseront jour et nuit au Zahir, qui sera un songe et qui sera une réalité, la terre ou le Zahir ?(…) pour se perdre en Dieu, les soufis répètent leur propre nom ou les quatre-vingt-dix-neuf noms de Dieu jusqu’à ce que ceux-ci ne veuillent plus rien dire. Je souhaite ardemment parcourir cette route. Peut-être finirai-je par user le Zahir à force d’y penser et d’y repenser (…) ».
Outre le fait que j’ai toujours été fasciné par les rêves et l’idée qu’ils sont une seconde vie, je vois dans ces lignes une extraordinaire définition de l’obsession.
Dans ce recueil, je dois aussi recommander la nouvelle La quête d’Averroës, dans laquelle, en voulant raconter l’histoire d’un échec, Borges réalise une formidable mise en abîme.

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