Je n’imaginais pas Gracq en auteur « érotique ». Et pourtant, la lecture de « La forme d’une ville » se révèle plutôt sensuelle.
La relation qu’entretient Julien Gracq avec ses villes (Caen, Quimper, Avranches, Paris et bien sûr Nantes) est charnelle, en témoignent ces quelques passages.
« Pour s’être prêtée sans commodité, pour ne s’être jamais tout à fait donnée, peut-être a-t-elle enroulé plus serré autour d’elle, comme une femme, le fil de notre rêverie, mieux jalonné à ses couleurs les cheminements du désir » (page 2)
« Certains soirs du début de l’été, où les odeurs végétales, lourdes et sucrées, du Jardin des Plantes voyageaient jusqu’à nous à travers la rue, la proximité de ce nœud de vie si serré, et pourtant inaccessible, nous montait à la tête (…) » (page 6)
« Mais le sentiment persiste, plus fort que tout, que je n’ai rien à attendre d’elle (la ville d’Angers) : aussi coupant, aussi injuste que l’indifférence à une femme dont on s’assure, en une seconde, que rien d’elle jamais ne s’animera pour vous sous le regard. » (page 17)
« (…)le simple sentiment de la soudaine mollesse de l’air le réalise : la chaleur sensuelle d’un lit défait se répand et coule pour moi à travers les rues. » (page 27)
« (…) une dérive engourdie, frileuse, le long d’un vaste corps vivant dont on perçoit la respiration toute proche, mais qu’un sort malin empêche de rejoindre. » (page 43)
Gracq n’est pas Conche, c’est évident. Si le philosophe parle magnifiquement de l’amour, il rejette le désir. Cela n’est pas le cas de Julien Gracq, lisiblement.
mercredi 21 janvier 2009
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