mercredi 31 décembre 2008

Les grands aussi...

Pour terminer l’année par un grand éclat de rire (c’est ce qui m’est arrivé devant mon écran), je reproduit ici des citations extraites des Friandises littéraires de Joseph Vebret. Ce livre est présenté ici par Pierre Assouline, encore.Il s'agit du chapitre sur "l'art de ne pas se relire".

“Il se leva debout” (Hugo, Les Misérables),
“Je dirai qu’une femme ne doit jamais écrire que des œuvres posthumes à publier après sa mort” (Stendhal, De l’amour),
Quatre mille Arabes couraient derrière (un chameau), pieds nus, gesticulant, riant comme des fous, et faisaient luire au soleil six cents mille dents blanches (Daudet, Tartarin de Tarascon),
“D’une main il leva son poignard, et de l’autre il lui dit…”(Ponson du Terrail),
“Je m’en vais mettre les fers au feu pour tirer les vers du nez de Mme Barbançon afin de voir ce qu’elle a dans le ventre ! “(Eugène Sue, Les Sept pêchés capitaux),
“Oui, oui, nous partons, dit Pierre, qui se détourna, cherchant son chapeau, pour s’essuyer les yeux.” (Zola, Lourdes)…

Bonne année 2009 à tous ceux qui passent par cette bibliothèque...

mardi 30 décembre 2008

Librairies

Un autre livre qui me tenterait assez, si ce n’était son prix, un tantinet élevé !

"Histoire de la librairie française" sous la direction de Patricia Sorel et Frédérique Leblanc, avec la collaboration de Jean-François Loisy. Ed. du Cercle de la librairie, 736 p., 159 €.

Un livre pour réfléchir sur la vente de livres… Vous en trouverez une présentation ici.

Une suite au livre "Librairies, corps et âmes" paru chez Vinci en 1994 et dans lequel des écrivains évoquaient leurs librairies favorites.

Absence

J'ai longtemps hésité à publier ce texte, toute la journée en fait. Mais je crois qu'il le faut. Je l'ai écrit, je l'ai pensé, je le pense encore. Je sais, j'espère, que mes proches comprendront.

Il y a des lectures difficiles… Je ne m’attendais pas à cela en ouvrant le premier tome du Journal étrange, ce matin. Le premier « et si » évoqué étant « Si ma mère eût vécu »…

La mère de Marcel Conche est morte à sa naissance et il se demande donc dans ce chapitre ce qu’aurait pu être sa vie avec elle. Il n’y parvient pas vraiment, ni même d’ailleurs à imaginer autrement ce père « lointain, sévère olympien », qui n’aurait pas été transformé par la mort de l’être aimé.

Mon histoire n’a pas grand chose à voir avec celle de Conche, ma mère est morte alors que j’avais 22 ans. Et pourtant ce texte m’a parlé.

(…) « toute ma vie en eût été changée.
J’aurais été différent. En quoi ? Jusqu’à quel point ?
(…) J’ai toujours eu le sentiment qu’il me manquait quelque chose, sans pouvoir dire quoi. »


Et, en ne citant plus, mais en plagiant, j’ai découvert une vérité (elle m’est plutôt « tombée dessus » ce matin) :

Si ma mère eût vécu, j’aurais été un père très différent – un père heureux -.

lundi 29 décembre 2008

Encore un peu de lecture

Comme j’allais en ville pour faire les achats de cadeaux du réveillon du nouvel an, je suis passé chez mon libraire. Si j’ai résisté à l’achat de « Promenades sous la lune », j’ai craqué pour « La forme d’une ville » de Gracq et l’édition des « Essais » de Montaigne en français moderne par Claude Pinganaud. Ce sera plus commode à relire que mon édition en trois volumes et ancien français.
Ajouté aux livres de Marcel Conche que je viens de recevoir par colis, je crois que le début d'année 2009 va être bien rempli.

Promenades sous la lune

Pierre Assouline a beaucoup de détracteurs et je ne suis pas toujours d’accord avec ce qu’il écrit (j’ai conscience qu’écrire cela est un peu prétentieux), mais il a l’art et la manière de donner envie de lire.
A la fin de son dernier article, je savais déjà qu’il me faudrait me procurer « Promenades sous la lune » de Maxime Cohen et l’ajouter à la liste des livres à lire…
Je me rends compte que j’affectionne particulièrement les livres – carnets dans lesquels les auteurs confient leurs pensées ou leurs notes de lecture, sans ordre apparent. Cela me fait penser que je possède un cahier de notes historiques prises par un érudit du XIXe siècle et que je remets toujours à plus tard le moment de le déchiffrer.

dimanche 28 décembre 2008

Montaigne, Heidegger, Auschwitz et Hiroshima

Dans l’un des chapitres consacrés à Heidegger, Marcel Conche revient sur sa conception du rôle de la philosophie.

« La philosophie est recherche de la vérité. Mais il lui est essentiel de ne pas aboutir à ce qu’elle a visé : le philosophe n’atteint pas la vérité, mais seulement sa vérité. (…) Autrement dit, les « vérités » philosophiques sont différentes parce que les philosophes vivent dans des mondes différents. Une grande philosophie est nécessairement en accord essentiel avec le monde du philosophe. Un professeur de philosophie d’aujourd’hui – qui n’est pas à proprement parler, un philosophe - , peut se dire « thomiste », « kantien », « hégélien », etc. En ce cas, vivant dans un certain monde, le nôtre, celui où il y eut Auschwitz et Hiroshima, il pense comme s’il vivait dans un autre, et donc dans l’abstraction à l’égard du propre de son monde. »

Puis il explique pourquoi la philosophie d’Heidegger introduisit une rupture dans la pensée :

« Il est en phase avec ce monde, ce qui n’est le cas, alors, d’aucune autre philosophie, au moins d’une façon aussi intime. Lorsque Heidegger questionne, c’est la souffrance même d’un monde qui questionne en lui. Voici ce qu’écrit F. Heinemann en 1935 : « Aujourd’hui notre intellect, loin de planer librement, se trouve enfoncé avec violence dans la profondeur de l’existence. Nous posons des questions, et c’est une souffrance profonde, inconcevable, qui les pose en nous : la souffrance suscitée par la dense cohue des évènements contemporains : guerre, révolution, décomposition de la société bourgeoise et des valeurs supposées éternelles d’une culture plus de deux fois millénaire, crise du capitalisme, inflation, déflation. En nous ce qui pose les questions, c’est ce fait central, dont les évènements ci-dessus énumérés ne sont que des aspects partiels : la catastrophe de l’homme. »

Aurais-je trouvé la philosophie « pessimiste » que je recherche ? Dois-je lire Heidegger ?

Dans un autre chapitre, toujours en évoquant Heidegger, Conche cite Montaigne :

« Pourquoi prenons-nous le titre d’être, de cet instant qui n’est qu’une eloise dans le cours infini d’une nuit éternelle, et une interruption si brève de notre perpétuelle et naturelle condition ? » (Essais, II, XII, PUF, p. 526). Notre condition quasi perpétuelle : de n’être pas encore, ou de n’être plus. »

samedi 27 décembre 2008

Preuves et arguments

J'ai eu l'autre jour une conversation avec une amie mathématicienne (elle n'aimera pas ce terme !) au sujet de la beauté de cette science. Elle a parlé, si je me souviens bien, de recherche de la vérité, de plaisir de la démonstration. Comme je comparais cela au plaisir de la découverte en archive, elle m'a répondu ceci qui m'a frappé : dans les textes, on découvre quelque chose qui s’y trouvait déjà, on le révèle seulement. Alors que par la démonstration, on découvre quelque chose qui n'était pas et on le fait exister.

C'est la lecture d'un passage de Conche qui m'a rappelé cette conversation :
« Mais il n'y a pas de preuve en métaphysique. Car une preuve, une démonstration ne laissent pas libre de penser autrement. (...) Le philosophe métaphysicien ne démontre pas: il argumente, et argument n'est pas preuve. Car la preuve contraint la liberté de l'esprit, alors que l'argument n'a que le poids et la force que lui consent la liberté. »

Je crois que l’on touche là une différence fondamentale entre les sciences et les sciences sociales. Lorsque je parle d’histoire à mes élèves, j’argumente et si je veux qu’il adhère à mon raisonnement, je joue parfois sur l’autorité naturelle du professeur. Lorsque cette amie développe un raisonnement mathématique, elle prouve et cette preuve doit s’imposer (je dis « doit », car nous avons tout de même affaire à des élèves, êtres illogiques s’il en est).

D'autres pages

Il arrive parfois qu'arrivant a la fin d'un livre, je cherche d'autres pages. Non que l'histoire me paraisse inachevée, mais plutôt que je ne veux pas rompre ce contact étroit avec le livre.
Peu de livres, peu d'auteurs m'ont provoque cette sensation : Le seigneur des anneaux, bien sur (mais a la deuxième ou troisième lecture seulement), Les trois mousquetaires, Les racines du mal et Les pianos mécaniques de Henry François Rey.

Curieux livre que ce dernier, paru chez Robert Laffont en 1962. Il raconte la rencontre de différents personnages en Espagne. Pourquoi ai-je aimé ce roman ? Je ne saurais le dire. Je l'ai fait lire a d'autres personnes qui ont confirmé ce que je savais : pas de style, pas réellement d'histoire. Alors quoi ? Une certaine proximité avec les personnages ? Une résonnance avec mon état d'esprit du moment ?

Dans tous les cas, c'est une lecture qui compte.

En voici les premières et dernières phrases :
"Apres la frontière, Vincent ralentit. Le dépaysement commençait. "Bienvenue en Espagne" disaient les écriteaux."
(…)
"Jenny étire son long corps. Elle sourit.
- Il faut se lever, dit-elle. Daniel va rentrer.
Elle est nue, debout.
- Maintenant, je sais ce que je ferais, cet hiver : je te regarderai, dit Régnier."

vendredi 26 décembre 2008

Penser tout haut

Ce que je trouve fascinant chez Marcel Conche, outre sa clarté d’esprit et de style, c’est sa capacité à surprendre au détour de la page. Ainsi dans le chapitre « Dieu » où je découvre ce matin ceci :

« Car si l’on n’aime pas, on ne souffre pas, mais on ne vit pas. Celui qui aime sa femme a de la joie, mais la douleur n’est pas loin : il suffit qu’elle soit mécontente, ou triste, ou souffrante, ou n’ayant plus d’amour. (…) Si la vie est douloureuse, c’est que l(on ne peut pas s’abstenir d’aimer. »

Dans quel sens prendre tout ceci ? J’ai souvent voulu ne pas éprouver de sentiments (ne pas aimer ?), était-ce pour ne pas souffrir ? Ne pas vivre ?
Je me souviens d’une conversation avec un camarade, alors que nous révisions le CAPES, chez moi, peu après la mort de ma mère. Je lui soutenais alors que j’enviais les machines, purs mécanismes, agissant par « habitude » et que c’était là mon idéal de vie. Il m’objectait le contraire, argumentant que l’homme est avant tout esprit. Il avait raison, bien sûr. Je pense comme lui aujourd’hui. L’esprit est ce qui fait l’homme. C’est sa grandeur et son malheur.

J’accorde beaucoup de place à la souffrance. Non que j’aime souffrir, mais que par elle, je sais que je vis, que j’avance. C’est pour cela, je crois, que je rejette tous les produits « stupéfiants », comme autant de moyens de nier la vie.

Mais je m’égare, continuons la lecture :

« Si l’on aime on a l’espoir, la joie, la douleur, la déception, la colère, la haine, jamais l’ennui. »

Et Dieu dans tout ça ? Il semble bien secondaire pour Conche…

mercredi 24 décembre 2008

Réflexions matinales

Comme je marchais ce matin au travers la ville encore partiellement endormie, je me suis interrogé sur cette attirance pour Borges et Gracq, ou plus récemment Conche, ces auteurs vieillissants.
Sans doute recherchais-je une certaine forme de sagesse ? Mais j'apprécie aussi une manière de penser, qui sait prendre son temps dans un monde où tout va trop vite.
Leurs styles précis, faussement simples, sont pour moi les derniers témoignages d'une époque durant laquelle les mots avaient du sens, une signification précise. La magie du Verbe, en quelque sorte.
je doute fortement d'atteindre leurs âges canoniques, mais si cela était, je souhaiterais vraiment aboutir à la sérénité que je sens au travers leurs écrits.

mardi 23 décembre 2008

Un peu de philosophie ne peut pas nuire

J'ai le sentiment que Marcel Conche devait un prof de philo assez extraordinaire, tant ses propos me semblent pédagogiques, tant il sait présenter des idées complexes de façon limpides.
A propos de la distinction entre homme et animal, par exemple :

"L'animal est pris dans le monde comme un bateau dans les glaces. L'homme est ouvert au monde : pour lui, il y a le monde.(...) L'homme est libre, car il juge, ou peut juger, en fonction des états de choses, en se laissant lui-même de côté, en faisant abstraction de soi, et donc en se fondant sur la seule vérité de la chose, sans être déterminé par ce qu'il est.(...) L'homme souffre de la souffrance animale ; l'animal ne souffre pas de la souffrance humaine."

Ou bien la relation ente l'âme et le corps :

"On ne peut pas dire que l'homme soit composé d'une âme et d'un corps, car ce serait accordé au corps une importance égale à celle de l'âme.
C'est ce que platon a fort bien expliqué :
l'homme se sert de son corps mais n'est pas son corps, car "celui qui se sert d'une chose se distingue de la chose dont il se sert". L'homme commande au corps. "Qu'est-ce donc que l'homme ?" Ce n'est pas le corps : il ne se donne pas des ordres à lui- même. est-ce le tout, corps et âme ?
"Socrate - Ce serait donc le tout, corps et âme, qui commanderait au corps, et c'est ceal qui serait l'homme ?
Alcibiade - Peut-être.
Socrate - Mais non vraiment ; car si l'une des deux parties ne participe pas au commandement, il est absolument impossible que ce soit le tout qui l'exerce.
Alcibiade - C'est vrai.
Socrate - Alors, puisque ni le corps, ni le tout ne sont l'homme, reste qu'ils ne soient rien, ou, s'ils sont quelque chose, il faut en conclure que l'homme, c'est l'âme"

lundi 22 décembre 2008

Librairie



Je suis allé chercher le journal de marcel Conche chez mon libraire, aujourd'hui. Ce n'était pas le bon moment, avec toute cette foule achetant les derniers cadeaux de Noël. Je n'ai jamais vu autant de monde dans une librairie. Les vendeurs paraissaient exténués et agacés par les demandes délirantes des clients. Je regrette le temps où cette librairie était moins bien rangée, quand on pouvait « fureter » dans les rayonnages sans rencontrer âme qui vive. Mais je conçois que commercialement, ce n’était pas rentable. Le résultat, c’est que je ne trouve plus ce que je cherche dans cette librairie, et que je commande par internet.
Je n'ai trouvé là – bas que le troisième volume du journal, récemment sorti. Je commanderais les deux autres plus tard. Je n'ai que feuilleté ce livre, mais son contenu m'attire, avec des chapitres courts au contenu éclectique.

dimanche 21 décembre 2008

Être malgré le Néant ?

Je conseille vraiment la lecture de l'entretien avec Marcel Conche paru dans Le Magazine Littéraire. J'aime le peu de la pensée de cet homme que l'on peut y lire et je vous en propose quelques extraits :

" A cette époque, je suivais le précepte sartrien :"Tout anticommuniste est un chien"; j'étais proche des communistes parce que les Russes avaient payé le prix lourd pour la victoire contre les nazis : il y avait une reconnaissance pour l'URSS. Mais mon jugement, à ce moment - là, aurait bien eu besoin de Montaigne ! La puissace de rectification est venue plus tard."
(...)
"Pour avoir un esprit équilibré et un bon jugement, il faut veiller à sa propre santé, dans la mesure où cela dépend de nous. Si la fatalité peut nous frapper, il faut éviter tout ce qui est destructeur et tout excès. Il y a deux sortes d'hygiène, l'hygiène du corps et l'hygiène de l'esprit. Il faut préserver et l'une et l'autre. L'esprit peut être maltraité par tout ce qui manque de légèreté, de pudeur et de sobriété. Garder son esprit ouvert, généreux et disponible, inspiré par la bonté à l'égard d'autrui, et considérer la vie comme un bienfait : c'est mon éthique personnelle".
(...)
"C'est par obligation morale qu'il faut penser la finitude humaine : le temps infini amène pour les êtres le destin, donc la mort. Dans le temps "rétréci" de nos activités, nous nous donnons un certains temps pour faire ceci ou cela, nous oublions le temps immense de la nature. Si nous vivons dans le temps immense de la nature, nous ne pouvons plus croire que nous sommes un être, parce que, comme le dit Montaigne, pourquoi donner le nom d'"être" à cet instant qui n'est qu'un éclair dans le cours infini de la nuit éternelle..."

samedi 20 décembre 2008

Un journal qui attise ma curiosité



Cela faisait longtemps que je n'avais pas acheté Le Magazine Littéraire. je me suis procuré celui de décembre, comportant un dossier sur les mystiques. Pas inintéressant, mais assez éloigné de mes gôuts et de mes aspirations.
Plus intéressant, un entretien avec Marcel Conche, que j'ai découvert à cette occasion. Traducteur et commentateur des philosophes grecs, notamment "antésocratiques", philosophe lui-même, il est également l'auteur d'un "Journal étrange" dont le troisième volume vient de sortir et que j'ai bien envie de lire.

mercredi 17 décembre 2008

Un cadeau pour noël ?



Le dernier-né de la maison FMR, « Michelangelo la dotta mano », dont le prix - 100 000 euros - l'établit comme le livre le plus cher du monde, est-il toujours un livre ?

Ce volume de vingt kilos veut retrouver l'esprit de la Renaissance. A l'époque, le livre devait réunir le meilleur du savoir et du savoir-faire artisanal pour s’élever au rang d’objet d'art. La couverture en marbre de Carrare et velours de soie renferme un volume consacré aux génies de l'art et de la culture italiens.
En contrepoint des quarante-cinq clichés en noir et blanc qui restituent la force et la douceur du maître florentin, sont proposés plusieurs textes en italien, dont le Michel Ange Buonarrotti de Giorgio Vasari (1568). Le tout agrémenté de documents (lettres, dessins et poèmes de Michel-Ange) reproduits en litho-sérigraphie sur parchemin et appliqués à la main.

Le temps de réalisation d’un tel ouvrage : six mois environ... Sur les 33 premiers exemplaires de cette édition qui sera limitée à 99, 28 ont déjà trouvé des acquéreurs. Parmi ces derniers, la mairie de Bologne mais aussi la New York Public Library et le Musée du Prado (Madrid), où l’on pourra admirer ce livre.

Dure est la route...

J'avance doucement, péniblement dans ma lecture de "La route" de McCarthy. C'est un bon livre, magnifiquement écrit, mais le sujet me parle trop.
Déjà peu optimiste de nature, je suis en plus épuisé en ce moment, et les tribulations de ce père et de son fils dans un monde ravagé me pèsent.
Chaque mot de ce livre est pesé, ciselé, efficace. On ne connait pas le repos en le lisant.
je résumerais ce livre ainsi : lequel mourra le premier ? Si le fils meurt, le père n'y survivra pas. Si le père meurt... Il reste une balle dans le chargeur du revolver.

mardi 2 décembre 2008

Simple mais évident

je continue ma lecture de "La route" et je tombe sur cette phrase :
"On oublie ce qu'on a besoin de se rappeler et on se souvient de ce qu'il faut oublier".
Parfaite définition de la condition humaine, selon moi.

lundi 1 décembre 2008

La route

En parallèle avec le "Discours sur l'histoire universelle", un brin ardu, j'ai commencé la lecture de "La route" de Cormac McCarthy.
Je ne suis pas avancé dans l'histoire pour en parler, mais je trouve que les dialogues sont magnifiques de précision et concision.
Voici un extrait où le fils interroge son père :

"Je peux te demander quelque chose ? Dit-il.
Oui. Evidemment.
Est-ce qu'on va mourir ?
Un jour. Pas maintenant.
Et on va toujours vers le sud.
Oui.
Pour avoir chaud.
Oui.
D'accord.
D'accord pour quoi ?
Pour rien. Juste d'accord.
Dors maintenant
D'accord.
Je vais souffler la lampe. D'accord ?
Oui. D'accord.
Et plus tard dans l'obscurité : je peux te demander quelque chose ?
Oui. Evidemment.
Tu ferais quoi si je mourais ?
Si tu mourais je voudrais mourir aussi.
Pour pouvoir être avec moi ?
Oui. Pour pouvoir être avec toi.
D'accord."


Comme j'aimerais avoir ce genre de discussion, parfois. Le langage devrait toujours être aussi simple à utiliser, surtout avec ses enfants.

mardi 25 novembre 2008

La société n'est pas un choix ?

Comme je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit encore, j'ai pu avancer ma lecture d'Ibn Khaldûn. Dans la première partie de son œuvre, il traite de la société humaine.

"L'homme est fait pour vire en société. C'est ce que disent les philosophes : "l'homme est politique par nature. "Ce qui signifie qu'il ne peut se passer d'organisation sociale - ce que les philosophes appellent "cité", en termes techniques".
(...) "L'homme(seul) ne peut subvenir à ses besoins. Même le minimum vital - une ration journalière de blé par exemple - requiert mouture, pétrissage et cuisson : c'est - à - dire le concours d'ustensiles et d'outils et, par suite, celui de trois corps de métier."
(...)"Il lui faut donc faire appel à un grand nombre de ses semblables. Les besoins d'une collectivité ne peuvent être satisfaits que par la coopération.
Il en est de même pour la défense : chacun a besoin de l'aide d'autrui.(...) L'agressivité est dans la nature des êtres vivants. Dieu a donné, à chacun d'eux, un organe défensif. A l'homme, il a donné la pensée et la main".
(...)"La vie sociale est donc indispensable à l'humanité. Sans elle, les hommes ne pourraient assurer complètement leur existence (...)".


J'aime cette idée d'une société bâtie sur la nécessité. Je trouve l'image des hommes, animaux de proie, obligés de cohabiter plutôt séduisante et réaliste.

lundi 24 novembre 2008

Une définition qui n'a pas pris de ride

Comme j'ai commencé la lecture du Al-Muqqaddima, je ne résiste pas à l'envie de publier cet extrait de l'introduction qui traite de l'histoire :
"Les ignorants peuvent aussi bien la comprendre que les gens instruits. En effet, l'histoire n'est, en apparence, que le récit des évènements politiques des dynasties et des circonstances du lointain passé, présenté avec élégance et relevé par des citations. Elle permet de distraire de vastes publics et de nous faire une idée des affaires humaines.(...)Cependant, vue de l'intérieur, l'histoire a un autre sens. Elle consiste à méditer, à s'efforcer d'accéder à la vérité, à expliquer avec finesse les causes et les origines des faits, à connaitre à fond le pourquoi et le comment des évènements. L'histoire prend donc racine dans la philosophie, dont elle doit être comptée comme une des branches."
Le plus extraordinaire, pour moi, est que cette définition a été donnée vers 1377, à la même époque que furent rédigée les Chroniques de Froissart, certes intéressantes, mais pas aussi riches que ce texte.

Relirais-je "Le Roi Vert" ? Je ne crois pas


Je viens de lire un article du Monde.fr sur la "déchéance" de Paul Loup Sulitzer, cet auteur à succès des années 80. Un auteur dont le succès reposa sur l'écriture des autres.
On y mentionne "Le roi vert", l'un de ses premiers romans.J'ai lu ce livre sur les conseils de ma mère et ma grand-mère, et je dois dire que j'en garde un bon souvenir.
Ce type (ou ses petites mains) savaient raconter des histoire.

dimanche 23 novembre 2008

Je vous recommande le blog de cette illustratrice, Pénélope Bagieu. Certes, ce ne sont pas mes couleurs, mais j'avoue que le contenu me plait. Mention spécial au strip publié lors de l'élection d'Obama...

Conclusions sur l'Aleph et nouvelle lecture

J’ai terminé "L’Aleph". Relire est une activité intéressante, notamment un recueil de nouvelles. On ne lit pas de la même façon à seize ou trente-six ans.
Il y a vingt ans, ce sont les nouvelles L’immortel et L’Aleph qui m’avaient marquées, question d’état d’esprit et de centre d’intérêt je suppose. De ma lecture actuelle, je retiendrais les nouvelles déjà citées dans les précédents articles ainsi que L’écriture de Dieu et Deutsches Requiem.
Etonnante nouvelle que cette dernière, qui me laisse un goût amer dans la bouche. Il s’agit de la confession d’un homme qui va mourir, d’un directeur de camps de concentration. Voici ce qu’en dit Borges dans l’épilogue du recueil : « pendant la dernière guerre, nul ne put souhaiter plus vivement que moi la défaite de l’Allemagne ; nul ne put ressentir plus que moi la tragédie du destin allemand ; Deutsches Requiem veut comprendre ce destin, que ne surent pleurer, ni même soupçonner, nos « germanophiles » qui ne savent rien de l’Allemagne ». Dans cette nouvelle, Borges présente un homme intelligent, cultivé, qui ne regrette rien de ce qu’il a pu faire ou faire faire. Et il est difficile de haïr cet homme, ou de le prendre en pitié. Il me semble incompréhensible, plutôt.
En relisant La quête d’Averroès, je me suis souvenu que j’avais ses « Discours décisifs » dans ma bibliothèque. Mais après les avoir parcourus, je ne pense pas être capable de les lire. Par contre, j’ai exhumé le « Discours sur l’histoire universelle » (Al- Muqaddima) d’Ibn Khaldûn et j’ai décidé de m’y atteler.

samedi 22 novembre 2008

Un autre Zahir

En faisant des recherche sur le Zahir, je suis tombé sur une référence à un roman de Coelho, Le Zahir.
Dans ce livre, un écrivain part à la recherche de sa femme, correspondante de guerre en Irak et qui a disparue. Au fil des pages, l'être aimée va devenir son idée fixe, son obsession, sa raison de vivre.
Plusieurs choses me poussent vers ce livre dont la volonté de voir si Coelho parvient à rendre mieux compte de l'obsession que Borges. Mais il est vrai que je n'aime pas beaucoup les livres de Coelho.

On rencontre tous le Zahir

J’ai relu hier la nouvelle de Borges, Le Zahir. Il y est question d’une pièce de monnaie (mais le Zahir revêt bien des formes différentes) que l’on ne peut oublier et qui finit par obnubiler complètement celui à qui elle a été donné, même après qu’il s’en soit débarrassé.
A la fin de la nouvelle, le narrateur (un Borges) comprend qu’il n’en réchappera pas : « je ne percevrai plus l’univers, je percevrai le Zahir. Selon la doctrine idéaliste, les verbes vivre et rêver sont rigoureusement synonymes ; de milliers d’apparences je passerai à une seule ; d’un rêve très complexe à un rêve très simple. D’autres rêveront que je suis fou et moi je rêverai au Zahir. Lorsque tous les hommes ici-bas penseront jour et nuit au Zahir, qui sera un songe et qui sera une réalité, la terre ou le Zahir ?(…) pour se perdre en Dieu, les soufis répètent leur propre nom ou les quatre-vingt-dix-neuf noms de Dieu jusqu’à ce que ceux-ci ne veuillent plus rien dire. Je souhaite ardemment parcourir cette route. Peut-être finirai-je par user le Zahir à force d’y penser et d’y repenser (…) ».
Outre le fait que j’ai toujours été fasciné par les rêves et l’idée qu’ils sont une seconde vie, je vois dans ces lignes une extraordinaire définition de l’obsession.
Dans ce recueil, je dois aussi recommander la nouvelle La quête d’Averroës, dans laquelle, en voulant raconter l’histoire d’un échec, Borges réalise une formidable mise en abîme.

mercredi 19 novembre 2008

Pourquoi j'aime Borges

Je viens de relire deux nouvelles du recueil l'Aleph. Il s'agit de "Biographie de Tadeo Isodoro Cruz" et de "Emma Zunz".
Dans la première nouvelle, Borges énonce l'idée, fulgurante pour moi, que "toute destinée, pour longue et compliquée qu'elle soit, comprend en réalité un seul moment : celui où l'homme sait à jamais qui il est".
Dans la seconde, un évènement fait basculer la vie d'une jeune femme comme si c'était "la seule chose qui se soit produite au monde et qui continuerait à se produire éternellement".
J'y ai lu cette phrase magnifique, sur l'attente :" l'impatience la réveilla. L'impatience, non l'inquiétude, et le soulagement singulier d'être enfin ce jour-là. Elle n'avait plus à faire des plans, à laisser aller son imagination ; dans quelques heures, elle atteindrait la simplicité des faits".

Rencontres littéraires

J'ai fait des rencontres importantes dans ma vie, y compris des rencontres littéraires.
Tolkien d'abord, dont ma mère m'a offert les trois tomes en Livre de Poche, alors que j'étais malade, au fond de mon lit. Je garde un souvenir précis et net de cet instant. Et cet auteur a infléchi ma vie, durablement.
Lovecraft ensuite, rencontré sur les conseils de Nicolas, un ami. Et découvrir un auteur clef grâce à un ami, c'est quelque chose.
Borges, rencontré par l'intermédiaire d'un magazine. Un coup de foudre, pourrait-t-on dire.
Dans une moindre mesure, ce même magazine m'a fait connaitre Michel Rio (l'auteur de l'excellent « Faux pas »), John Irving le monde selon Garp ») et Italo Calvino Si par une nuit d'hiver un voyageur »)
Julien Gracq, découvert à cause d'une liste de livres à lire pour entrer en Hypokhâgne.
Et enfin, Paul Auster pour lequel je ne me souviens plus des circonstances de la rencontre (une table, chez un libraire ?) et Siri Hustvedt, partagée avec une amie.

Pour être complet, il faudrait ajouter Dumas et Flaubert, découverts grâce à ma grand-mère.

jeudi 13 novembre 2008

Relire

Je suis content. Je suis revenu à la lecture. Après le roman de Siri hutsvedt, j'ai hésité sur le prochain.
Un bon nombre de livres non lus attiraient mon regard sur les rayonnages de mes bibliothèques. Mais j'avais plutôt envie de parcourir un territoire connu.De me replonger dans des souvenirs (des fantômes ?) de lectures passées.J'ai donc repris mon exemplaire de "L'Aleph",un recueuil de nouvelles de Borges.
J'ai découvert Borges en 1988, à l'occasion du numéro 259 du Magazine Littéraire. J'ai commencé par acheté le recueil Fictions et puis j'ai acquis tout ce que j'ai pu trouver : essais, nouvelles, poésies. Et depuis, je le relis, régulièrement.
Je crois que, comme Julien Gracq (en toute humilité), je suis plus devenu un relecteur qu'un lecteur.

Une bibliothèque, la nuit

J'ai terminé "Elégie pour un Américain", de Siri Hustvedt. je l'ai terminé la nuit dernière, alors que je ne pouvais dormir, seul, dans la bibliothèque. Un moment étrange, qui m'a rappelé une autre lecture, celle de "La bibliothèque, la nuit", de Manguel.
Etre environné de livres (certains lus, d'autres à lire) dans une maison paisible, endormie, a quelque chose d'enivrant.
Elégie est un bon livre, quoique la fin m'a paru un peu faible, comme si l'auteur n'avait pas voulu trancher. Ce roman a eu une certaine résonnance pour moi, un gôut particulier, lié au passé et au présent.

samedi 8 novembre 2008

Un livre venu de loin


Un cousin en visite en Finlande m'a ramené un ouvrage ancien, la Chrestomathie Française, d'Alexandre Vinet.
Il s'agit d'un recueil de textes d'auteurs jugés classiques et à connaitre(chrestomathie = savoir utile en grec). J'ai en ma possession la réédition de 1876 par Eugène Rambert, le biographe de Vinet.
L'ouvrage se décompose ainsi :
- prose : genre narratif, didactique, épistolaire
- poésie : lyrique, descriptive, didactique, narrative, épique, fable, ballade
- genre spéciaux : épitre, chanson, romance, ballade gauloise, le rondeau
- les scènes dramatiques : tragédie, comédie
On y croise Fénelon, Xavier de Maistre, Thiers, Sand, Montaigne, Calvin, Bonaparte et bien d'autres.
C'est un cadeau qui me touche. Que mon cousin ait pensé à moi, en Finlande, lorsqu'une de ses amies lui a parlé de ce livre dont elle ne savait pas quoi faire et qu'il lui a dit qu'il connaissait quelqu'un qui saurait en avoir l'usage.

Vous prendrez bien un nuage d'auteur ?

Je viens de renouveler mon adhésion à Librarything, en prenant l'abonnement à vie.
J’en profite pour renvoyer vers le nuage des auteurs de ma bibliothèque. Je trouve ça assez amusant.

http://www.librarything.com/authorcloud.php?view=olosta


http://www.librarything.com/authorgallery.php?view=olosta

Lire ? Ecrire ?

La lecture a évidemment toujours été pour moi un moyen de m'évader, voire de fuir. Qu'il s'agisse de lecture sur papier ou sur écran.
A tel point que la perspective de devenir aveugle, comme Borges, m'était insupportable.
Et l'écriture ? je crois que je sais depuis longtemps que je dois écrire. Non pas que j'ai du talent pour ça. Non, mais je pense que l'écriture peut me "sauver la vie" (quelle grandiloquence !). Je me voyais écrire des textes de fiction, n'ayant jamais été attiré par la poésie. Mais finalement, ce que j'arrive à produire parle surtout de moi. Tant pis, c'est déjà quelque chose.
Evidemment, j'aimerais écrire comme certains grands maitres. J’admire la fausse simplicité du style de Paul Auster, la capacité à donner vie au personnage de John Irving, la précision de Flaubert. Et l'art descriptif de Tolkien. Mais je suis loin de tout ça, vous vous en doutez.

Livres vivants

Il est parfois difficile de lire un livre, tant celui-ci semble vivant. Certains livres semblent en effet habités par les "fantômes" des personnes les ayant lu ou feuilleté auparavant.
Vous vous surprenez alors à traquer ces infimes traces et vous vous imaginez cette personne lisant le livre. Et vous en oubliez de lire.
En poursuivant cette réflexion, je me demande si nous ne sommes pas tous le livre de quelqu'un ?

mercredi 5 novembre 2008

Le gôut de la lecture

je viens d'achever les "Cours de littérature anglaise" de Borges. je suis un peu déçu, finalement. Je pense que je n'aurais pas aimé l'enseignement du Borges professeur. Peut-être était-ce dû à son public, mais je trouve ses propos succins.
Tout au plus m'a-t-il donné envie de lire les textes saxons ainsi que les Mille et une nuits de Stevenson.
Mais pour le moment, un autre livre m'attend, à l'angle de mon bureau. il s'agit du roman de Siri hustvedt, "Elégie pour un Américain". Je pense que la lecture de ce livre va me plaire, beaucoup.

jeudi 30 octobre 2008

Folâtrer dans une librairie avec une amie...


...Est un moment rare que j'ai aimé partagé. J'ai toujours aimé cette phrase de Yourcenar : "pour connaitre la pensée d'un homme, il faut parcourir sa bibliothèque". (de mémoire)
je crois qu'on peut apprendre beaucoup sur les gens en regardant ce qu'ils feuillettent ou achètent en librairie.
Pour ma part, j'ai repéré une édition illustrée du "Dit du Genji" et les deux volumes des carnets de Jünger en Pléiade. Voilà qui ferait de beaux cadeaux de noël !

Peinture de Pierre - Luc Bartoli

mercredi 22 octobre 2008

Une lecture inspirante

A la lecture des cours de Borges consacrés à la langue saxonne, j’ai eu envie d’en lire d’avantage et j’ai trouvé une anthologie des textes celtes et germains dans l’ouvrage collectif « Patrimoine littéraire européen », Vol. 3 - Racines celtiques et germaniques, sous la direction de Jean-Claude Polet.

J’ai aussi trouvé un site donnant accès à quelques textes :
http://www.anglo-saxons.net/hwaet/?do=show&page=Literature
Et je ne résiste pas à vous communiquer ce poème anglo-saxon, traduit en français :

LA SEPULTURE
A toi cette maison construite bien avant que tu ne naisses.
A toi cette terre destinée bien avant que tu ne sortes du ventre de ta mère.
Ils ne l'ont pas encore construite.
On ignore sa profondeur.
On ne sait quelle sera sa taille.
Maintenant où tu dois être je te mène.
Maintenant je te mesure puis je mesure la terre.
Ta maison n'est pas très haute.
Elle est humble et basse.
Quand gisant tu seras là-bas, basses seront les palissades et humbles les murs.
Son toit touche ta poitrine.
Alors tu habiteras dans la poussière et tu sentiras le froid.
La grotte pourrira et sera ombre et sera ténèbre.
Cette maison n'a pas de porte, en elle aucune lumière.
Tu es là prisonnier à jamais et c'est la mort qui a la clef.
Exécrable est cette maison de terre.
Comme il est atroce d'y habiter.
Tu seras là et les vers te rongeront.
Tu es là couché loin de tes amis.
Personne ne viendra te voir.
Personne ne viendra te demander si te sied cette maison.
Personne n'ouvrira la porte.
Personne ne descendra ici : très vite exécrable à la vue tu seras.
Ta tête sera dépouillée de sa chevelure et s'éteindra l'éclat de ta toison.

lundi 20 octobre 2008

De retour




Cela faisait longtemps que je n'avais pas publié d'article sur ce blog... Peu de lecture depuis juin, et peu de livres intéressant.
J'ai commencé "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes" de Stieg Larsson, offert par une amie très chère ; mais je n'ai pas accroché. Peut-être un peu plus tard.
J'ai entamé la lecture des "Cours de littérature anglaise" de Borgès. Ce n'est pas vraiment du Borgès dans le style, mais j'y retrouve sa fantastique érudition et son art de tout mélanger. Très instructif, à défaut d'être passionnant.
Ce livre me done envie de me replonger dans les "Cours au Collège de France" de Michelet ainsi que dans son "Journal" édité chez Gallimard.

vendredi 27 juin 2008

Attention, livre maudit

Je viens de terminer Versus, avalé en deux jours. Ce roman rejoint le rayonnage assez réduit des livres qui ont compté pour moi. Sa lecture ne peut pas laisser indifférent.

Le personnage principal, Paul Nazutti est un concentré de haine qui porte sur le monde un regard ambigu : il le déteste, mais il continue d’y participer.

Le plus effrayant pour moi (et probablement pour les quelques proches qui parcourent ce blog) est que je me suis reconnu dans ce personnage de fiction. Pire encore, j’ai le sentiment que si j’étais entré dans la police comme j’avais initialement voulu le faire, je serais devenu comme lui. Aujourd’hui je ne lui ressemble qu’un peu !

Je suis persuadé que la société décrite par Antoine Chainas à travers le regard du major Nazutti est la vraie, et cela ne me rend pas optimiste…

Pour en revenir au roman, si j’excepte une fin prévisible et à mon avis inutilement dans la surenchère, il est bon de la première à la dernière page. Sans temps mort, il ne vous laisse pas respirer et vous plonge dans les tréfonds d’une (puis deux) âmes torturées. Là où le Dantec des Racines du Mal vous décrivait un univers glauque, Chainas vous y fait participer… C’est déstabilisant et je ne peux que recommander cette lecture à un public averti.

mardi 6 mai 2008

La mort d'un auteur boulimique

J’apprends aujourd’hui, par la lecture du blog La République des livres, la mort de Frédéric H. Fajardie, un très prolifique auteur de romans policiers et historiques, balayé par le cancer.

Avec plus de 300 titres à son actif, cet auteur multiforme à donner vie à des personnages attachants quoique légèrement stéréotypés.


Son premier roman, Tueurs de flics, est l’occasion de lancer un personnage récurent en la personne du commissaire Antonio Corrado Padovani qui poursuivra sa carrière dans 5 autres romans.

J’ai parlé de Fajardie sur ce blog au sujet des Foulards rouges et du Voleur de vents, romans « historiques » retraçant la saga des comtes de Nissac.

jeudi 3 avril 2008

Versus

Paul Nazutti, major à la Brigade des mineurs, est un des personnages les plus marquants qu’il m’est arrivé de croiser dans un polar, depuis les héros du Dantec que l’on pouvait encore lire !

Paul Nazutti, flic à l’ancienne, est un torrent de haine lancé contre l’humanité: hommes, femmes, enfants, vieux, noirs, arabes, juifs, homos, hétéros, flics, politiques, touristes, médecins, avocats, juges, fonctionnaires… Il les vomit tous mais encore plus les pervers et les pédophiles. C’est un flic qui guette, chasse, transgresse, torture. N’ayant que faire de la rédemption, sachant très bien qu’il ne sera au mieux qu'"un chiffre dans les statistiques", Nazutti est en croisade contre le rebus de l’humanité.

Dans Versus, à la manière des romans procéduraux classiques, une série de meurtres récents ramènent à la surface des affaires bâclées vingt ans auparavant. En 1988, Nazutti enquêtait sur la disparition d’une jeune fille. Celui qui n’était alors qu’inspecteur était alors plus en guerre contre son propre corps de métier que contre les criminels ; ce qui l’amena à bâcler l’affaire. Nous sommes ensuite transportés en juillet 2008, au moment où Nazutti tombe sur une affaire macabre: des cadavres de pédophiles retrouvés près des cadavres des enfants qu’ils ont auparavant violentés. Le meurtrier a également déposé des poèmes à côté des corps. Le nouveau chef de la brigade des mineurs fait alors équipe avec un idéaliste mis au placard pour avoir dénoncé des supérieurs, et qui revient sur le terrain.

Versus associe la profondeur psychologique et procédurale de Michael Connelly et le regard de Richard Price pour les villes d’aujourd’hui. On y retrouve également parfois les digressions mystiques et religieuses (moins délirantes cependant) de Dantec.

jeudi 17 janvier 2008

Internet, création de Borges ?

Borges, précurseur d’Internet ? C’est la thèse que développent certains travaux outre-Atlantique et dont on peut avoir un aperçu dans un article du New York Times…. Pierre Assouline consacre un article à cette idée et se dit troublé par certaines de ces analyses.

Faut-il pour autant lire dans Tlön, Uqbar, Orbis Tertius (1940) une métaphore de Wikipédia , les prémisses du blog et de l’archivage permanent dans Funes el memorioso (1942)ou encore rapprocher le projet de bibliothèque universelle de Google de La bibliothèque de Babel (1941) ?

Je suis plus que sceptique. Selon moi, Borges est un auteur immortel (l’un de ces thèmes d’écriture favoris) ou intemporel, mais je ne le vois pas comme « moderne ». Son approche des technologies est rare voire inexistante.

Bref, j’adore Borges et je l’admire, mais je ne suis pas prêt à en faire le prophète de l’ère numérique ! Nul doute que cette idée l’aurait fait cependant sourire…

jeudi 3 janvier 2008

Pour approcher Julien Gracq

A lire ici, un petit récit des entrevues de Léon Mazzella avec Julien Gracq. Pour en savoir un peu plus sur un écrivain qui fuyait ses semblables.