lundi 11 juin 2007

Pourquoi lire Tolkien ?

Le Seigneur des anneaux raconte la fin d’un monde, ou d’une époque au moins.

La « Terre du Milieu », où vivent des peuples très différents (hobbits, elfes, nains, hommes, etc.) est menacée par la réapparition d’une entité maléfique nommée Sauron (dont la montée en puissance est décrite dans « le Silmarillion »). Afin de prendre le dessus définitivement, Sauron cherche à reconquérir « l’anneau unique », forgé par lui et dont le pouvoir lui permettrait d’asservir tous les peuples. Or, les forces du bien découvrent qu’elles possèdent cet anneau, qui a été trouvé par hasard par un hobbit (le récit de cela est fait dans « Bilbo le Hobbit »). Ils décident ensemble de faire l’unique chose susceptible d’affaiblir voire anéantir leur ennemi : détruire l’anneau. Mais pour ce faire, il faut entrer dans le cœur même du royaume de Sauron. Une compagnie composée de représentants des différents peuples se met alors en marche pour cette quête, longue et pleine de rebondissements. L’anneau est finalement détruit, l’ennemi est vaincu, mais la Terre du Milieu en reste marquée et amorce son déclin.

Cette œuvre en trois tomes, que l’on peut classer dans le genre « conte» est à l’origine d’un style appelé « heroic fantasy », qui a donné lieu à une abondante production et aux jeux dits « de rôles dont j’ai déjà parlé .

L’auteur, professeur de littérature anglo-saxonne, spécialiste dans le genre littéraire du conte (voir son essai Faerie),est un écrivain prolifique: occupé pendant presque toute sa vie à créer une nouvelle mythologie, de l’origine d’un monde aux histoires liées à ses différents âges, la somme de ce qu’il a écrit dépasse largement le cadre du Seigneur des Anneaux ( son fils a d’ailleurs compilé tous les écrits de son père au sujet de la Terre du Milieu dans une série de livres intitulée History of Middle Earth)

Plus qu’un univers, J.R.R. Tolkien a aussi réinventé des créatures mythologiques (ses elfes n’ont plus rien à voir avec leurs ancêtres nordiques), il a créé des langages (elfe, nain et autres.), une écriture, à partir de principes linguistiques étudiés en profondeur et de l’héritage mythologique anglo-germanique. Le Seigneur des Anneaux intervient à la fin de milliers d’années d’histoires de ce monde, dont il ne reste que des bribes (voir Contes et Légendes inachevées du même auteur).

Les premiers lecteurs ont pu croire à une allégorie sur la Seconde Guerre mondiale, alors toute proche : des peuples alliés contre un ennemi à la recherche de l’arme suprême, la comparaison est tentante. Mais Tolkien lui-même corrige cela dans la première édition de poche autorisée aux Etats-Unis. Dans la préface, il explique que la Seconde Guerre mondiale n’a pu influencer son écriture pour la simple raison que l’essentiel de l’intrigue avait été déjà écrit en 1939, donc avant que la guerre n’éclate et que les alliances se créent. Il reconnaît toutefois l’influence, s’il doit y en avoir une, qu’a eue la Première Guerre mondiale, avec son lot de souffrance et de malheur, sur son œuvre.

L’appartenance du récit à deux genres différents, le conte et l’épopée, est très marquée. Tous les éléments du conte y sont : l’apparition très progressive de la magie et du surnaturel dans un monde très réel (la maison hobbit est un vrai cottage anglais), la transformation subie par les personnages au cours de l’histoire, le passage par des épreuves physiques et psychologiques, les leçons de vie sur les choix à faire. Mais il réunit également tous les ingrédients de l’épopée chevaleresque : mise en exergue du courage, de l’honneur, de la parole donnée, de l’engagement amoureux ; intrigues secrètes, rois et reines détrônés puis restaurés.

L’épopée se sent aussi dans la complexité des caractères, qui dépasse celle des personnages d’un conte. La dualité de Gollum, Bilbo ou Frodon est profonde et le personnage de Sam Gamegie n’est pas sans rappeler celui d’un Sancho Pansa, plus visionnaire que son maître. La beauté et la grâce des elfes n’effacent pas leur nostalgie excessive pour une splendeur passée et une relative indifférence aux aléas du monde. De plus, tout ceci est ancré dans une histoire ancienne préalable, souvent évoquée, qui donne des racines solides à l’histoire contée.

Tout lecteur qui aborde le Seigneur des Anneaux en croyant lire un simple livre d’aventures sera forcément un peu déçu : oui, il y a des événements extraordinaires à foison, mais ils sont ponctués de moments plus lents consacrés à la psychologie des personnages et à la description de paysages. Cela reste malgré tout une œuvre majeure du XXe siècle que je vous recommande de lire afin d’ouvrir les portes de votre imaginaire à la Terre du Milieu. En persévérant au – delà des trois premiers chapitres, vous ne serez pas déçu.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour, fan du Seigneur des Anneaux, comme vous apparement, j'ai créé un site sur ma passion, les étains du Graal du d'abord ainsi que sur l'univers de Tolkien.

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