samedi 30 juillet 2016

Un autographe de Gracq



Voici un autographe de Julien Gracq, illustré d'une photo du bord de Loire, près du Grenier à sel. C'est d'ailleurs autant pour l'écriture que pour la photo que j'en ai fait l'acquisition.

mardi 26 juillet 2016

Déception


J'ai éprouvé finalement une petite déception à la lecture de L'amour conjugal de Moravia. Je n'ai pas ressenti le choc de la lecture du court passage que j'évoquais précédemment. Il y a tout de même de belles pages, comme cette description de la femme aimée, en ouverture du roman.
« Aimer, cela veut dire, entre bien d’autres choses, trouver du charme à regarder et à considérer la personne aimée. Et trouver du charme non seulement à la contemplation de sa beauté mais encore de ses défauts, qu’ils soient rares ou non. Dès les premiers jours de mon mariage, j’éprouvai un inexprimable plaisir à regarder Léda ( c’est ainsi qu’elle se nomme ), à épier son visage et toute sa personne dans ses moindres mouvements et ses plus fugitives expressions. 
Ma femme, quand je l’épousai, avait à peine plus de trente ans. ( Depuis et après avoir mis au monde trois enfants, quelques-uns de ses traits ont, je ne dirai pas changé, mais se sont en partie modifiés. ) D’assez haute stature quoique vraiment pas très grande, elle était belle, avec un corps et un visage assez loin de la perfection. Sa figure longue et mince avait cet air fuyant, égaré, presque impénétrable qu’ont parfois les déesses classiques dans quelques médiocres tableaux anciens dont la peinture incertaine est rendue plus hésitante encore par la patine du temps. Cet air singulier, cette beauté insaisissable qui, tel un reflet de soleil sur un mur, ou l’ombre d’un nuage au-dessus de la mer, pouvait à chaque instant s’effacer, lui venait sans doute de ses cheveux d’un blond métallique, toujours un peu défaits, dont les longues mèches évoquaient l’envol de la peur, la fuite, envol aussi de ses yeux bleus, immenses, légèrement obliques, avec leur pupille dilatée dont le regard humble et flottant suggérait, comme la chevelure, un état d’âme craintif et fuyant. 
Elle avait le nez long, droit et noble et une grande bouche rouge dont la lèvre inférieure ourlait largement un menton trop petit et dont la ligne extrêmement sinueuse évoquait une sensualité lourde et sombre. C’était un visage irrégulier et cependant très beau, d’une beauté comme je l’ai dit, insaisissable qui, dans certains moments et certaines circonstances – on le verra plus loin – devenait évanescent. 
Il en était de même de son corps. Elle avait le buste maigre et délicat d’une jeune fille au contraire, la solidité, la force, l’épanouissement des hanches, du ventre et des jambes dénotaient une vigueur musclée et provocante. Mais cette disproportion, comme celle du visage, disparaissait sous la grâce d’une beauté qui, comme un air familier et impalpable ou une lumière mystérieusement transfigurante, l’environnait de la tête aux pieds d’un halo de perfection. C’est étrange à dire, mais parfois, en la regardant, il m’arrivait de penser à elle comme à une personne de traits et de formes classiques, sans défauts, toute harmonie, sérénité, symétrie. Au point que cette beauté, disons spirituelle, faute d’une autre appellation, m’exaltait et m’enchantait.»

lundi 25 juillet 2016

Un choc littéraire... A confirmer.

"Je pouvais maintenant la voir grimper la pente du coteau, vers l'aire sur laquelle surgissait la masse arrondie des meules. Elle s'agrippait aux buissons, penchée en avant, glissant et trébuchant, et dans son visage tendu et avide, aux yeux dilatés, dans les gestes de son corps, je reconnus de nouveau sa ressemblance avec une chèvre qui grimpe pour brouter. Et puis, comme elle arrivait en haut de la montée, une silhouette d'homme sortit de l'ombre, se pencha, la prit par le bras et la tira presque de tout son poids. En voulant lui rendre l’équilibre, l’homme virevolta et je reconnus Antonio. Cette fois, je compris tout et je fus saisi en même temps d’un grand froid et d’une grande stupeur de n’avoir pas compris plus tôt. » 
Cette citation est extraite d'un court roman d'Alberto Moravia, L'amour conjugal. Je n'ai pas encore lu ce livre, mais ce passage découvert au hasard d'Internet m'a parlé tout de suite. Je veux voir si le texte entier me fait la même forte impression

samedi 23 juillet 2016

Un bel objet



Voici un écritoire trouvé en foire - à - tout aujourd'hui. Posés dessus, des cours d'histoire médiévale d'université datant du XIXe siècle et un porte - plume ancien en ivoire de Dieppe.

Fulgurances de Julien Gracq

C'est exactement pour cela que j'aime autant cet auteur. Il dit précisément ce qu'il faut, comme en témoigne ces extraits d'un entretien donné à Jean Carrière vers 1986.

"Je ne crois pas aux arrières - monde poétiques, je ne crois pas au "fuir là-bas, fuir !..." de Mallarmé, ni à cette idée de l'évasion par l'art qui sous-temps tout le romantisme français. Et qui s'exprime encore ouvertement à travers Baudelaire. Je me sens beaucoup plus d'accord avec la conception unitive qui me semble être celle de Novalis : le monde est un, tout est en lui ; de la vie banale aux sommets de l'art, il n'y a pas de rupture, mais épanouissement  magique, qui tient à une inversion intime de l'attention, à une manière tout autre, tout autrement orientée, infiniment plus riche en harmoniques, d'écouter et de regarder. Ce qui fait que la littérature (j'ai envie de dire plutôt : la poésie) est à prendre en effet extrêmement au sérieux, et à prendre au sérieux sans tristesse aucune, à cause de son immense, et quotidienne, capacité de métamorphose et d'enrichissement. Mais à une condition : ne pas confondre, si souhaitable que cela puisse paraître, les deux manière de regarder; savoir que l'expérience poétique, qui est une expérience vraie, et complète, n'est pas utilisable, n'est pas transposable directement dans l'univers pratique."
(...)
"Il y a dans l'enseignement secondaire français une discipline traditionnellement bifide qu'on a souvent moquée, comme une sorte de fourre-tout mal constitué, et qui s'appelle Histoire -et- Géographie (avec des tirets). J'ai assisté en son temps aux efforts, finalement victorieux, que déployait Emmanuel de Martonne pour les disjoindre, et pour faire créer une agrégation spécifique de géographie. Elle a été créé, mais elle n'a rien changé ; les mêmes maîtres, dont j'ai été, continuent à enseigner - toujours avec des tirets - l'histoire-et-géographie.
C'est qu'il y a là en réalité une jointure solide, un continuum de nature en grande partie imaginative (même si l'une est susceptible de vérifications successives, histoire et géographie, à chaque moment, n'ont d'existence l'une et l'autre que dans l'imagination).Capable de résister à la dissection. Avant, bien longtemps avant de l'enseigner, dès mes années de lycée, le continuum Histoire-et-Géographie a été pour moi une réalité familière, une référence spontanée : c'est la forme concrète que revêtent pour moi spontanément l'espace et le temps, c'est le canevas unifié continu sur lequel se projettent pour moi d'eux-mêmes aussi bien les évènements que mentionnent le journal que les fictions que j'imagine."

vendredi 22 juillet 2016

Mon jardin statuaire






Quelle surprise ! Voici que j'ai découvert un jardin statuaire chez moi, comme dans le roman de Jacques Abeille. Ce sont déjà  deux sculptures qui sont apparues en l'espace de quelques jours. J'espère qu'il va grandir rapidement...