jeudi 14 octobre 2010

Ouragan

Je viens de terminer la lecture de ce roman de Laurent Gaudé, publié chez Actes Sud. C'est un livre formidable.
Il m'a plusieurs fois appelée, cet Ouragan, depuis la table sur laquelle il était exposé. D'abord sa couverture m'a frappée, un jeune femme noire, magnifique, tête baissée et les cheveux dressés. Le titre aussi, bref et terrible. Puis le quatrième de couverture m'a attrapée: "une dizaine de personnages qui se croisent ou se rencontrent": j'adore les histoires où tout s'entremêle, ou le hasard bringuebale chacun. Là, l'action se déroule pendant l'ouragan qui a détruit et inondé la Nouvelle Orléans.
L'écriture m'a plu par sa fausse simplicité et sa terrible efficacité. Ce roman est violent, à tous égards. L'auteur ne se préoccupe pas de ce que pourrait souhaiter le lecteur: il va au bout de ce qu'il a décidé. Quitte à rendre la lecture douloureuse.
On suit donc plusieurs personnages, dont certains m'ont naturellement plus parlé que d'autres: Joséphine, que sa fierté rend si majestueuse, qui porte en elle et avec elle l'histoire des Noirs de la Nouvelle Orléans et d'ailleurs, que je pourrais reconnaître dans la rue si je la croisais, tant j'ai l'impression de l'avoir accompagnée. Et puis il y a Keanu et sa douleur d'homme, magnifique dans son authenticité, enfin ouvert à la vie, éclairé subitement. Et Rose, bouleversante. Ne serait-ce que pour rencontrer Rose, il faut lire ce livre. Rose et cet enfant qu'elle rejette silencieusement, profondément, tristement, mais qu'elle aime pourtant sans condition. Rose qui s'est égarée et n'attend rien. Rose qui vit parce qu'il le faut bien.
Trop de passages du roman m'ont marquée pour que je les retranscrive tous. En voici quelques-uns, ceux qui aujourd'hui me semblent les plus aigus. Probablement ces extraits ne peuvent-ils parler à celui qui connaît le le roman (ou qui me connaît moi) , mais tant pis.
"Il est beau - non pas qu'il soit parfait, mais il a cette force puissante qui rend un homme indéracinable."
"Il l'a prise dans ses bras pour qu'elle arrête de marcher et de tourner et il lui a dit qu'ils allaient le retrouver."
"(...) il la voit qui pleure doucement mais il poursuit son récit, il sait qu'elle comprend qu'elle est en train de répondre à sa question, d'y répondre comme il ne l'a jamais fait et c'est peut-être aussi pour cela qu'elle pleure, de la violence des images qu'il évoque mais aussi de la beauté du cadeau qu'il lui fait, il sent qu'elle est avec lui, dans ce récit, (...)"
"O le long baiser qui dure et soulève les vies, balaie la poussière de nos errances. (...) O le long baiser qui ne s'arrête que pour recommencer et qui cloue la nuit au silence."

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