lundi 26 décembre 2011

Romans et cinéma





Cette période de fin d'année a été l'occasion pour nous de voir trois films adaptés de romans : La couleur des sentiments, La délicatesse et Des vents contraires. Les deux premiers m'ont beaucoup plu et m'ont donné envie de lire les livres. Le dernier m'a un peu déçu, par contre, en allant dans la surenchère dramatique et il est peu probable que je lise le roman alors même qu'il m'avait attiré lors de sa publication.

jeudi 18 août 2011

Les routes






Ayant découvert le Tokaido lors de la diffusion d'un documentaire sur France 5, j'avais eu la chance de visiter une exposition consacrée à ces estampes lors d'un séjour de vacances à Vannes. Depuis, le sujet n'a cessé de m'intéresser, sans doute en rapport avec mes recherches pour le mémoire de maitrise et le DEA que j'ai consacré au réseau routier normand entre l'Antiquité et le XVIIIe siècle.
J'ai depuis acquis le catalogue de cette exposition, le petit livre de Jocelyn Bouquillard de chez Art stock. Et hier, en passant dans ma librairie, j'ai découvert le beau livre de chez Hazan, reproduisant l'ensemble des estampes de Hiroshige dans leurs différentes versions. Le prix inattendu d'un tel ouvrage m'a fait craqué ! Et le voici maintenant dans notre bibliothèque...

jeudi 7 juillet 2011

Des statistiques amusantes

LibraryThing propose des statistiques amusantes sur les bibliothèques virtuelles de ses membres. Ainsi nos livres empilés représenterait une hauteur de 36 m (soit plus que le Sphinx d’Égypte)tandis que toutes les pages mises bout à bout représenterait une distance de 60 km. Pour le poids, on arriverait à 757,5 kg. Le tout tiendrait dans 8 étagères Billy de chez IKEA.
Inutile, mais amusant !

vendredi 1 juillet 2011

Un roman archéologique



Ce petit roman est passionnant. Écrit sous la forme d'un journal quotidien, il parle de l'archéologie, de notre rapport aux temps et à l'histoire (la préhistoire ici, en fait). Même les poèmes émaillants le texte, rédigés comme des Haïkus, participent à la réflexion.

"Quand meurt un homme ? Est-ce quand son bras retombe, lorsque son coeur cesse de battre, quand la chaleur enfin délaisse son corps ? Où est-ce plutôt quand celui-ci disparait sous la terre ?- mais "notre" dépouille vient au contraire d'en resurgir ! Est-ce enfin lorsque ses restes ont fini de se dissoudre, que sa sépulture s'est effacée, que son souvenir s'est retranché de la mémoire des vivants ? Mais voici les restes de "notre" défunt pourtant - voici sa tombe retrouvée - et nous voici, comme venus apporter la preuve du contraire !"

jeudi 30 juin 2011

Les insurrections singulières

C'est un roman de Jeanne Benameur paru récemment chez Actes Sud.
Il se lit assez vite, d'autant qu'il m'a "accrochée" rapidement. Un homme, approchant de la quarantaine, prend du recul sur sa vie lorsque son couple se brise. Il cherche. L'origine de sa rage, ce qui lui manque, en quoi il a été un imposteur, ses racines. Est-il victime, coupable? Qui est-il en fait?
La première partie m'a vraiment beaucoup plu, émue aussi. La seconde, qui correspond à un grand voyage entrepris par le personnage principal, m'a moins convaincue: elle est plus prévisible, plus superficielle, m'a-t-il semblé, alors que le début était par moment si profond. J'aurais aimé que la partie introspection, descente au fond de soi, dure un peu plus. Ou que la suite demeure aussi intense, presque violente de vie.
C'est toutefois un livre qui me marquera. J'y ai retrouvé des émotions, des réflexions qui m'ont fait me sentir "semblable et singulière", comme l'écrit Jeanne Benameur.

vendredi 27 mai 2011

Remontée acide

Je commence à lire "La littérature à l'estomac" de Gracq, un petit livre qui ne paye pas de mine dans son édition de 1951... Je me doutais que son propos doit encore être d'actualité, mais je ne savais pas à quel point !
"La France, qui s'est si longtemps méfiée du billet de banque, est en littérature le pays d'élection des valeurs fiduciaires. Le Français qui se figure malaisément ses leaders politiques sous un autre aspect que la rangée de tête d'un jeu de massacre, (tiens, il faudra que j'écrive un billet sur La politique telle qu'elle meurt de ne pas être que je viens de terminer) croit les yeux fermés, sur parole, à ses grands écrivains. (qui a dit BHL ?)

Un peu plus loin : "l sait qu'il y a toujours eu de grands écrivains, et qu'il y en aura toujours, comme il savait jusqu'à 1940 que l'armée française est invincible."

Un livre à savourer donc...

dimanche 15 mai 2011

Gracq toujours

Pierre Assouline évoque à son tour les Manuscrits de guerre de Julien Gracq dans un beau billet. J'aime particulièrement le passage sur Yves lacoste et le détournement de sa formule en "la géographie, ça sert aussi à faire la littérature".

jeudi 12 mai 2011

Promenade avec Gracq

Étrange livre que Les eaux étroites. On peut se demander de prime abord ce qui a poussé Gracq à vouloir le publier et les éditions Corti à accepter !
Ce petit volume raconte les souvenirs des promenades sur l'Evre faites par l'auteur, mêlant descriptions de paysage et réminiscence de lectures.
Quel intérêt sinon les mots de Gracq, si puissants et évocateurs pour moi ?

"Pourquoi le sentiment s'est-il ancré en moi de bonne heure que, si le voyage seul - le voyage sans idée de retour - ouvre pour nous des portes et peut changer vraiment notre vie, un sortilège plus caché, qui s'apparente au maniement de la baguette de sourcier, se lie à la promenade entre toutes préférée, à l'excursion sans aventure et sans imprévu qui nous ramène en quelques heures à notre point d'attache, à la clôture de la maison familière ?"

mercredi 4 mai 2011

Des écrivains en vidéo

J'ai déniché plusieurs entretiens donnés par mes écrivains préférés :






Julien GRACQ 'Entretien" par MELMOTH


Paul Auster sur Rue89 : l'interview intégrale par rue89

Un balcon en forêt

Lire Un balcon en forêt après les manuscrits de guerre de Gracq est éclairant. On mesure combien l'expérience de la guerre du Lieutenant Poirier a enrichi la fiction mettant en scène l'aspirant Grange. Certains passage du journal de guerre sont purement repris dans le roman, comme l'épisode du fuyard dont la maison a été détruit par des "canons - revolvers" et les Knackebrot de seigle qualifiés de "nourriture triste" dans les deux textes.
Le roman recèle aussi de magnifiques descriptions de paysage, montrant l'oeil exercé du géographe de la génération des Vidal de la Blache ou des De Martonne. "Le train , qui suivait la rivière lente,s'était enfoncé d'abord entre de médiocres épaulements de collines couverts de fougères et d'ajonc." Lire le Gracq géographe me fait l'effet de me retrouver en hypokhâgne, lorsque je passais des heures sur les cartes topographiques et les coupes géomorphologiques, à essayer d'expliquer le paysage français.
Je n'arrivais plus à lire, et voilà qu'en quelques jours, j'ai lu deux livres de Julien Gracq. Il est décidément devenu mon auteur préféré !

mardi 3 mai 2011

La disparition des traces

A l'heure où viennent de paraitre les manuscrits de guerre de Gracq, Pierre Assouline se fait l'écho d'une inquiétude de l'Institut des textes et manuscrits modernes : avec le numérique, les traces de la création des oeuvres littéraires ont tendance à disparaitre. Il sera bientôt difficile sinon impossible de reconstituer le cheminement de la pensée des auteurs de fictions comme d'essais.

dimanche 1 mai 2011

Ecrits de guerre

Je viens de finir les "Souvenirs de guerre" de Julien Gracq, première partie du recueil intitulé Manuscrits de guerre. Il s'agit du récit de la campagne de 1940 vécue par le lieutenant Poirier entre le 10 mai et le 2 juin, de la Flandre aux environs de Dunkerque.
Composé a postériori, mais prenant la forme d'un journal de bord, le récit de 125 pages nous montre la défaite française et nous l'explique aussi : "il s'établissait comme en langage chiffré, comme en morse, un dialogue mystique : d'un côté l'âme sage, timide et économe et de l'autre une volonté sauvage, farouche, d'étouffer, d'écraser, de courber sous son joug l'adversaire, d'avoir à tout prix le dernier mot."Ou encore : "Rien d'authentique ne sera sorti de cette guerre que le grotesque aigu de singer jusqu'au détail 1870 et 1914."

Gracq est un observateur lucide, tant de la menée de la guerre que des rapports humains qu'elle entraine. " De notre situation désespérée ne naît, comme on pourrait le croire, ni communion, ni cordialité. Chacun se referme sur soi-même, dans sa boule dure, et il n'y a peut-être aucun moment de la guerre où je n'aie sentie jusqu'à la gêne les rapports entre hommes plus hypocrites, plus creux. Chacun est seul. Eh bien ! Va pour la solitude, et tant mieux."

Il me reste à lire le récit de guerre dont l'action se déroule sur deux jours et deux nuits et reprend en partie les souvenirs du lieutenant Poirier.
Je n'ai qu'un regret concernant ce livre, c'est que la maison José Corti ait changé la qualité du papier et de la couverture et que le volume soit massicoté !

samedi 19 février 2011

80 millions de voyeurs

Alors que j'étais épuisée et préoccupée, il y a quelque temps, j'ai demandé à mon bibliothécaire personnel de me trouver dans nos étagères un livre "plutôt facile, distrayant, style policier, prenant".
J'adore demander à mon bibliothécaire de me choisir un livre: il y a toujours une part délicieuse de surprise et je lis ainsi des romans que sinon je n'aurais jamais ouverts. Mais c'était une mission délicate: je voulais du polar sans terreur. Cette fois donc, son choix s'est porté sur 80 millions de voyeurs, de MacBain.
Premier MacBain me concernant, bilan globalement positif. L'histoire m'a attrapée, comme je le souhaitais, la lecture était effectivement facile mais avec des lourdeurs qui m'ont gênée, dans le fond et la forme. Le décalage temporel énorme m'a amusée: on a presque l'impression d'être dans un autre univers.
Je crois que je vais en lire un autre.

Maximine

Dans le Magazine Littéraire, récemment, j'ai lu un court article sur cette femme et son dernier livre, Somme d'amour. Le poème qui y était reproduit m'a séduite immédiatement et touchée d'une façon inattendue.

Je n'aime pas beaucoup la poésie. J'aimerais l'aimer, mais je ne la comprends pas. Bien souvent, je lis un poème avec envie, l'envie de résonner, comme si je savais au fond quelles émotions la poésie peut procurer, mais rien. La plupart du temps je ne parviens même pas à aller au bout du poème. Le texte m'est étranger et je décroche. C'est tout à fait frustrant et ces échecs m'ont détournée de la poésie en général.

Au collège, lire Ronsard avait été un choc. Adolescente, j'ai eu ma phase Baudelaire, aussi intense qu'entière, mais qui s'est étiolée doucement avec les années. Et puis Aragon. En-dehors de cela, la poésie m'est restée étrangère.
Jusqu'à la lecture de ce poème dans le Magazine Littéraire, presque par inadvertance. Un court texte, lu en attendant que le thé infuse, parce que je n'avais pas envie de faire la vaisselle. Un texte qui fait écho, que je comprends, qui m'émeut sans même que j'y aie pris garde.

Je n'ai pas fini de lire Somme d'amour. J'essaie de faire durer, de déguster chaque poème comme un marron glacé: arriver au coeur de chacun de ces textes doit se savourer, et c'est à chaque fois un délice et une surprise.

Difficile de choisir un extrait, tant les mots de cette femme sont justes, émouvants et aériens. Mais tout de même, pour aujourd'hui:

Comme une étoile déchirée
On vit... Bon ce n'est pas cela
N'importe C'est à chaque fois
La même parole étonnée

D'avoir trouvé si loin là-bas
L'astre qui brille votre coeur
C'était quoi déjà cette douleur?
Tu m'écris elle est effacée

Pour un instant pour des années
N'importe Voici les pivoines
Et le temps qui croit qu'il me fane
Se trompe Il m'a multipliée



J'aimerais beaucoup entendre Maximine, la voir. Croisons les doigts, peut-être fera-t-elle partie des invités de ma librairie, un jour? Je pourrai ainsi lui témoigner silencieusement toute mon admiration, car je ne parviens pas à comprendre comment on peut écrire de pareils textes.

La rivière à l'envers

Mon fils a lu, dans le cadre de son cours de français de sixième, La rivière à l'envers (1. Tomek), de Jean-Claude Mourvelat. Comme ce livre lui a beaucoup plu, il m'a invitée à le lire.
Le rythme est inégal, parfois j'aurais aimé en lire plus sur un lieu ou un personnage, mais ce livre me semble très bien pensé pour les enfants de fin de primaire ou de début de collège: on y est charmé, tenu en haleine ou amusé, tour à tour. L'auteur a vraiment eu des idées originales et j'ai aimé être surprise.
Le message de l'auteur est exposé clairement: lorsque j'ai demandé à mon fils de m'expliquer de quoi il s'agissait, plutôt que de me dire "C'est l'histoire de Tomek, un jeune homme qui part à l'aventure et recherche une jeune fille dont il est tombé brutalement amoureux. Il va découvrir des régions incroyables et faire des rencontres surprenantes", il m'a dit d'abord "C'est un livre qui explique que si on ne mourrait jamais, la vie perdrait sa valeur. C'est la mort qui donne son prix à la vie". Et ensuite, il m'a résumé l'histoire.
Du coup, je l'ai lu. Avec plaisir.
Il existe un autre tome, qui fait écho à celui-ci: l'histoire est racontée par un autre personnage, la jeune fille dont est tombé amoureux Tomek. Mon fils veut le lire, tant mieux.

Je n'aime pas la barbe à papa.

La barbe à papa, ça colle, c'est rose, écœurant et je n'aime pas cela. La seule chose que j'aime, avec la barbe à papa, c'est lorsqu'il pleut: les gouttes de pluie, en tombant sur le sucre filé, recondensent la matière, et elle retrouve sa couleur rose foncé initiale en se recroquevillant sur elle-même.

De la barbe à papa un jour de pluie, de Bi Feiyu, est un court roman. Il ne colle pas, n'est ni rose ni écoeurant, et je ne pense pas que le livre se condense lorsqu'il est touché par la pluie, mais je n'ai pas aimé non plus.

Le roman raconte la vie d'un jeune homme, Hongdou, au travers des yeux d'un de ses amis. Hongdou est un garçon sensible, doué pour jouer de l'erhu et composer des mélodies bouleversantes. Mais sa vie bascule lorsqu'il revient du front sino-vietnamien. Il dérive, s'isole, perd pied. L'amitié du narrateur, l'attention de sa sœur n'y font rien: Hongdou meurt, lentement, douloureusement.

La déchéance du jeune homme est décrite avec subtilité et humanité. La société, les coutumes, les interdits décrits sont typiquement asiatiques et en cela ce livre est un témoignage très intéressant. Mais il m'a laissé un goût désagréable.
D'abord, on nous dépeint Hongdou comme une créature efféminée et étrange. Je n'ai pas réussi à faire prendre vie au personnage, à le voir comme l'auteur nous le présente. Le regard porté sur lui ne m'a pas semblé correspondre à ses comportement. Je n'ai pas pu me le représenter, il n'a pas existé suffisamment dans mon imaginaire. J'ai eu le sentiment curieux qu'on essayait de le faire passer pour quelqu'un d'autre que ce qu'il était.
Le fossé culturel m'a sans doute gênée: je n'ai pas non plus réussi à comprendre les réactions, les motivations des personnages. Son ami, par exemple, agit de façon contradictoire, à mon sens, et sa sincérité ne m'est pas évidente. Ce mélange d'individualisme et d'altruisme m'a perdue, je crois.
Enfin, je regrette que la relation de Hongdou avec son père n'ait pas été plus fouillée: elle m'a semblé complexe et cruciale, mais traitée de façon assez superficielle.

Cela étant, pourquoi ce livre me laisse-t-il une impression de gêne? Pourquoi me suis-je empressée de le chasser de mon esprit?
Je l'ignore.