dimanche 9 décembre 2007

Gracq et Tolkien, encore

Je suis en train de lire Lettrines de Julien Gracq. J’aime assez cet assemblage de pensées et de critiques littéraires. Le style de Gracq est difficile à décrire, à la fois précieux et moderne. Je pense aussi que j’apprécie chez Gracq le géographe, véritable peintre du paysage et de la topographie.

Voici ce qu’il dit sur la création d’un roman :

« Les fantômes de livres successifs que l’imagination de l’auteur projetait à chaque moment en avant de sa plume, et qui changeaient, avec le gauchissement inévitable que le travail d’écrire imprime à chaque chapitre, tout comme une route sinueuse projette devant le voyageur, au sein d’un paysage d’un caractère donné, une série de perspectives différentes, parfois très inattendues.

A chaque tournant du livre, un autre livre, possible et même souvent probable, a été rejeté au néant. Un livre sensiblement différent, non seulement dans ceci de superficiel qu’est son intrigue, mais dans ceci de fondamental qu’est son registre, son timbre, sa tonalité. »

Julien Gracq déclare ici que le travail des critiques est souvent vain, puisqu’ils ne peuvent connaître ces livres non écrits… Mais son propos prend pour moi un autre écho avec la parution des manuscrits de Tolkien concernant le Seigneur des Anneaux. Nous avons ainsi, en quelque sorte, ces livres non écrits ou au moins non aboutis.

Lorsque j’en aurais le temps et le courage, je me lancerais sur la route sinueuse de cette œuvre afin d’en voir les multiples paysages.

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