mercredi 4 février 2009

Une vue de Rouen

Je poursuis ma lecture de Gracq. Je suis tombé sur un passage qui concerne la ville de Rouen, ma ville.

"A Rouen, où le fleuve tire une ligne de démarcation rigide entre le noyau de la cite et les dépendances de Sotteville, c'est plutôt d'une ségrégation qu'il s'agit : à la rive nord les beaux quartiers, à la rive sud les communs industriels, les entrepôts, les manutentions salissantes ou polluantes, les faubourgs usiniers. J'avais le sentiment très vif, pendant la guerre, quand je débarquais du car à son terminus au sud de la Seine, ou quand je reprenais dans la petite gare enfumée de la rive gauche, à Saint Sever, le curieux train de nuit pour Caen (...) de quitter ou de retrouver, en passant les ponts la zone que dessert dans un immeuble l'escalier de service."

Cette description reste vraie aujourd’hui, même si l’aménagement d’un tramway entre les deux rives a rendu cette ligne plus perméable. Cette limite est encore présente dans les esprits, je le vérifie tous les ans auprès de mes élèves.
La prochaine fois que je travaillerais sur l’espace urbain de Rouen, j’utiliserais ce passage de Gracq. Cela me rappellera le début de ma carrière, lorsque je faisais travailler des élèves sur l’utilisation de la géographie par les romanciers. J’avais d’ailleurs proposé Le rivage des Syrtes à des premières littéraires… Je ne doutais vraiment de rien, à l’époque !

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