mardi 24 mars 2009

La vieille route


J’ai commencé à lire La presqu’île aujourd’hui, alors que j’attendais une amie à l’hôpital. Le texte s'ouvre sur une magnifique description d’une route, telle que j’aurais aimé en écrire ou en lire au moment de la rédaction de mon mémoire de DEA sur le réseau routier normand.

« Il commençait bizarrement – à la manière de ses fragments de chaussées romaines qui commencent et finissent sans qu’on sache pourquoi au milieu d’un champ, comme une règle qu’on laisserait tomber sur un échiquier (…) »
« C’était une route fossile : la volonté qui avait sabré de cette estafilade les solitudes pour y faire affluer le sang et la sève était depuis longtemps morte, - et mortes même les conditions qui avaient guidé cette volonté ; il restait une cicatrice blanchâtre et indurée, mangée peu à peu par la terre comme par une chair qui se reforme, dont la direction pourtant creusait encore l’horizon vaguement ; un signe engourdi, crépusculaire, d’aller plus avant plutôt qu’une voie – une ligne de vie usée qui végétait encore au travers des friches comme sur une paume. »

J’aime vraiment l’écriture de Gracq. Elle me transporte dans son univers, je suis sur cette route…

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