dimanche 23 décembre 2007

Julien Gracq et l'ultime rivage

L’écrivain Julien Gracq, que j’avais redécouvert il y a peu, est mort samedi après une vie littéraire d’exception, loin des honneurs et de la vie parisienne.

Agrégé d’histoire et de géographie, il écrivit une partie de son œuvre tout en enseignant dans des lycées à Quimper, Nantes, Amiens et Paris. En 1938, il présente le manuscrit de Au château d’Argol à l’éditeur et libraire José Corti, à qui il restera fidèle durant toute sa vie.

De lui, il faut bien sûr lire Le rivage des Syrtes, mais aussi le pamphlet La littérature à l'estomac (1950), où il stigmatise les mœurs littéraires et le roman Un balcon en forêt (1958).

Enfin, je me suis plongé avec bonheur dans ses carnets que sont En lisant en écrivant et Lettrines.

jeudi 20 décembre 2007

La mort de l'éditeur français de Tolkien


Le 20 décembre, on apprend le décès de Christian Bourgois.

Pour beaucoup, il est celui qui a fait découvrir aux Français la littérature étrangère. En 1962, il prend la direction des éditions Julliard, rachetées ensuite par les Presses de la Cité. A la tête de ces dernières, il devient l'un des plus grands éditeurs français. Il y dirige, pendant une vingtaine d'années, Julliard, Plon ou encore Perrin.

A partir de 1968, il fonde la fameuse collection de poche "10/18", où cohabitèrent, dans les années 1970, toutes les formes de la pensée contemporaine.

En 1966, en étroite association avec l’écrivain et éditeur Dominique de Roux, il fonde sa propre maison d'édition: Christian Bourgois Editeur, qui construisît sa réputation sur l'étranger. Il en resta jusqu'au bout l'unique directeur littéraire. C’est dans cette maison qu’il publia la première traduction française des œuvres de Tolkien en 1969.

Merci Monsieur Bourgois, vous manquerez aux livres.

dimanche 9 décembre 2007

Des BD en retard !

Le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’ai pas acheté de BD depuis des lustres. En me promenant sur le net, je suis tombé sur une critique du tome 6 de la Quête de l’oiseau du temps ! Je n’en n’avais pas entendu parler… Il va vraiment falloir que je m’abonne à une revue de bandes dessinées ! En attendant, voilà de quoi compléter ma liste au Père Noël...

La Quête de l'oiseau du temps, tome 6, le grimoire des dieux

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Javin est mort et enterré. L'Ordre du signe prend de l'ampleur et menace les Prince-sorciers en éliminant leur descendance. Mara et Bragon s'éloignent l'un de l'autre, l'une chargée du destin d'Akbar et l'autre happé par son obstination à vouloir rencontrer le Rige.

Le cinquième album de la série, ou plutôt le premier d'Avant la quête, relatait les prémices de l'histoire des héros de la série mythique de Loisel et Le Tendre. Dans ce deuxième volume, on retrouve Bragon, fidèle à lui-même : fier, combatif, et amoureux de Mara, dont l'esprit de conspiratrice commence à naître.

Capricorne, tome 11, Patrick

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Astrologue à New York, Capricorne a aussi un don pour se trouver impliqué dans des affaires étranges. Après avoir contribué à la fin des activités du Concept, puissante organisation dirigeant le monde, et découvert ses origines, l’astrologue entame son voyage de retour vers N.Y . Après avoir été laissé pour mort dans Les Chinois, Capricorne se réveille chez Patrick, un homme renfermé, qui a choisi de vivre en ermite et semble cacher bien des secrets.

Capricorne, tome 12

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Pas de couverture. Pas de titre. Pas de dialogues. Alors pourquoi j’adore cet auteur ?
Parce qu'il peut nous gratifier d'une couverture entièrement blanche sans donner l'impression de se moquer du monde. Parce qu'il interdit à ses personnages de parler pour une bonne raison. Parce qu'il peut passer du thriller au roman d'espionnage et de la science-fiction au récit intimiste dans une même série sans la dénaturer. Parce que rien n'est jamais gratuit chez lui, et que la cohérence de ses univers n'est jamais prise en défaut. Parce que toute sa maîtrise technique, ses cadrages fous et son inventivité sont toujours au service d'une histoire.

Le magasin général, tome 3, Les hommes

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L’histoire de Magasin général se déroule dans un village du Québec rural à partir du début des années 40. Elle gravite autour d’un personnage féminin, Marie, veuve avant l’heure et héritière du principal commerce local (le « Magasin général » qui donne son titre au récit), que l’irruption d’un étranger dans la petite communauté va progressivement réconcilier avec le bonheur.

Ah et il y a aussi les tomes 9 et 10 de la série Arq d'Andreas.... Quand je vous dis que je ne suis plus !

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Gracq et Tolkien, encore

Je suis en train de lire Lettrines de Julien Gracq. J’aime assez cet assemblage de pensées et de critiques littéraires. Le style de Gracq est difficile à décrire, à la fois précieux et moderne. Je pense aussi que j’apprécie chez Gracq le géographe, véritable peintre du paysage et de la topographie.

Voici ce qu’il dit sur la création d’un roman :

« Les fantômes de livres successifs que l’imagination de l’auteur projetait à chaque moment en avant de sa plume, et qui changeaient, avec le gauchissement inévitable que le travail d’écrire imprime à chaque chapitre, tout comme une route sinueuse projette devant le voyageur, au sein d’un paysage d’un caractère donné, une série de perspectives différentes, parfois très inattendues.

A chaque tournant du livre, un autre livre, possible et même souvent probable, a été rejeté au néant. Un livre sensiblement différent, non seulement dans ceci de superficiel qu’est son intrigue, mais dans ceci de fondamental qu’est son registre, son timbre, sa tonalité. »

Julien Gracq déclare ici que le travail des critiques est souvent vain, puisqu’ils ne peuvent connaître ces livres non écrits… Mais son propos prend pour moi un autre écho avec la parution des manuscrits de Tolkien concernant le Seigneur des Anneaux. Nous avons ainsi, en quelque sorte, ces livres non écrits ou au moins non aboutis.

Lorsque j’en aurais le temps et le courage, je me lancerais sur la route sinueuse de cette œuvre afin d’en voir les multiples paysages.

lundi 5 novembre 2007

Un prix littéraire attribué par Internet

Cette année encore, le Sénat organise le prix des Lecteurs du Livre d'Economie avec un système de vote par internet. 10 ouvrages parus en 2007 ont été sélectionnés par un comité scientifique. Avec plus de 12.000 votes en ligne enregistrés l’année dernière, le Prix des Lecteurs du Livre d’Économie peut être considéré comme le premier prix des lecteurs en France.

Le choix final du lauréat revient aux internautes. Le vote en ligne s'effectue en deux temps :

- 1er tour de scrutin : du lundi 22 octobre au lundi 5 novembre 2007 à minuit. A l'issue de ce premier tour, il ne restera plus que 3 ouvrages.

- 2ème tour de scrutin : du mardi 6 novembre au jeudi 22 novembre à minuit.

Les 10 ouvrages sélectionnés

1. AGLIETTA Michel et BERREBI Laurent, Désordres dans le capitalisme mondial
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2. BRENDER Anton et PISANI Florence, Les déséquilibres financiers internationaux

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3. DELPLA Jacques et WYPLOSZ Charles, La fin des privilèges. Payer pour réformer
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4. DOCKÈS Pierre, L'enfer ce n'est pas les autres : bref essai sur la mondialisation
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5. JORION Paul, Vers la crise du capitalisme américain ?
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6. LENGLET François, La crise des années 30 est devant nous
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7. MAUDUIT Laurent, Petits conseils
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8. OLIVENNES Denis, La gratuité, c'est le vol. Quand le piratage tue la culture
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9. PELT Jean-Marie, C'est vert et ça marche !
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10. VILLEMEUR Alain, La croissance américaine ou la main de l'Etat
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Pour voter : Prix des Lecteurs du livre d'Economie 2007

mercredi 31 octobre 2007

Des maisons d'écrivains

Aujourd’hui, j’ai visité la maison de Pierre Corneille à Petit – Couronne. Elle fait partie du réseau de la route historique des maisons d’écrivains et abritent une assez belle collection d’œuvres originales de l’auteur ainsi qu’un mobilier d’époque. Le jardin, aménagé depuis 1993, accueille des plantes comestibles, aromatiques et décoratives à la manière des jardins du Moyen Age.

En complément de cette maison, on peut aussi visiter sa maison natale de la rue de la Pie, à Rouen. Elle abrite elle aussi des œuvres originales et des meubles d’époque reconstituant son intérieur.

Parmi les autres maisons de cette route, on compte celles de Michelet (Vascoeuil), Flaubert (Croiset), Hugo (Villequier) et Leblanc (Etretat).

De manière surprenante, Maupassant n’y a pas de maison. On peut bien sûr visiter le château de Miromesnil, près de Dieppe, où il est né. Mais sa propre demeure, « La Guillette », qu’il avait achetée en 1882 à Etretat, est toujours restée propriété privée. Jusqu’à aujourd’hui, car elle est en vente. 1 300 000 euros, un coût trop important pour la sauver d’une probable destruction.

Il serait donc souhaitable de mobiliser l’opinion pour la préserver. C’est d’autant plus urgent qu’un premier don de reliques se présente, à la condition que la maison de Maupassant en soit le dépositaire exclusif. Il s’agit des vestiges du « Bel-Ami I », son premier bateau : la barre en cuivre, une bouée, les fanions rouges et verts, le baril d’eau, la table d’acajou sur laquelle il écrivait, et d’autres objets évoqués dans Sur l’eau. Ils seraient de toute évidence les premiers d’un ensemble (lettres, manuscrits, photos, meubles etc.) qui prendrait une toute autre dimension une fois réintégré dans son cadre d’origine. Le réseau des « Amis de Maupassant » s’est heureusement mis en branle afin de préserver la demeure.

Mais il n’y a pas que Maupassant : l’une des maisons de Colette est également menacée. Sa maison natale de Saint-Sauveur-en -puisaye (dans l’Yonne) qui occupe une place importante dans son œuvre est aujourd’hui à vendre. Elle est sur le marché à un prix là encore délirant qui, malgré l’appui du Conseil général, décourage la commune, le département et la région de se porter acquéreur. Aussi les amis de Colette font-ils actuellement circuler une pétition afin que cette maison soit classée et achetée par l’Etat.

mardi 30 octobre 2007

Une édition très limitée !

Le département des archives secrètes du Vatican s'apprête à publier un livre sur le procès des Templiers au début du XIVe siècle, en collaboration avec la société Scrinium, affirme le site internet de cette société liée au Vatican.

Le « Processus contro Templarios », sera l'édition exclusive, inédite et dans leur intégralité des actes du procès contre les Chevaliers du Temple. L'édition sera vraisemblablement limitée à 799 exemplaires.

En 1307, le roi de France Philippe IV le Bel avait ordonné l'arrestation et le jugement des Templiers, un ordre jugé trop puissant.

vendredi 14 septembre 2007

Autour de "En attendant Godot"

Réunir en un volume les articles de presse suscités par «En attendant Godot» de Samuel Becket, entre 1952 et 1961, voilà une idée intéressante.

Cette œuvre est ma pièce de théâtre préférée. Je l’ai lu, vue au théâtre et à la télévision et je la reverrai avec plaisir ! C’est pourquoi j’ai fortement envie de me procurer cet ouvrage présenté par André Derval et publié chez 10 / 18.

On peut y savourer les textes de Robbe-Grillet, Anouilh, ou celui de Roland Barthes. On y méditera cette formule de Pierre Marcabru à propos de la reprise de la pièce en 1961 :

«1953: pièce d'avant-garde. 1956: pièce bourgeoise. 1961: spectacle officiel».

jeudi 13 septembre 2007

Petite citation

« Le sein nourrit l'enfant et fait plaisir à l'homme. » - Mahomet

Un petit livre amusant et bien écrit sur le sujet (Acte Sud) :


Catalogue irraisonné, variation infinie sur le même objet, le livre des seins est un inventaire fou, baroque, parsemé de métaphores délirantes, le livre d'un adorateur, que Ramon Gomez de la Serna écrivit, de son propre aveu, à la "va comme je te presse".

lundi 27 août 2007

Pas d'accord !

Une fois n’est pas coutume… Je ne suis pas d’accord avec la critique du livre d’Alberto Manguel, La bibliothèque, la nuit, faite par Pierre Assouline.

« On en ressort pourtant avec l’étrange impression que c’est trop ; non qu’il en fasse trop mais chez lui, tout acte semble précédé de la lecture idoine; rien ne paraît se faire, y compris dans les ressorts les plus anodins de la vie quotidienne, sans référence à un livre. C’est oppressant, asphyxiant même pour le lecteur le plus avide de nouvelles pistes. On a envie de lui crier “Alberto, pose ton livre, ouvre les fenêtres et va prendre l’air, le monde t’attend !”. Un rat de bibliothèque sort plus souvent que lui. »

Je n’ai vraiment pas eu cette impression. Au contraire, Alberto Manguel est un lecteur qui bouge, voyage, rencontre, comme en témoigne son autre livre Journal d’un lecteur.

La bibliothèque, la nuit est une réflexion sur l’agencement des bibliothèques, le classement à opérer. En ce sens, il recense les bibliothèques qu’il a connues ou visitées. Mais ce n’est jamais étouffant. Bien au contraire, ce voyage m’a paru comme autant de fenêtres ouvertes vers d’autres mondes… intérieurs il est vrai !

jeudi 23 août 2007

Deux BD à lire ensemble !

Le recueil. "Elles" rassemble neuf nouvelles érotiques publiées au Japon par un dessinateur français.

Au fil des pages, Frédéric Boilet se met en scène et s’amuse en usant d'un graphisme sensuel s’inspirant souvent de la photo et de la vidéo.

Libertine mais cultivée, la BD multiplie les clins d’œil au cinéma français, comme "L’Homme qui aimait les femmes" de François Truffaut ou "La Discrète".

Frédéric Boilet est le seul Français pouvant prétendre au titre de mangaka. En effet, lauréat en 1993 d’une bourse de l’éditeur japonais Kôdansha, il séjourne une année à Tokyo, avant de s’y installer quatre ans plus tard.

Il est devenu un véritable passeur entre son pays d’origine et celui d’adoption. Il a effectué notamment plusieurs traductions et adaptations graphiques dont "Quartier lointain" et "L’Orme du Caucase" de Jirô Taniguchi.

En 2001, il organisa à Tokyo l’événement Nouvelle manga (auquel participa Aurélia Aurita), et lança un mouvement qui tente de créer des ponts entre créateurs de mangas, de BD et de comics.

Frédéric Boilet aligne les albums à succès comme "Tokyo est mon jardin" (avec Benoît Peeters) ou "L’Epinard de Yukiko".


Récit hautement érotique, "Fraise et Chocolat" retrace les premières semaines d'une passion amoureuse à travers le regard d'une jeune dessinatrice de 25 ans. À son tour, Aurélia Aurita raconte sa passion avec Frédéric Boilet.

Ici, le sexe et l'amour sont indissociables et Aurélia ne s’en cache pas. Dans cette BD, la plume est à la fois crue dans la phrase et douce dans le dessin. Une jeune femme y raconte sa sexualité. Lectrice d'Anaïs Nin, l’auteur dévoile sans pudeur le spectacle de ses expériences intimes, mais fait aussi la preuve que le sexe peut être graphique sans être pornographique.

jeudi 9 août 2007

Une maison d'écrivain


Le dernier livre de Jean-Paul Kauffmann, La maison du retour, est paru chez Nil éditions, dans la collection “Maisons”. Le propos de cette collection est que l’écrivain invité évoque sa maison de famille, de vacances ou bien d’enfance. Pour lui, c’est un airial, où il a trouvé refuge.

Ce livre est aussi pour l’écrivain – journaliste l’occasion d’évoquer sa relation avec les arbres qui semble avoir remplacé celle qu’il entretenait avec les livres. Jean-Paul Kauffmann a aimé les livres et la littérature. Certains d’entre eux lui ont même sauvé la vie en captivité, lorsqu’il fut retenu en otage durant trois ans au Liban.

D’ailleurs, une fois libre, il n’a eu de cesse de reconstituer cette bibliothèque salvatrice chez lui. Depuis son retour, Jean-Paul Kauffmann a publié de beaux livres comme La chambre noire de Longwood ou La lutte avec l’ange.


Mais aujourd’hui les livres semblent avoir reculé devant les arbres et le vin dont il évoque l’odeur (désolé, c’est un non buveur qui écrit cela) à de nombreuses reprises.

(Note : un airial désigne une maison traditionnelle des Landes ainsi que la clairière plantées de chênes ou châtaigniers qui l’abrite souvent)

vendredi 3 août 2007

La Très Grande Bibliothèque

Je profite d’un article du site du Monde.fr pour retracer ici l’historique de la Très Grande Bibliothèque voulue par François Mitterrand.

Le 14 juillet 1988, au détour du traditionnel entretien qu'il donne le jour de la Fête nationale, François Mitterrand, qui vient d'être réélu, annonce la création d'une "bibliothèque d'un genre entièrement nouveau". C'est Jacques Attali, son conseiller, qui lui a soufflé l'idée. Pour ce dernier le futur établissement devait cependant être une tête de réseau informatisé. Le projet n'impliquait pas forcément la construction d'un grand bâtiment.

En 1988, il existe en effet une urgence à résoudre. La vénérable Bibliothèque nationale de la rue de Richelieu est au bord de l'asphyxie. Son administrateur général, André Miquel, a jeté l'éponge en octobre 1987. Il a été remplacé par l'historien Emmanuel Le Roy Ladurie, qui propose deux solutions pour désengorger son établissement : création d'une annexe ou déménagement total.

Au cours de l'été 1988, Patrice Cahart, président du conseil d'administration de la BN, et Michel Melot, directeur de la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou, planchent sur la définition de la nouvelle bibliothèque. Réalisme ou myopie, l'idée du réseau s'efface peu à peu au profit du béton. Car une bibliothèque virtuelle, avec des collections entièrement numérisées consultables sur écran, semble une utopie lointaine et coûteuse.

Un concours d'architecture est lancé en avril 1989. En août, le choix du jury - Emmanuel Le Roy Ladurie en est écarté - se porte sur un jeune architecte, Dominique Perrault. Il propose quatre grandes tours de verre, conçues pour recevoir 4 millions de volumes, en forme de "livres ouverts" autour d'un vaste jardin, en contrebas.

Comme on imagine mal le président de la République inaugurer des rayonnages vides, on décide de faire venir de la rue de Richelieu une partie des stocks. A partir de quelle date va-t-on expédier les livres à Tolbiac : 1900, 1914, 1945, 1960, 1989 ? 1945 est retenue.

Cette décision déclenche une tempête inattendue chez les chercheurs. Ainsi l'historien et journaliste Jacques Julliard publie-t-il dans Le Nouvel Observateur, une "Lettre ouverte" à François Mitterrand pour dénoncer la "catastrophique" césure. Il sera relayé par un autre historien, Pierre Nora, dans la revue Le Débat. Le paroxysme a lieu le 11 septembre 1989, lors d'un colloque organisé dans une petite salle de l'Opéra Bastille. L'historienne Elisabeth Badinter lance une formule qui va rester dans les esprits : "Je veux tous les livres à ma place, en un temps record."

Emile Biasini trouve la solution : on déménagera l'ensemble des imprimés à Tolbiac, soit 12 millions de volumes. Et il y aura deux bibliothèques : l'une pour les chercheurs, en bas, l'autre pour le grand public, en haut. L'architecte revoit donc ses plans.

Après la querelle du contenu, celle du contenant va naître. En mai 1990, Patrice Higonnet, un universitaire américain, évoque dans le Times Litterary Supplement la menace des livres enfermés dans les tours, lentement carbonisés par la lumière trop vive du soleil. Il est relayé par Marc Fumaroli dans Le Figaro. Dominique Perrault corrige sa copie : les deux tiers des livres iront à l'ombre dans le socle du bâtiment, le reste sera abrité par des volets de bois - au détriment de la transparence de l'édifice.

En août 1991, l'Institut entre en scène. Georges Le Rieder, ancien administrateur de la BNF, appuyé par plusieurs Prix Nobel, réclame "un moratoire" pour la future bibliothèque, dont l'architecture est "inadaptée" à sa fonction comme à son environnement. Une commission est donc créée, sous la direction d'André Miquel, qui est devenu président du Conseil supérieur des bibliothèques. Ses conclusions sont remises en janvier 1992. Elles conduiront à diminuer de 7 mètres la hauteur des tours. L'architecte retourne une fois encore à sa table à dessin.

La cohabitation de mars 1993 entraîne une enquête sur le bien-fondé de la Très Grande Bibliothèque. Atteint par l'âge de la retraite, Emmanuel Le Roy Ladurie est remplacé par un autre historien, Jean Favier, venu des Archives nationales.

Ce premier patron de la Bibliothèque nationale de France accueille, le 30 mars 1995, François Mitterrand venu inaugurer un bâtiment encore vide. Peu à peu, il va se remplir. Le déménagement des imprimés de la rue de Richelieu commence en mars 1998. Le 9 octobre, les chercheurs accèdent à leur nouvelle Mecque.

Dix ans de travaux pour 8 milliards de francs (1,219 milliard d'euros) : un chantier pharaonique ou « Louis Quatorzien » probablement voulu comme tel par François Mitterrand. Mais La révolution d’Internet est intervenu depuis. Depuis décembre 2004, le moteur de recherche américain Google propose une bibliothèque universelle et gratuite en ligne. Aujourd'hui, on peut s'interroger : n’aurait-il pas mieux fallu écouter Jacques Attali et parier dès le départ sur la numérisation des collections, qui vient d'être entamée ?

mercredi 1 août 2007

Voyager avec Julien Gracq


Je signale un article très intéressant de Pierre Assouline sur deux livres de Julien Gracq, deux promenades : l’une dans Rome (Autour des sept collines) et l’autre dans Nantes (La forme d’une ville).

J’ai trouvé la photo ancienne sur le site de Yann Terrien, qui a mis en ligne des photos prises par son grand – père, Maurice Terrien, entre 1914 et 1920.


lundi 30 juillet 2007

Finalement...

Je n’ai pas exactement lu ce que j’avais prévu en vacances.

Les Entretiens de Gracq m’ont occupé un peu… J’ai préféré les discussions avec Jean – Louis de Rambures, Jean –Louis Tissier (sur l’histoire et la géographie) et Jean Carrière (sur l’enfance et sa vie).

Sur les conseils d’une ami et suite à un cadeau de ma femme, j’ai lu Je, François Villon de Jean Teulé. Il s’agit de l’autobiographie fictive ( !) du poète du XVe siècle. En s’inspirant des poèmes de Villon, l’auteur réussi à reconstituer une vie plausible pour ce personnage. Même si je n’aime pas ce qu’il a fait du poète (qui se laisse trop porter par les évènements selon moi) ou de la cour du duc René d’Anjou (les « folies » du XVIIIe siècle ou le hameau de Marie – Antoinette transposés au XVe !), je dois reconnaître que Jean Teulé rend parfaitement l’ambiance de cette période tourmentée de l’histoire de France. Le XVe siècle était violent et cruel, tant du côté des marginaux que de l’Etat.

Le livre s’ouvre sur ces phrases :

« Le corps carbonisé fumait encore entre les chaînes du poteau fixé sur un haut socle de pierre. Sa jambe droite s’était écroulée, provoquant un curieux déhanchement. »

Enfin, j’ai dévoré Les foulards rouges de Frédéric H. Fajardie. Un croisement entre Les trois mousquetaires et Angélique, marquise des anges ! Ce roman est la suite du Voleur de vent. Ces deux volumes retracent l’histoire des comtes de Nissac, gentilhomme normand au service des rois de France (Henri IV pour le voleur de vent, Louis XIV enfant pour les foulards rouges). On y retrouve tous les ingrédients de l’aventure (un terrible complot, un tueur en série, l’affrontement de deux belles femmes pour un homme). C’est souvent prévisible et pleins de poncifs, mais on ne s’ennuie pas du tout. Une lecture de vacances, en somme !

dimanche 29 juillet 2007

Sur la route du Tokaïdo... à Vannes !

Il y a des coïncidences amusantes. Je parlais plus tôt d’un reportage sur la route du Tokaïdo et de mon envie de me procurer un livre sur le sujet… C’est chose faite ! Durant mes vacances, j’ai eu l’occasion de visiter le musée de la Cohue de Vannes qui accueille justement une exposition sur les estampes japonaises jusqu’au 30 septembre.

L’exposition comprend environ quatre-vingts estampes des XVIIIe et XIXe siècles, signées de maîtres tels que Utamaro et Hiroshige, et recouvrant les grands thèmes classiques de la culture japonaise : le théâtre Kabuki, la femme à sa toilette ou dans ses activités quotidiennes, des scènes d’histoire, également des fleurs et des oiseaux.

Mais le plus intéressant était pour moi était la série de 37 estampes de la route du Tokaïdo peintes par Hokusaï et surtout Hiroshige

Des objets, liés à la fabrication des estampes, complètent cette présentation, ainsi que des miroirs, objets de la vie quotidienne et des sabres et armures.

Les collections présentées proviennent du musée-école de la Perrine, de Laval, du musée Pincé d’Angers, de collections privées, et du fonds permanent du musée de Vannes.

La librairie du musée proposait un catalogue d’exposition datant de 1999 sur les représentations des 53 stations de la route par Hiroshige. Il orne maintenant ma bibliothèque.

samedi 14 juillet 2007

Ma bibliothèque de vacances

Partant en vacances loin de tout ordinateur et d’Internet, je vais en profiter pour lire…

Voici ce que j’emmène avec moi :

- Les Entretiens de Julien Gracq









- Un dernier verre avant la guerre de Lehane








- L’envoûtement de Lily Dahl et Les yeux bandés de Siri Hustvedt,








- Les Cours de littérature anglaise de Borges.










Cela devrait m’occuper durant ces deux semaines !

mardi 10 juillet 2007

Histoire de princesse

Ce soir, avant de se coucher, j’ai lu une petite histoire à mes enfants, tirée du livre Princesses oubliées ou inconnues de Philippe Lechermeier, illustré par Rébecca Dautremer.

Voici ce que l’on peut lire à l’article « Esperluette, princesse d’ » :

(…) « Elle lit tout ce qu’elle trouve, des récits, de la poésie, de la philosophie et des romans pleins de sornettes.

Elle écrit aussi l’histoire de sa vie, sa biographie (pour l’instant, trois volumes de cinq cent cinquante sept pages).

A la recherche d’une paire de lunettes avec laquelle jamais ses yeux ne fatigueraient.

Rêve de journées découpées en chapitre auxquelles elle pourrait à chaque fois donner un titre. »

Cette encyclopédie des Princesses oubliées ou inconnues est conçue sous forme de renvois de pages pour approfondir des notions ou des personnages traités à un endroit et mentionnés à d'autres. Le livre joue le jeu jusqu'au bout avec des annexes dont un index, un guide pratique, un lexique, une bibliographie. Les portraits poétiques des princesses sont en plus magnifiquement illustrés...

lundi 9 juillet 2007

Un portail communautaire sur l'actualité littéraire

Le Nouvel Observateur et le site Rue89.com vont créer "un portail communautaire sur l'actualité des livres". Ce site, qui s'appellera bibliobs.com, devrait voir le jour le 5 septembre, pour la rentrée littéraire. Il sera piloté par Jérôme Garcin, directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs et écrivain. "Ce sera un site d'actualité sur le secteur (sorties, salons, prix, etc.) et d'animation du débat", indique Louis Dreyfus, directeur général de L'Obs, en précisant que Rue89.com sera prestataire de services.

Ce site, animé par les équipes du Nouvel Observateur, sera également ouvert aux libraires, bibliothécaires, enseignants, passionnés... qui pourront soumettre leurs critiques ou tenir des blogs.

D'après unb article du Monde.fr

dimanche 8 juillet 2007

La route du Tokaïdo

Hier, j’ai vu un documentaire passionnant sur le Japon (sur France 5). On parcourait d’abord les "restes" de la mythique route du Tokaïdo, qui permettait de relier Tokyo (la capitale shogunale) à Kyoto (la capitale impériale) et que tout nouveau Shogun se devait d'emprunter pour recevoir l'investiture de l'empereur.

La route du Tôkaidô partait de Nihonbashi, un pont au centre d’Edo, et se terminait 125 ri plus loin (soit environ 500 kilomètres) à Sanjohashi, le pont de la Troisième Rue à Kyôtô. Elle comptait 53 relais. Peu à peu, toute une cohorte de voyageurs, de moines et de marchands profita de la sécurité de cette voie. Des "guides", illustrés par de nombreux peintres d'estampes tels Utamaro, furent bientôt édités, précisant la qualité des haltes ainsi que les lieux "à voir" tout au long du chemin. Le fonctionnaire Hiroshige se rendit célèbre en faisant éditer les estampes des cinquante-trois relais du Tôkaidô en 1835.

Ensuite nous suivions un groupe de pèlerins dans sa visite des 88 temples bouddhistes de l’île de Shikoku.

J’ai bien envie de prolonger la découverte de cette route par la lecture d’un ou deux livres :

- La route de l'Empereur (photo : Thierry Girard, dessins : Hiroshige) publié aux éditions Marval : 288x230mm à l'italienne, 128 pages, 75 reproductions - ISBN 2-86234-274-2.






- À pied sur le Tôkaidô. Le récit de voyage picaresque de Jippensha Ikku publié en 1802 et très vite devenu populaire. Picquier poche, ISBN-10 : 2877303616

vendredi 6 juillet 2007

Love Song

Voici une BD que je vais certainement lire bientôt, même si la musique des années 60 n'est pas ma tasse de thé...

Tome 1 : Manu

Manu épouse Emily pour le meilleur et surtout pour le pire... Né de l'envie de l’auteur de rendre hommage à la pop anglaise des années 60, Love Song raconte le drame de quatre amis d'enfance qui refusent de grandir. Chaque album conjugue à la première personne la vision de l'un d'entre eux sur les trois autres. Tour à tour, Manu, Sam, Boulette et Greg nous entraînent dans un drame musical aux résonances des Beatles, Rolling Stones, Who et Kinks.





Tome 2 : Sam

La solitude de l'homme dans l'adultère, Sam la vit au quotidien. Eléonore, sa compagne, est morte. Morte suite à une opération de chirurgie esthétique.

Morte pour lui plaire. Morte pour qu'il cesse enfin de la tromper... Pointé du doigt par son entourage, Sam le flic se glisse dans la peau de Sam le coupable. Commence alors une descente aux enfers. Sexe, drogue et rock'n roll, comme le dit l'adage. Les Stones l'ont vécu, Sam le vivra à son tour...






mardi 3 juillet 2007

Les bibliothèques de François Mitterrand

Sa vie durant, François Mitterrand n’a cessé de lire, d’écouter, de méditer, de dialoguer avec les écrivains vivants comme avec les écrivains du passé.

L’ancien Président est célèbre pour son goût de l’écriture, pour ses lectures, mais aussi pour son amour du livre sous toutes ses formes : les éditions anciennes, les livres d’art et même les livres de poche.

Des nouveautés, il en recevait tous les jours, jusqu’à une centaine. Il prenait toujours le temps pour les trier et mettre de côté ceux qu’il allait au moins parcourir. Le Président se rendait aussi, régulièrement, dans des librairies parisiennes et provinciales : chez Gallimard boulevard Raspail, Julliard boulevard Saint- Germain ou José Corti rue de Médicis par exemple. Sans compter bien sûr de très nombreux marchands de livres anciens avec qui il dialoguait, comme le raconte Michel Charasse :

« On passait beaucoup de temps chez des antiquaires spécialisés dans les livres anciens, il y avait tout un réseau dans Paris (...). Et tous ces antiquaires lui envoyaient leur catalogue. Il téléphonait lui-même, en marchandant aussi. Des fois, en sortant du restaurant, on faisait un saut chez un libraire, il prenait sa commande. (...). Et il fouinait un peu, posait des questions. »

Après acquisition, le livre intégrait la bibliothèque présidentielle... Il serait plus juste de dire « les bibliothèques ». On peut distinguer trois sites : Latche, la rue de Bièvre et l’Élysée.

À Latche, François Mitterrand entreposait notamment la collection complète du Livre de Poche, ainsi que de nombreuses éditions Pléiade de ses auteurs favoris.

Après l’élection de 1981, la rue de Bièvre était réservée aux vieux livres et aux livres favoris. L’accès à ces deux bibliothèques « intimes » était réservé aux proches.

L’un d’eux, Jean Glavany, les décrit ainsi : « Rue de Bièvre (j’ai connu François Mitterrand début 1979) il m’avait convoqué, dans son petit “poulailler”, son bureau sous les combles, envahi par les livres, posés à même le sol, etc. ; il vivait parmi les livres, une invasion permanente. Il a décidé assez vite de faire descendre des centaines et des milliers de livres à Latche, dont des poches, des livres qui n’avaient pas grande valeur, pour lesquels il a construit deux chalets de bois mis sous les pins, pour le stockage. Et ensuite à Paris, dans les dernières années, il a fait construire une bibliothèque par un de mes amis personnels. »

Dans ces bibliothèques, le classement était l’affaire du Président. Son épouse raconte que, jusqu’à la fin de sa vie, il rédigeait lui même de petites fiches cartonnées pour ses ouvrages préférés.

De l’autre côté, la bibliothèque « officielle » de l’Élysée accueillait les « beaux livres » et les services de presse. Cette pièce du palais présidentiel était un véritable musée du livre, composé par le designer Philippe Starck : « Des sièges spartiates, une table, des rayonnages bas pour les livres que le Président a apportés : les Mémoires de Saint- Simon, tout Racine et tout Cicéron, notamment. Des rayonnages pour les livres et une cheminée. Paisibles, les tons des murs, des meubles, du bois blanchi, du granit et de la pierre grattée. »

Enfin, il ne faudrait pas oublier la Bibliothèque Nationale de France, conçue par l'architecte Dominique Perrault sur une décision du Président, qui l’a inaugurée en 1995. Ce projet représente quatre livres ouverts encadrant un jardin en contrebas. Elle renferme plusieurs millions de livres et de journaux accumulés depuis plusieurs siècles. Elle possède la quasi-totalité des imprimés (livres et journaux) depuis François Ier grâce au dépôt légal, plus une collection inestimable d'éditions originales des plus grands auteurs (une bible de Gutenberg, des écrits de Rabelais, François Villon).


D’après des articles de l’Institut François Mitterrand.

Vous trouverez ici une vidéo de François Mitterrand à Latché, évoquant sa passion pour la lecture.

Pourquoi lire Lovecraft ?

Imaginez que toutes les croyances religieuses ou spirituelles ne sont que pures fantaisies. Ni les Dieux, ni le Diable n'existent... Seules de sombres entités extraterrestres nous manipulent en secret... Autrefois elles gouvernaient l'univers tout entier, mais aujourd'hui la magie les empêche de régner... Ces entités ont pour nom Azathoth, Yog-Sothoth, Cthulhu, Nyarlathotep, Shub-Niggurath... Elles sont immortelles et attendent leur heure !

Imaginez que des sociétés secrètes, corrompues, connaissent l'existence de ces entités et les vénèrent aux quatre coins du monde, dans les marais de Louisiane, dans les étendues arctiques, sur les sommets enneigés du Tibet, au coeur de l'Afrique... Elles oeuvrent aux retour de ces Grands Anciens dans notre réalité.

Suite à leurs exactions, ces entités furent exilées aux quatre coins de l'univers ou dans d’autres dimensions. Le sceau magique des Anciens Dieux fut apposé sur la porte de chacune de leurs prisons pour interdire toute fuite aux Grands Anciens...

Certains d'entre eux arrivèrent sur Terre où la vie n'en était qu'à ses balbutiements. Là, ils durent affronter la Grand Race, un peuple venu des confins de l'espace. Ayant repoussé cette menace, les Grands Anciens s'installèrent, bâtirent et érigèrent des cités aussi sombres que leurs âmes, en ruminant leur vengeance. Il asservirent les créatures qui peuplaient la planète et semèrent la peur et le doute dans les esprits de ceux qui refusaient de les honorer...

Il est dit que lorsque les étoiles auront repris la configuration qu'elles avaient au moment de l'emprisonnement des Grands Anciens, ces derniers seront libérés car la protection magique du Signe des Anciens Dieux n'agira plus... Il arrive cependant que certains parviennent à traverser le voile de la réalité et à intervenir dans notre monde, tel le Grand Cthulhu qui insuffle les rêves et les cauchemars.

Il existe également une dimension parallèle à la nôtre et appelée Contrées du Rêve... Ce monde est accessible à certains rêveurs, mais il abrite aussi certains Grands Anciens et leurs adorateurs.


A lire d’urgence :


"La couleur tombée du ciel" [Denoël, Présence du Futur ou Folio SF]. Un recueil de quatre nouvelles :

"La couleur tombée du ciel" [1927]

"L’abomination de Dunwich" [1928]

"Le cauchemar d’Innsmouth" [1932]

"Celui qui chuchotait dans les ténèbres" [1930]



"Dans l’abîme du temps" [Denoël, Présence du Futur ou Folio SF]. Un recueil de quatre nouvelles :

"Dans l’abîme du temps" [1934]

"La maison de la sorcière" [1932]

"L’appel de Cthulhu" [1926]

"Les montagnes hallucinées" [1932]


"Par delà le mur du sommeil" [Denoël, Présence du Futur ou Folio SF]. Un recueil de cinq nouvelles :

"Par-delà le mur du sommeil" [1919]

"Les rats dans les murs" [1929]

"Le monstre sur le seuil" [1936]

"Celui qui hantait les ténèbres" [1936]

"L’affaire Charles Dexter Ward" [1936]


"Démons et merveilles" [Editions 10/18]

Le Cycle des aventures de Randolph Carter dans les Contées du Rêve. Quatre nouvelles qui se suivent et forment le plus long texte de Lovecraft. Attention, il faut les lire dans l’ordre indiqué ci-dessous.



"Le Témoignage de Randolph Carter" [1919]

"La clé d’argent" [1929]

"A travers les portes de la clé d’argent" [1934]

"A la recherche de Kadath" [1934]

jeudi 28 juin 2007

Le plaisir de couper les pages...


Je viens de récupérer les livres de Julien Gracq que j'avais commandé à mon libraire.
Ce qui est bien avec ces ouvrages (les Entretiens et les deux tomes des Lettrines), en dehors de leur contenu, c'est leur aspect. Les couvertures, simples, mais surtout les pages qu'il faut découper pour découvrir le texte.
J'aime ce côté découverte, même s'il ne faut pas être pressé. Et puis cela me permet d'utiliser un coupe - papier...

mardi 26 juin 2007

Ma bibliothèque est sur Internet

Library Thing est un site en anglophone qui permet de mettre en ligne le catalogue de votre bibliothèque. Comme tous les catalogues sont connectés, il est possible de faire des recherches par genre, par auteur, par recommandation. Il est également possible de laisser des critiques. Du coup, si vous manquez d'idées de lecture, il vous suffit de regarder la fiche d'un livre ou d'un auteur pour trouver d'autres romans liés.

J’y ai mis en ligne ma bibliothèque.

samedi 23 juin 2007

Deux recueils de citations



Je viens de me procurer deux des recueils de citations dont parle Gilles G. Jobin sur son blog « Au fil de mes lectures ».

Ce sont de précieux outils qui vont me permettre de noyer mes élèves sous les citations l’année scolaire prochaine, mais qui me permettent également de retrouver les auteurs de mots célèbres et l’intégralité de citations parfois tronquées

mardi 12 juin 2007

Pourquoi lire Borges ?

jorge-luis-borges.jpg

Taxés d'érudits et de complexes, les livres de Borges défient le lecteur, qui tourne souvent autour sans oser s'y plonger. On l'a jugé pédant, fermé sur lui-même, on l'a traité de rat de bibliothèque (ce dont il était plutôt fier !) étalant fièrement son érudition dans des nouvelles qui semblent de mini encyclopédies. On a tort !

S’il y a quelque chose de vrai là-dedans, c’est que Borges ne consultait pas les encyclopédies, il les lisait. L’écriture de Borges était tout entière encyclopédique : recouper, copier-coller des histoires et des faits qui jamais n'auraient dû se croiser, comme deux entrées placées côte à côte dans un dictionnaire par le seul miracle de l'ordre alphabétique, et dont le rapprochement constitue l'ouverture secrète sur un monde parallèle. Explorer en fait.

Ce que Borges aurait emporté sur une île déserte ? Une encyclopédie, bien sûr, car ce faisant il aurait emporté avec lui le reste du monde. Ce que produit Borges en utilisant tout ce qu'il absorbe de ses lectures, c'est une " prodigieuse illusion de savoir " ; ce qui l'anime, une curiosité jamais rassasiée, la volonté d'embrasser l'intégralité du monde en un seul regard.

Lire Borges c'est comme retrouver un ami fort sage et malicieux qui adore vous raconter des histoires qui vous donnent envie de vous cultiver, de découvrir les livres dont il parle avec passion et intelligence. C'est pour moi le monument littéraire le plus facile d'accès, doté d’une écriture simple et directe, sans fioriture. Borges a la faculté de tailler dans le récit pour n'en laisser que l’essentiel, la structure.

Selon Alan Pauls, auteur d’un essai sur Borges (le Facteur Borges) il faut oser lire le maître comme il doit être lu, en replaçant le rire au coeur de l'écriture, " un rire qui nous enlève et nous transporte en un lieu hors de la pensée ". On raconte qu'avec son complice Bioy Casares, Borges s'enfermait des journées entières pour écrire, et qu'on entendait fuser les fous rires au travers de la porte...

De Borges, on peut lire :

- Fictions, un recueil contenant 16 nouvelles ou contes relevant du fantastique. Je recommande particulièrement « Tlön, Uqbar, Orbis Tertius » qui raconte une conspiration d'intellectuels pour créer un monde imaginaire. Il y a aussi « La bibliothèque de Babel » / imaginez que l'univers soit une immense bibliothèque sur les étagères de laquelle repose un nombre infini de livres.

- L’Aleph, un recueil de dix-sept nouvelles où l’on retrouve les thèmes de prédilection de Borges : les nombreuses références littéraires (parfois volontairement fantaisistes), la métaphysique, les labyrinthes, l'infini, la mort et l’immortalité. Je recommande justement la lecture de « L’Immortel » qui relate l’histoire d’un soldat romain qui se met en quête de découvrir le fleuve d’immortalité qui coule au bord du monde.

lundi 11 juin 2007

Pourquoi lire Tolkien ?

Le Seigneur des anneaux raconte la fin d’un monde, ou d’une époque au moins.

La « Terre du Milieu », où vivent des peuples très différents (hobbits, elfes, nains, hommes, etc.) est menacée par la réapparition d’une entité maléfique nommée Sauron (dont la montée en puissance est décrite dans « le Silmarillion »). Afin de prendre le dessus définitivement, Sauron cherche à reconquérir « l’anneau unique », forgé par lui et dont le pouvoir lui permettrait d’asservir tous les peuples. Or, les forces du bien découvrent qu’elles possèdent cet anneau, qui a été trouvé par hasard par un hobbit (le récit de cela est fait dans « Bilbo le Hobbit »). Ils décident ensemble de faire l’unique chose susceptible d’affaiblir voire anéantir leur ennemi : détruire l’anneau. Mais pour ce faire, il faut entrer dans le cœur même du royaume de Sauron. Une compagnie composée de représentants des différents peuples se met alors en marche pour cette quête, longue et pleine de rebondissements. L’anneau est finalement détruit, l’ennemi est vaincu, mais la Terre du Milieu en reste marquée et amorce son déclin.

Cette œuvre en trois tomes, que l’on peut classer dans le genre « conte» est à l’origine d’un style appelé « heroic fantasy », qui a donné lieu à une abondante production et aux jeux dits « de rôles dont j’ai déjà parlé .

L’auteur, professeur de littérature anglo-saxonne, spécialiste dans le genre littéraire du conte (voir son essai Faerie),est un écrivain prolifique: occupé pendant presque toute sa vie à créer une nouvelle mythologie, de l’origine d’un monde aux histoires liées à ses différents âges, la somme de ce qu’il a écrit dépasse largement le cadre du Seigneur des Anneaux ( son fils a d’ailleurs compilé tous les écrits de son père au sujet de la Terre du Milieu dans une série de livres intitulée History of Middle Earth)

Plus qu’un univers, J.R.R. Tolkien a aussi réinventé des créatures mythologiques (ses elfes n’ont plus rien à voir avec leurs ancêtres nordiques), il a créé des langages (elfe, nain et autres.), une écriture, à partir de principes linguistiques étudiés en profondeur et de l’héritage mythologique anglo-germanique. Le Seigneur des Anneaux intervient à la fin de milliers d’années d’histoires de ce monde, dont il ne reste que des bribes (voir Contes et Légendes inachevées du même auteur).

Les premiers lecteurs ont pu croire à une allégorie sur la Seconde Guerre mondiale, alors toute proche : des peuples alliés contre un ennemi à la recherche de l’arme suprême, la comparaison est tentante. Mais Tolkien lui-même corrige cela dans la première édition de poche autorisée aux Etats-Unis. Dans la préface, il explique que la Seconde Guerre mondiale n’a pu influencer son écriture pour la simple raison que l’essentiel de l’intrigue avait été déjà écrit en 1939, donc avant que la guerre n’éclate et que les alliances se créent. Il reconnaît toutefois l’influence, s’il doit y en avoir une, qu’a eue la Première Guerre mondiale, avec son lot de souffrance et de malheur, sur son œuvre.

L’appartenance du récit à deux genres différents, le conte et l’épopée, est très marquée. Tous les éléments du conte y sont : l’apparition très progressive de la magie et du surnaturel dans un monde très réel (la maison hobbit est un vrai cottage anglais), la transformation subie par les personnages au cours de l’histoire, le passage par des épreuves physiques et psychologiques, les leçons de vie sur les choix à faire. Mais il réunit également tous les ingrédients de l’épopée chevaleresque : mise en exergue du courage, de l’honneur, de la parole donnée, de l’engagement amoureux ; intrigues secrètes, rois et reines détrônés puis restaurés.

L’épopée se sent aussi dans la complexité des caractères, qui dépasse celle des personnages d’un conte. La dualité de Gollum, Bilbo ou Frodon est profonde et le personnage de Sam Gamegie n’est pas sans rappeler celui d’un Sancho Pansa, plus visionnaire que son maître. La beauté et la grâce des elfes n’effacent pas leur nostalgie excessive pour une splendeur passée et une relative indifférence aux aléas du monde. De plus, tout ceci est ancré dans une histoire ancienne préalable, souvent évoquée, qui donne des racines solides à l’histoire contée.

Tout lecteur qui aborde le Seigneur des Anneaux en croyant lire un simple livre d’aventures sera forcément un peu déçu : oui, il y a des événements extraordinaires à foison, mais ils sont ponctués de moments plus lents consacrés à la psychologie des personnages et à la description de paysages. Cela reste malgré tout une œuvre majeure du XXe siècle que je vous recommande de lire afin d’ouvrir les portes de votre imaginaire à la Terre du Milieu. En persévérant au – delà des trois premiers chapitres, vous ne serez pas déçu.

dimanche 10 juin 2007

Julien Gracq et Tolkien

En parcourant le net à la recherche d’information sur « the children of Hurin », une réédition complètement remaniée d’une grande partie des textes composant « le Silmarillion », je suis tombé sur des références liant Tolkien et Julien Gracq dont je parlais ici.

Julien Gracq est l’un des premiers auteurs français à avoir évoqué Tolkien, et pris position en sa faveur. Dans "En lisant en écrivant" (en 1980), il déclare "Enigmatique et irritant pour l'esprit le cas de ces écrivains que la librairie a imposé à la littérature" et cite Tolkien parmi ces auteurs dont le succès populaire précède la reconnaissance des professionnels de la littérature.

Il dit également de l’œuvre de Tolkien : « « La dernière très forte impression de lecture que j'ai ressentie m'a été causée, il y a sept ou huit ans, par Le Seigneur des Anneaux, de Tolkien, où la vertu romanesque resurgissait intacte et neuve dans un domaine complètement inattendu. »

Je vais du coup me plonger un peu plus sérieusement dans le numéro du Magazine littéraire consacré à Julien Gracq et même peut-être lire les « Entretiens » qu’il a accordé, parus en 2002 chez José Corti.

jeudi 31 mai 2007

Un auteur à redécouvrir ?

J’ai lu Julien Gracq en Hypokhâgne, durant l’été avant d’y entrer pour être exact. Etrange impression que de lire Le Rivage des Syrtes sous une tente, en camping…

Ce livre m’avait ennuyé à l’époque, mais comme l’un des éléments clés de l’œuvre était l’inaction et l’ennui qui en découlait, cela m’avait semblé normal.

Depuis, je n’ai pas lu d’autres œuvres de cet auteur. Or, les deux magnifiques articles que lui a consacré Pierre Assouline ici et m’ont redonné envie.

Notamment ce passage de son interview écrite dans le Magazine littéraire :

« Une des particularités de l’écrivain, et qui conditionne profondément son oeuvre, me semble être -s’il n’est pas un polygraphe plus ou moins assujetti à la commande des éditeurs- qu’il secrète de bonne heure autour de lui une bulle, liée à ses goûts, à sa culture, à son climat intérieur, à ses lectures et rêveries familières, et qui promène partout avec lui, autour de lui, une pièce à vivre, un “intérieur” façonné à sa mesure souvent dès la vingtième année, où il a ses repères, ses idoles familières, ses dieux du foyer, où son for intérieur se sent protégé contre les intempéries et à l’aise. Sans l’existence de cette bulle protectrice, deux choses demeurent mal explicables.

D’abord que l’oeuvre d’un écrivain reste dans son ensemble cohérente et articulée au milieu d’un monde déchaîné-le XXème siècle pour ma génération- qui n’a souvent été que catastrophes, renversements brutaux, guerres d’extermination et mutation accélérée de toutes ses structures sociales, comme de son environnement technique. Et sans cette “bulle”, il est difficile aussi de comprendre une certaine indifférence de l’écrivain aux vicissitudes de la vie littéraire à laquelle il se trouve mêlé. Il n’est en général ni un grand découvreur de talents nouveaux, ni un lecteur boulimique de ses contemporains. Il se nourrit de son temps, mais il se protège aussi de ses agressions. Il nous semble, à distance, avoir traversé son époque comme le capitaine Nemo dans Jules Verne traverse les océans, passionné par le spectacle, mais toujours derrière la vitre à l’abri de laquelle il a son orgue et sa bibliothèque, et qu’il ne quitte que pour de brèves incursions et descentes dans les abîmes extérieurs. La cohésion de l’oeuvre de l’écrivain est à ce prix; vers la fin de sa vie sa dominante, en fait de lecture, devient souvent la relecture, signature ultime d’une vie intérieure toujours sur la défensive, qui s’est arc-boutée contre les événements qui le menaçaient dans sa continuité organique, tout autant qu’elle en a nourri, une fois filtrés, sa substance littéraire ».

Pourquoi il ne faut plus lire Dantec !

J’aimais bien Dantec lorsqu’il écrivait des polars. Le classique mais distrayant « la Sirène Rouge » ou le monstrueux et passionnant « les Racines du Mal ».Mais pour qui serait séduit par ces livres et voudrait ingurgiter les milliers de pages de son journal intitulé Le Théâtre des opérations, la chute serait dure !

Dantec annonce la couleur : « Ce livre est l’enfant du chaos », « le chaos laissé par la dévolution de la pensée, par la peur, la haine de soi, le ressentiment, la culpabilité, et les divers étrons idéologiques qui font de la France ce pays qui est sorti définitivement de l’Histoire pour entrer dans l’âge des postures culturelles et des impostures politiques à grande échelle. »

Dantec a accouché d’un pamphlet énorme et haineux. Il y défend « le corps glorieux du Christ » et le retour aux sources des valeurs occidentales traditionnelles. Appelant à la croisade, ce néo converti appelle à terrasser les monstres de notre époque, au premier rang desquels figure l’islamisme radical, l’antiaméricanisme primaire et le nihilisme « zéropéen » (c’est lui qui le dit !).

Le plus grand des périls qui menacent aujourd’hui le monde est pour lui l’islam, une religion fondamentalement perverse : « Il n’y a pas d’islam militant et d’islam modéré. Il n’y a que des variations d’intensité. Les lois coraniques ne peuvent être adoucies que très provisoirement. » Et le danger serait gravement sous-estimé : « L’aveuglement des nihilistes occidentaux au sujet de l’islam semble un condensé de tous les aveuglements successifs de l’Occident depuis deux siècles. Sur le danger jacobin, sur le danger marxiste, positiviste, bolchevik, puis nazi, tiers-mondiste, maoïste, post-moderniste... » Vous apprécierez le joyeux mélange de ce rapprochement !

L’Humanité est entrée dans une nouvelle guerre de religions (ce n’est pas sans rappeler Hundington et sa théorie contestée du choc des civilisations). Et Dantec ne voit rien d’autre à opposer à ce qu’il considère comme l’impérialisme destructeur des fous d’Allah, qu’une sorte de christianisme new age: « Le prochain Christ sera à la fois celui du jugement et celui de la transcendance actualisée de l’amour, transvaluée au sens de devenir de l’être humain totalement assumé comme risque ontologique. »…. Ouf !

Ce retour aux sources de la spiritualité occidentale ( ?) conduit Dantec à n’envisager l’avenir qu’en regardant vers l’Ouest : « le futur de l’humanité s’élabore en Amérique. » D’ailleurs il a décidé de quitter l’Europe qu’il juge moribonde: « Je suis parti de France pour aller vers les Amériques qu’elle a perdues. Je viens en Amérique avec en moi toute la France qui s’est perdue en route ». Ceci étant, n’étant pas totalement fou, il s’est arrêté au Québec !
Il ne pouvait plus endurer « le lavage de cerveau anti-américain quotidien ». Il ne pouvait plus supporter ce qu’il qualifie d’arrogance et d’ingratitude « franchouilles » : « Plus de trois cent mille soldats américains sont morts en terre de France lors des deux conflits mondiaux du XXe siècle. Villepin et Chirac (sic), à l’unisson avec leur "peuple" et ses « "représentants", ont d’un seul geste déboutonné leur braguette et allègrement pissé sur cette colossale pyramide de cadavres. » Cet homme est d’une finesse !

Sur la France, Dantec ne se fait plus d’illusions : « Y a-t-il une sortie vers le haut pour cette nation qui s’efforce par tous les moyens à sa disposition de rejoindre la bonde d’éjection des eaux usées de l’Histoire ? » Hop là, ça c’est fait….

Sur l’Europe son jugement n’est guère plus favorable : « L’Europe aura donc été une magnifique possibilité, morte avant que d’avoir vécu, ange avorté pour lequel il m’est difficile de ne pas ressentir le poids d’une chagrin lesté de toutes ces civilisations épuisées en vain. » Dans la foulée, Dantec assassine sans nuance l’Europe de Maastricht et affirme son opposition catégorique au projet de Constitution qu’il appelle « l’immonde papelard ». De ce point de vue la victoire du non au référendum de 2005 semble lui lui avoir procuré quelque satisfaction..

En définitive, la vision de Dantec est sombre : « je vis la fin d’un monde, je vis le crépuscule des hommes, je vis la terminaison de toute l’Histoire. » (On dirait du Fukuyama). S’il pouvait aussi terminer d’écrire !

Ses textes sont remplis de boursouflures, d’excès, de redondances. Le discours est semé de notions obscures (matrices, vortex, méta-codes, syncrétismes, ontologies et autres gros mots), par des formules à la « mord – moi – le nœud » (pour parler comme lui) et par des poèmes extrêmement hermétiques. En bref, son journal déborde de vomissures plus illisibles les unes que les autres.

Il ne faut pas continuer à lire Dantec… Ou alors il faut relire « Les Racines du Mal » et se dire qu’il est vraiment dommage que cet auteur soit trop tôt disparu.