vendredi 10 août 2012

Quand un historien s'égare

De Robert Fossier, j'ai lu "Enfance de l'Europe : Xe - XIIe siècle, aspects économiques et sociaux" , en deux tomes dans la collection Nouvelle Clio. J'en ai gardé le souvenir d'un travail documenté et éclairant.
Je suis en train de finir son dernier essai, "Ces gens du Moyen - Âge", paru en 2007 et je suis beaucoup moins enthousiaste. Que penser d'abord d'un ouvrage d'histoire qui ne mentionne ni ces sources ni sa bibliographie, balayant tout cela d'un "j'ai emprunté à peu près tout aux autres, et je ne les cite pas. Mais comme on dit dans les remerciement bâclés, ils se reconnaîtront d'eux-même."Il va même jusqu'à qualifier son oeuvre de pillage.
Il revient à longueur de page sur les erreurs de la croyance populaire sur le Moyen - Age et sur celles des autres historiens (il cite notamment Georges Duby et Marc Bloch) pour les balayer et nous asséner sa vérité, la plupart du temps non étayée par des faits ou exemples précis. Il rejette la plupart du temps les sources écrites comme étant l'oeuvre des groupes dominants et il survole les données de l'archéologie comme peu probantes par leur émiettement.
Plus grave encore, il nous assène ses jugements sur la société contemporaine sous le prétexte de nous faire comprendre l'homme médiéval (sur le culte du corps, l'attention excessive portée aux enfants, le mépris aux pays du sud et j'en passe...)
Alors que garder d'un tel ouvrage ? Robert Fossier écrit bien, son livre se lit vite et avec plaisir quant au style. Sa pensée souvent fulgurante nous plonge régulièrement dans ce Moyen - Âge qu'il défend bec et ongle.
L'objectif de Fossier était de rendre proche l'homme médiéval à un public de néophites. Il semble atteint, mais au détriment de la rigueur scientifique.