samedi 19 février 2011

Je n'aime pas la barbe à papa.

La barbe à papa, ça colle, c'est rose, écœurant et je n'aime pas cela. La seule chose que j'aime, avec la barbe à papa, c'est lorsqu'il pleut: les gouttes de pluie, en tombant sur le sucre filé, recondensent la matière, et elle retrouve sa couleur rose foncé initiale en se recroquevillant sur elle-même.

De la barbe à papa un jour de pluie, de Bi Feiyu, est un court roman. Il ne colle pas, n'est ni rose ni écoeurant, et je ne pense pas que le livre se condense lorsqu'il est touché par la pluie, mais je n'ai pas aimé non plus.

Le roman raconte la vie d'un jeune homme, Hongdou, au travers des yeux d'un de ses amis. Hongdou est un garçon sensible, doué pour jouer de l'erhu et composer des mélodies bouleversantes. Mais sa vie bascule lorsqu'il revient du front sino-vietnamien. Il dérive, s'isole, perd pied. L'amitié du narrateur, l'attention de sa sœur n'y font rien: Hongdou meurt, lentement, douloureusement.

La déchéance du jeune homme est décrite avec subtilité et humanité. La société, les coutumes, les interdits décrits sont typiquement asiatiques et en cela ce livre est un témoignage très intéressant. Mais il m'a laissé un goût désagréable.
D'abord, on nous dépeint Hongdou comme une créature efféminée et étrange. Je n'ai pas réussi à faire prendre vie au personnage, à le voir comme l'auteur nous le présente. Le regard porté sur lui ne m'a pas semblé correspondre à ses comportement. Je n'ai pas pu me le représenter, il n'a pas existé suffisamment dans mon imaginaire. J'ai eu le sentiment curieux qu'on essayait de le faire passer pour quelqu'un d'autre que ce qu'il était.
Le fossé culturel m'a sans doute gênée: je n'ai pas non plus réussi à comprendre les réactions, les motivations des personnages. Son ami, par exemple, agit de façon contradictoire, à mon sens, et sa sincérité ne m'est pas évidente. Ce mélange d'individualisme et d'altruisme m'a perdue, je crois.
Enfin, je regrette que la relation de Hongdou avec son père n'ait pas été plus fouillée: elle m'a semblé complexe et cruciale, mais traitée de façon assez superficielle.

Cela étant, pourquoi ce livre me laisse-t-il une impression de gêne? Pourquoi me suis-je empressée de le chasser de mon esprit?
Je l'ignore.

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